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Pitié pour les bulles

Un peu partout, c'est sur des brassées de promesses plus ou moins crédibles que s'achève 2016. C'est bien peu et c'est beaucoup à la fois. Car tout autour de nous, et jusque dans la lointaine Amérique, les choses se (re)mettent à bouger, sans que l'on sache encore toutefois si ce subit remue-ménage annonce, ou non, par exemple, la fin du calvaire qu'endure, depuis des années, la Syrie.


À peine proclamé, un cessez-le-feu préludant à l'ouverture de pourparlers de paix et parrainé par la Russie et la Turquie (l'Iran faisant figure de partenaire silencieux) montrait déjà, hier, des signes de fragilité. Apparemment écartés du marché sont l'Arabie saoudite et le Qatar. Encore plus remarquée est l'absence des États-Unis qui applaudissent néanmoins au projet, dans le même temps qu'ils expulsent des diplomates russes par fournées de trois douzaines !


Alors, totalement désengagée de Syrie et même du Moyen-Orient, l'Amérique ? Pas tout à fait. À quelques semaines de la fin de son mandat, le peu aventureux Barack Obama vient de faire preuve d'une tardive, et néanmoins surprenante, audace en autorisant le vote, par le Conseil de sécurité des Nations unies, d'une résolution condamnant la colonisation israélienne des territoires palestiniens occupés. Cette retentissante première, Donald Trump, en dépit de ses sympathies israéliennes, ne sera pas en mesure de l'effacer des annales onusiennes. Malgré ses tentations isolationnistes, malgré son admiration pour Poutine, le même Trump pourra-t-il, par ailleurs, se désintéresser totalement de ce qui a tout l'air d'un partage des zones d'influence entre la Russie et les deux poids lourds sunnite et chiite de la région : tout cela prenant forme à un jet de pierre des gigantesques réserves pétrolières arabes ?


Au milieu de ces bouleversements géostratégiques, plus frustes paraissent nos attentes, nous Libanais, même si les citoyens, tant de fois échaudés dans le passé, ont appris à se méfier de l'eau froide. C'est avec circonspection ainsi qu'ils accueillent la promesse d'une nouvelle loi électorale qui, comme par miracle, produirait une juste et équitable représentation nationale, capable de rasséréner les diverses familles spirituelles du pays. Et c'est avec un franc scepticisme, cette fois, qu'ils entendent les responsables s'engager à remettre en service ces pseudo-services publics qui, en réalité, ne servent pas à grand-chose : ou encore à venir à bout d'une corruption proprement tentaculaire.


Et pourtant, c'est sur une note relativement positive qu'il nous faut bien aborder 2017. Au terme d'une longue crise, le pays vient de se doter, coup sur coup, d'un nouveau président et d'un nouveau gouvernement. C'est toujours cela de pris sur l'étouffant statu quo, le marasme, le pourrissement, la lente déliquescence de l'État. Immobilisme n'a jamais été synonyme de stabilité. Encore faut-il qu'à l'heure du rituel des vœux, les espérances des Libanais dépassent tout de même en longévité les bulles de champagne qui pétilleront ce soir pour saluer l'an nouveau.

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Un peu partout, c'est sur des brassées de promesses plus ou moins crédibles que s'achève 2016. C'est bien peu et c'est beaucoup à la fois. Car tout autour de nous, et jusque dans la lointaine Amérique, les choses se (re)mettent à bouger, sans que l'on sache encore toutefois si ce subit remue-ménage annonce, ou non, par exemple, la fin du calvaire qu'endure, depuis des années, la...