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Liban - Universités

Se souvenir de l’histoire de l’AUB à travers ses vieux bâtiments

À l'occasion de la célébration du 150e anniversaire de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), « L'Orient-Le Jour » publie une série d'articles sur l'apport et l'importance de cette institution au Liban. Aujourd'hui, voici quelques-uns des plus anciens bâtiments de l'université.

Vue panoramique du College Hall construit en 1871.

L'aventure a commencé en 1866, avec l'instauration à Beyrouth du Collège protestant syrien devenu plus tard l'Université américaine de Beyrouth (AUB). Aujourd'hui, le campus de l'AUB s'étend sur une superficie de 215 000 mètres carrés, bénéficie d'un accès à la mer et présente un jardin botanique avec des arbres répertoriés. Le campus compte des dizaines de bâtiments, dont certains sont emblématiques, aussi bien pour ceux qui ont fréquenté l'université que pour tous les Beyrouthins et Libanais.

« Le fondateur de l'université, Daniel Bliss, a voulu aménager des lieux pour tout le monde pour que l'institution soit un lieu d'enseignement ouvert à son environnement. C'est ainsi qu'est né le concept du campus de l'AUB, qui s'est agrandi petit à petit », souligne à L'Orient-Le Jour Kaoukab Chbaro, responsable des archives et des collections spéciales à la bibliothèque de l'AUB.

Sur le site web de l'université, on peut lire une citation de Daniel Bliss qui veut que ce collège qui vient de voir le jour soit ouvert à tous les hommes et les femmes appartenant à toutes les races, les nationalités et les religions. « Qu'ils soient blancs, noirs ou jaunes, chrétiens, musulmans, juifs ou athées, tous devraient profiter des avantages qu'offre cet espace pour deux, trois, quatre ou huit ans de leur vie », peut-on lire.
« L'architecture des lieux et ensuite les rues qui ont vu le jour à Beyrouth et qui portent le nom de personnes ayant enseigné ou fréquenté l'AUB sont une preuve de l'interaction entre l'Université américaine et son environnement », note Mme Chbaro dans ce cadre.

L'idée de l'importance de ce lieu – sanctuaire des connaissances et ouvert sur la collectivité – se traduit sur le plan architectural notamment à travers deux bâtiments de l'université, le College Hall et le Main Gate.
Construit comme sur un promontoire au milieu du terrain acquis pour les fondateurs de l'Université américaine, le College Hall a été le premier bâtiment à être édifié. Entamé en 1871, cet immeuble construit grâce à des fonds collectés aux États-Unis – comme de nombreux autres bâtiments de l'université – a été inauguré en 1873 et ce sont les étudiants eux-mêmes qui ont accroché la cloche à la tour de l'édifice en 1874.

L'enceinte qui devait séparer l'AUB de la ville tout en gardant l'espace ouvert et accueillant aux habitants de Beyrouth est sans conteste le Main Gate. Ce bâtiment, achevé en 1901, donne directement sur l'esplanade menant au College Hall. Il ne présente pas uniquement un portail mais aussi un espace construit qui a abrité des bureaux, dont celui du président et du trésorier de l'université. Le Main Gate a été conçu par l'architecte new-yorkais Edward Pierce Casey, qui avait à son actif la librairie du Congrès américain à Washington.

 

(Lire aussi : La faculté de génie de l’AUB a des idées nouvelles pour le Liban et le monde)

 

Les séismes du... tramway
Les fondateurs de l'université ont pensé en s'installant à Beyrouth pourvoir la région du Levant d'outils et de moyens nouveaux. C'est dans cette optique que le Lee Observatory a été construit. Premier observatoire du Liban, le bâtiment a été financé par un marchand britannique nommé Henry Lee, et cela à la demande d'un pionnier de l'AUB, le Pr Cornelius Van Dyck, qui aimait entre autres observer les étoiles et dont une rue de Ras Beyrouth porte le nom. Le bâtiment construit face à la mer était doté d'un toit ouvrant.

C'est ici que l'on enregistrait les précipitations des pluies dans la capitale libanaise, qu'on informait Dar el-Fatwa du mouvement de la Lune pour prévoir notamment le ramadan et le Fitr. Et c'est ici aussi qu'on mesurait l'activité sismique à Beyrouth... jusqu'à la construction du tramway en 1901, époque où l'aiguille de la machine oscillait comme lors d'un tremblement de terre à chaque passage d'une rame. Plusieurs méthodes ont été essayées pour la stabiliser. En vain.

La construction d'une chapelle était importante pour ces premiers arrivants protestants, mais tolérants et ouverts à toutes les communautés et qui avait pour but comme d'autres missions étrangères au Liban de donner accès à la connaissance aux habitants des villes où ils s'installaient. Au Collège protestant syrien devenu AUB plus tard, les cours étaient donnés en arabe, une langue que les missionnaires maîtrisaient.

La chapelle donc, connue sous le nom d'Assembly Hall, a été construite en 1891 et pourvue d'un orgue qui a été remplacé en 1972 par un instrument fabriqué par l'une des plus importantes firmes danoises, Marcussen et fils. Aujourd'hui, l'Assembly Hall est un lieu de rencontres, une salle de conférences et de concerts d'une capacité de 724 personnes.

Mais l'AUB ne sera pas l'AUB sans son West Hall, un bâtiment construit en 1914 et dédié aux activités des étudiants: salles de sports, lieux de rencontre et de réunion. Achevé avec le début de la Première Guerre mondiale, le bâtiment a joué un rôle important dans la vie des étudiants étrangers, venant des pays alliés mais qui avaient été déclarés personae non gratae par l'Empire ottoman. Ces étudiants avaient passé de longs mois sans sortir du campus, et dans plusieurs textes, qui sont aujourd'hui consignés dans les archives de l'université, ils reconnaissent que c'est grâce aux activités du West Hall qu'ils ont tenu le coup.
Par son architecture, l'AUB, vue du ciel ou de la corniche de Beyrouth avec ses vieux bâtiments, ses tours et ses immenses espaces verts, est comme un phare ou une oasis, une sorte de valeur sûre, au beau milieu d'une ville en pleine mutation.

 

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Bliss, Graham et les autres

Plus d'une cinquantaine de rues de Ras-Beyrouth, quartier de la capitale qui abrite l'Université américaine, portent le nom de personnes qui ont marqué cette institution, soit en y enseignant, soit en y étudiant et en volant de leurs propres ailes plus tard.

L'une des plus importantes est la rue Bliss, qui abrite l'entrée principale de l'université. Cette artère a porté jusqu'en 1920 le nom de Medhat Pacha. C'est avec le décès au cours de cette même année de Howard Bliss, qui était le président de l'université et le fils du fondateur Daniel Bliss, que le président du conseil municipal de Beyrouth, Omar Daouk, a décidé de rebaptiser la rue et de lui donner le nom des deux présidents de l'AUB.

La station Graham et les escaliers, portant le même nom et reliant la corniche au cœur de la ville, portent le nom d'un médecin et enseignant de l'AUB. La rumeur dit que le Dr Graham donnait une piastre de pourboire au chauffeur du tramway pour que ce dernier s'arrête uniquement pour lui et non à une station déterminée. La station Graham en tant qu'arrêt de tramway n'a donc jamais officiellement existé. Les escaliers qui portent son nom ne sont que le chemin que le Dr Graham empruntait pour arriver devant le chemin du tram.
La rue Van Dyck porte le nom d'un professeur canadien orientaliste. Les archives racontent qu'il se promenait à Beyrouth au XIXe siècle avec le vêtement traditionnel libanais.

Les rues de Beyrouth portent le nom d'autres enseignants étrangers appartenant à l'AUB et de beaucoup de Libanais dont le nom est attaché à l'université. Citons les rues Jamil Hourani, Jabre Doumit, Constantin Zreik, Hassan Idriss, Mansour Jerdaa, Nicolas Rbeiz, Kamal Salibi, Moustapha Khalidi, Gebrayel Sleiman Jabbour, Anis et Gergès Makdessi, Philippe Hitti, Émile Boustany et Wadad Kortas.

 

 

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