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Liban - Polémique

Rifi se déchaîne contre Machnouk et l’accuse d’agir pour « complaire au Hezbollah »

L'ancien ministre de la Justice fait assumer au ministre de l'Intérieur toute atteinte à sa sécurité personnelle.

Achraf Rifi entouré de ses supporters.

L'arrestation jeudi dernier par les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) d'un garde du corps de l'ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi, a provoqué un tollé durant le week-end à Tripoli et sur les réseaux sociaux, ainsi que la colère de l'ancien patron des FSI lui-même, qui a tiré à boulets rouges sur le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, estimant que la manœuvre tenait du règlement de comptes politique. La polémique a même atteint les limites de l'échange d'insultes entre les deux hommes à la suite de la publication hier d'un communiqué de la direction générale des FSI.
Omar Bahr, agent des FSI attaché à la sécurité de l'ancien ministre de la Justice, aurait « enfreint le règlement interne » du service de sécurité, selon le communiqué publié par la direction générale de ce service de renseignements, en réponse au tumulte qui n'a cessé de grandir sur les réseaux sociaux, depuis jeudi, après la mise aux arrêts du garde du corps de M. Rifi.

 

Le communiqué des FSI
Expliquant cette démarche, les FSI ont indiqué que M. Bahr avait « demandé un nouveau passeport en tant que civil ». « Il aurait été convoqué le 5 janvier 2017 pour un interrogatoire de routine pour savoir pourquoi il réclamait un nouveau document de voyage en tant que civil, alors que son vieux passeport est toujours valide », selon les FSI. Durant cet interrogatoire, ajoute le communiqué de la direction des FSI, M. Bahr aurait reconnu avoir fait cette demande parce qu'il avait quitté le pays en compagnie de M. Rifi sans obtenir de permission officielle. « Il aurait ainsi réclamé un nouveau passeport de peur d'être démasqué et de subir, ainsi, une sanction disciplinaire dure », note le communiqué des FSI.

 

Les griefs
Le communiqué énumère ensuite les griefs retenus à l'encontre de Omar Bahr, précisant que, durant l'interrogatoire, ce dernier aurait reconnu agir pour le compte de M. Rifi, en appelant les partisans de l'ancien ministre à prendre part à des meetings oratoires, « notamment des repris de justice, sans crainte d'être inquiétés ». Il coordonnerait également, toujours selon le communiqué, avec les chefs de commissariats du Nord « afin de résoudre des problèmes avec les partisans du ministre, notamment pour empêcher leur arrestation », suite aux lacérations ou à l'incinération de portraits de l'ancien Premier ministre Nagib Mikati et d'autres personnalités politiques à Tripoli, comme le député Samir Jisr par exemple, ou pour recel de drogue. Il aurait également « incité plusieurs personnes à déclarer aux médias que la direction des services de renseignements des FSI dans le Nord et son chef recevraient leurs ordres d'une partie politique ». Il posséderait enfin une page Facebook sous un nom d'emprunt qui ferait de la propagande en faveur de l'ancien ministre de la Justice.

Autant de raisons, pour la direction des FSI, de considérer que ce que fait l'agent « constitue une violation flagrante des directives et des lois militaires », le tout « à la demande du ministre Rifi lui-même et suivant ses orientations ». « La direction s'étonne de cette campagne organisée émanant de l'ancien directeur général des FSI, qui s'est toujours vanté de ses exploits durant sa mission, concernant son attachement à l'application du code militaire (...). Il est plus que quiconque au courant de la gravité de ce que Omar Bahr a fait, au niveau de son atteinte à la discipline militaire et l'institution à laquelle il appartient », souligne le communiqué, rejetant la thèse du règlement de comptes politique.

 

(Lire aussi : Rifi aux étudiants de Sciences Po (USJ) : Je suis un homme de principes, pas de compromis)

 

La réponse de Rifi
Achraf Rifi n'a pas tardé à répondre au communiqué des FSI, ou plutôt selon lui « à celui qui a enjoint à la direction de publier ce communiqué », dans une allusion implicite au ministre de l'Intérieur. « Omar Bahr n'a jamais voyagé avec moi », a indiqué M. Rifi, affirmant qu'il comptait faire une demande officielle à la Sûreté générale pour qu'elle rende publics les documents relatifs aux passeports de son garde du corps. De plus, a affirmé M. Rifi, la mission de M. Bahr a pris fin au sein des FSI, et ce dernier attend depuis trois mois que la direction des FSI le décharge de ses fonctions, requête qui n'a pas été acceptée jusqu'à présent, « en dépit du fait que j'ai contacté plusieurs fois le général Basbous à ce sujet ». « Je comprends maintenant pourquoi cet atermoiement s'est produit », a-t-il dit, accusant implicitement le ministre de l'Intérieur d'avoir empêché le départ à la retraite du garde du corps pour exploiter cette situation contre lui. L'ancien ministre de la Justice a par ailleurs démenti les « aveux » imputés à M. Bahr, en se demandant par ailleurs pourquoi ces mêmes milieux accusateurs occultent « les agents de sécurité qui participent à des meetings politiques, notamment ceux du Hezbollah, sans aucun permis de leur directoire ».

 

L'attaque contre Machnouk
Et l'ancien ministre de lancer une attaque frontale contre M. Machnouk. « Nous mettons au défi celui qui donne les directives vindicatives aux FSI et qui a tout vendu pour complaire au mini-État des armes, qui s'est assis avec Wafic Safa dans le cadre d'une réunion sécuritaire officielle au sein d'un ministère régalien, qui a occulté le dossier de l'assassinat de Hachem Salmane... Nous le mettons au défi de se contempler dans le miroir. S'il n'a pas honte, c'est le miroir qui aura honte », a-t-il souligné.
Devant ses partisans à Tripoli, M. Rifi a noté que la décision d'arrêter son garde du corps n'a pas été prise par la direction des FSI, mais par le ministre de l'Intérieur lui-même « qui veut jouer le jeu du Hezbollah ». « C'est à Tripoli qu'ils viennent montrer leur force pour faire plaisir au Hezbollah », a-t-il noté. S'adressant nommément à M. Machnouk, il a dit : « Ton comportement est suspect, tu es le symbole de la corruption et tu es l'agent par excellence du Hezbollah. »
« Je tiens à ma ligne politique et je continuerai à lutter contre le projet iranien au Liban. Le pays nous appartient. Nous le gouvernerons à la façon arabe. Il n'y a pas de place pour les Perses au Liban », a-t-il aussi lancé.
Devant des groupes de sympathisants venus lui exprimer leur soutien, l'ancien ministre de la Justice s'en est pris directement au ministre de l'Intérieur, lui faisant assumer la responsabilité de toute atteinte à sa propre sécurité. Certains « me menacent de m'ôter toute protection sécuritaire, mais cela ne m'effraie pas », a-t-il dit.

 

(Pour mémoire : Rifi lance une initiative de dernière minute pour une réforme du système carcéral)

 

Une menace
Priées d'apporter des éclaircissements à ces propos, des sources proches d'Achraf Rifi précisent à L'Orient-Le Jour que « le ministère de l'Intérieur a demandé à M. Rifi de remettre les voitures qui étaient assignées à sa propre sécurité aux autorités concernées. Il s'agit de deux voitures blindées. Peut-être, plus tard, lui sera-t-il demandé de réduire aussi le nombre de ses gardes du corps ».
« Tous les hommes politiques libanais savent que, quand M. Rifi était directeur général des FSI, il n'a jamais refusé d'assigner des gardes du corps supplémentaires aux personnalités qui étaient en danger », ajoutent ces sources. « Il y a des officiers qui prennent part à des meetings du Hezbollah et personne ne prend des mesures à leur encontre. Omar Bahr a rempli son devoir de garde du corps de l'ancien ministre de la Justice, comme le font tous les gardes du corps assignés à la protection d'une personnalité politique », poursuivent-elles avant de souligner : « Achraf Rifi ne cédera pas. Il restera fidèle à ses principes. Il luttera toujours contre le Hezbollah. Les pressions exercées actuellement contre lui ne le feront pas fléchir. »
En soirée, Nouhad Machnouk devait répondre sur Twitter à M. Rifi, sans le nommer, par un hadith du Coran, l'accusant de duperie, de tromperie, de mensonge et de frivolité.

 

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commentaires (4)

Et voilà encore un mode de vie à la défaitiste , ils se rentrent dedans , se fâchent entre eux et accusent les "autres" . Comme font les américains en accusant Poutine d'avoir gâché leur zouaverie électorale ...

FRIK-A-FRAK

14 h 39, le 09 janvier 2017

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Commentaires (4)

  • Et voilà encore un mode de vie à la défaitiste , ils se rentrent dedans , se fâchent entre eux et accusent les "autres" . Comme font les américains en accusant Poutine d'avoir gâché leur zouaverie électorale ...

    FRIK-A-FRAK

    14 h 39, le 09 janvier 2017

  • Dans un pays normal, avec un Président normal, une armée normale sans une milice anormale, lorsqu'un agent des FSI a eu un comportement anormal, on le convoque devant un Conseil de discipline, on ne le met pas directement en prison sans jugement.

    Un Libanais

    12 h 26, le 09 janvier 2017

  • SILENCE COMPLET ...OÙ SONT LES QUOI DISANT QUI SE DÉCLARENT PATRIOTE ? NI GEMAYEL NI GEAGEA CHACUN POUR SOI. PERSONNE S'EST LEVÉ POUR DÉFENDRE RIFI ! INCROYABLE TOUT LE POUVOIR EST ENTRE LES MAINS DES MERCENAIRES. RIFI EN DANGER.

    Gebran Eid

    11 h 53, le 09 janvier 2017

  • Quelle élégance de laver ainsi son " linge sale" devant toute la République... Nous aimerions tellement lire des nouvelles positives et constructives pour notre pays ! Mais cela, avec les "responsables" actuels...est impossible ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 10, le 09 janvier 2017

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