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À La Une - Politique

L'influence des Gardiens de la Révolution appelée à grandir encore en Iran

Après la disparition de Rafsandjani, ils peuvent désormais jouer un rôle crucial dans le choix d'un successeur à Khamenei.

Le corps des Gardiens de la Révolution lors d'une parade de commémoration de l'anniversaire de la Guerre Iran-Irak. Photo d'archives/REUTERS

Les Gardiens de la Révolution semblent en passe de consolider leur pouvoir et d'orienter l'Iran vers une politique plus dure et plus isolationniste dans les années à venir, après la mort de l'ancien président Ali Akbar Hachémi Rafsandjani, qui, toujours influent, ne se privait pas de les contrer.

Ali Akbar Rafsandjani avait de longue date des rapports délicats avec les Gardiens de la Révolution, qui sont d'une part la force militaire la plus puissante du pays et qui, d'autre part, ont des intérêts dans l'économie du pays représentant des milliards d'euros.

Alors que l'élection présidentielle du mois de mai approche et que des interrogations se font jour sur l'état de santé du guide suprême de la Révolution islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, les analystes pensent que les Gardiens de la Révolution auront bientôt des occasions de renforcer leur emprise sur les différents leviers du pouvoir.

Rafsandjani, mort dimanche dernier à l'âge de 82 ans, s'en était pris au développement des intérêts économiques des Gardiens de la Révolution, qui vont du secteur des hydrocarbures à celui des télécommunications ou encore du bâtiment, mais aussi à leur rôle dans la répression des manifestations de 2009 ainsi que dans le programme de missiles sur lequel ils gardent la haute main.

 

(Lire aussi : En Iran, une foule impressionnante à l’enterrement de l’ex-président Rafsandjani)

 

Rafsandjani était l'une des figures de l'Assemblée des experts, qui a la charge d'élire le guide suprême. Tout en favorisant une ouverture avec l'Occident, aussi bien économique que politique, il servait, sur la scène politique Iranienne, d'intermédiaire respecté à même de tempérer l'influence des "durs" du régime.

Lors des cérémonies d'obsèques, cette semaine, certains hauts responsables des Gardiens ont salué à la télévision nationale la mémoire de Rafsandjani, compagnon de lutte de l'ayatollah Khomeini et l'un des piliers de la révolution de 1979, qui avait renversé le Shah.

En privé, estiment les analystes, bon nombre de ces responsables ne voient pas d'un mauvais oeil la disparition de l'un de leurs plus sérieux détracteurs. "Ils vont être très heureux", dit Ali Ansari, directeur de l'Institut des études Iraniennes à l'université St Andrews. "Ils versent des larmes de crocodiles".

Désormais, les Gardiens de la Révolution peuvent jouer un rôle crucial dans le choix d'un successeur à Ali Khamenei, en orientant les membres de l'Assemblée des experts vers un candidat mieux disposé envers eux, estiment les analystes.

 

(Lire aussi : Rafsandjani, le centriste aux rêves de rapprochement avec l’Occident)

 

Qui pour succéder à Khamenei ?
"Tous les candidats dont on nous parle pour remplacer Khamenei sont bien plus conservateurs et plus radicaux (que lui)", explique Mehdi Khalaji, ancien séminariste à Qom qui, aujourd'hui, travaille pour l'Institute for Near East Policy à Washington.

Le camp des durs se définit par une forte méfiance envers les Etats occidentaux et par une opposition inflexible à toute réforme politique, tandis que Rafsandjani avait grandement contribué à la victoire à la dernière présidentielle de Hassan Rohani, jugé plus modéré et pragmatique.

La question de la succession d'Ali Khamenei, qui a aujourd'hui 77 ans, s'est posée sérieusement pour la première fois en 2014 lorsqu'il avait effectué un séjour à l'hôpital.

La télévision nationale avait montré Khamenei, devenu guide suprême en 1989 à la mort de Khomeini, sur son lit d'hôpital, recevant une série de personnalités. Selon les analystes, de telles images étaient destinées à faire comprendre à l'opinion qu'un changement était inévitable au sommet du pays.

 

(Lire aussi : Pour les démocrates chiites, la disparition de Rafsandjani signe « la fin de la révolution islamique »)

 

En cas de décès d'Ali Khamenei, les 88 membres de l'Assemblée des experts doivent se réunir à huis clos pour dégager le candidat de leur choix, avant qu'un vote définitif ait lieu. Les Gardiens de la Révolution devraient jouer dans ce processus un rôle de taille, de l'avis des analystes. Pour Ali Ansari, "Ils sont absolument cruciaux".

L'influence des Gardiens de la Révolution dans le domaine économique, leur richesse et leur poids politique ont augmenté après l'accession à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad en 2005. Leur rôle a progressé depuis lors, au point que certains analystes pensent que le prochain guide suprême n'exercera pas le même pouvoir qu'Ali Khamenei.

Aucun favori évident n'émerge pour l'heure. L'un des candidats potentiels est l'ayatollah Mahmoud Hachémi Shahroudi, 68 ans, ancien chef de l'appareil judiciaire et actuel vice-président de l'Assemblée des experts. Il a les faveurs de Khamenei, selon les experts, et, fait crucial, il aurait le soutien des Gardiens.

Autre candidat possible, l'ayatollah Sadeq Amoli Larijani, 55 ans, qui est à la tête de l'appareil judiciaire. Est cité aussi le nom de Mohammad-Taqi Mesbah-Yazdi, qui s'oppose aux réformateurs depuis des années. Son âge, 82 ans, pourrait cependant jouer contre lui s'il entendait effectivement briguer le poste de Khamenei.

 

 

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commentaires (3)

La Russie reste droite dans ses bottes ; en dépit de l'annonce par le ministre turc des Affaires étrangères de l'invitation de Washington à la réunion d'Astana, Moscou a démenti cette information disant que l'Iran doit aussi mettre son sceau sur cette invitation. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, avait fait part ces derniers jours, pour la deuxième fois, de l'invitation des États-Unis à la réunion du 23 janvier à Astana. Vendredi soir, le porte-parole du département d'État américain a rejeté les déclarations du chef de la diplomatie turque, disant que Washington n'avait reçu aucune invitation. Une source russe a confié à Interfax que la Russie, l'Iran et la Turquie publieraient un communiqué commun sur leurs décisions d'inviter des pays aux négociations d'Astana. Le ministère iranien des Affaires étrangères ne s'est pas encore exprimé sur la présence ou l'absence des Américains aux pourparlers de paix sur la Syrie. Le ministre iranien de la Défense Hossein Dehqan a fait part de l'opposition de Téhéran à la présence de Riyad aux négociations d'Astana, il y a quelques jours.

FRIK-A-FRAK

14 h 09, le 15 janvier 2017

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Commentaires (3)

  • La Russie reste droite dans ses bottes ; en dépit de l'annonce par le ministre turc des Affaires étrangères de l'invitation de Washington à la réunion d'Astana, Moscou a démenti cette information disant que l'Iran doit aussi mettre son sceau sur cette invitation. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, avait fait part ces derniers jours, pour la deuxième fois, de l'invitation des États-Unis à la réunion du 23 janvier à Astana. Vendredi soir, le porte-parole du département d'État américain a rejeté les déclarations du chef de la diplomatie turque, disant que Washington n'avait reçu aucune invitation. Une source russe a confié à Interfax que la Russie, l'Iran et la Turquie publieraient un communiqué commun sur leurs décisions d'inviter des pays aux négociations d'Astana. Le ministère iranien des Affaires étrangères ne s'est pas encore exprimé sur la présence ou l'absence des Américains aux pourparlers de paix sur la Syrie. Le ministre iranien de la Défense Hossein Dehqan a fait part de l'opposition de Téhéran à la présence de Riyad aux négociations d'Astana, il y a quelques jours.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 09, le 15 janvier 2017

  • Nous avons les mêmes guignols robotisés, et ça veut construire une nation civilisée.....

    Christine KHALIL

    09 h 22, le 15 janvier 2017

  • ET L,OBSCURANTISME A S,APPROFONDIR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 01, le 15 janvier 2017

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