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Liban - Décryptage

Une nouvelle loi électorale pour consolider la stabilité...

Alors que le Liban entre de plain-pied dans ce qu'on appelle « la trêve des confiseurs », pour le gouvernement, le congé des fêtes de fin d'année s'annonce studieux. Aussi bien le Premier ministre Saad Hariri que le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, ou encore le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah ont expliqué que la priorité politique à l'heure actuelle est l'adoption d'un nouveau projet de loi électorale qui sera ensuite soumis au vote du Parlement. Dans des déclarations successives, M. Bassil a même expliqué qu'il faudrait que ce projet assure une meilleure représentativité, elle-même réalisée par le mode de scrutin proportionnel, non pas parce que c'est dans l'intérêt de telle ou telle autre partie, mais parce que c'est la clé de la stabilité politique.

Dans un environnement régional en pleine tourmente, le Liban a en effet plus que jamais besoin de consolider sa stabilité interne, que d'ailleurs tous ses voisins lui envient. À l'heure actuelle, cette stabilité est en partie due au fameux « parapluie international » qui veut maintenir la sécurité au Liban pour éviter un afflux des déplacés syriens vers l'Europe. Mais sur le moyen et le long terme, ce parapluie peut montrer ses limites, alors que le million et demi de déplacés syriens présents sur le sol libanais peuvent devenir deux millions et plus. En l'absence d'un système politique stable et rassembleur, qui n'exclut aucune faction ni aucune couche populaire, réduisant ainsi les tensions confessionnelles et économiques, le tissu social restera fragile à la merci de toutes les secousses surtout confessionnelles, qui peuvent s'amplifier avec la présence des réfugiés palestiniens et celle des millions de déplacés syriens.

 

(Lire aussi : Le Hezbollah fait preuve de souplesse en interne pour mieux renforcer son emprise à l’extérieur)

 

Selon une source officielle, le Liban doit se mettre en tête que les déplacés syriens sont là pour quelques années au moins. À supposer que la guerre en Syrie se termine bientôt, une grande partie d'entre eux ne pourra pas rentrer au pays en raison de l'ampleur des destructions et du temps que prendra la reconstruction. De plus, rien ne dit que les déplacés seront bien accueillis par le pouvoir en place, le régime syrien ne souhaitant probablement pas récupérer certains d'entre eux. Des négociations devraient se mettre en place pour assurer le retour de tous. Mais elles peuvent être longues et ardues, sachant que la communauté internationale est décidée à ne pas jeter du lest face à Bachar el-Assad.

De plus, selon des études statistiques effectuées par des centres de recherche internationaux, une partie des déplacés dans un pays en crise ne revient pas chez elle. On l'estime entre 15 et 30 %. Ce qui, appliqué au Liban, signifiera que près de 500 000 déplacés syriens resteraient ici, mettant en danger le fragile équilibre confessionnel libanais. Pour toutes ces raisons, le Liban doit faire preuve d'une grande vigilance et d'autant de clairvoyance dans la gestion des dossiers actuels. Le plus important d'entre eux reste la nouvelle loi électorale qui devrait donner naissance à travers les législatives prévues en principe au printemps 2017 à la classe politique qui tiendra les commandes du pays pour les quatre prochaines années.

C'est parce qu'il connaît bien le dossier des déplacés syriens et les menaces qu'ils représentent tant pour la stabilité sécuritaire que sociale du pays, que le ministre Bassil a insisté sur l'importance d'adopter une nouvelle loi électorale qui assurerait la meilleure représentativité populaire possible. Bien avant d'accueillir deux millions de déplacés, le Liban a connu régulièrement de graves crises politiques et même sécuritaires. Il ne peut donc absolument pas se permettre d'ignorer la gravité de cette échéance dans le contexte actuel.

 

(Lire aussi : La peau dure, l'éditorial de Issa GORAIEB)

 

Selon des sources parlementaires, la plupart des parties politiques sont désormais convaincues de la nécessité d'adopter une nouvelle loi électorale dans laquelle est introduit, même partiellement, le mode de scrutin proportionnel. Mais les divergences demeurent sur la taille et le nombre des circonscriptions, ainsi que sur la proportion accordée à chaque mode de scrutin. Gebran Bassil a réclamé des critères clairs et unifiés. Cela peut paraître banal, mais au Liban, depuis Taëf en tout cas, les lois électorales ont été façonnées à la mesure de certains leaders et selon leurs stricts intérêts.

Ceux-ci sont-ils prêts à risquer de perdre une partie de leurs députés pour des raisons nationales ? Telle est la question qui se pose aujourd'hui et qui plane sur les négociations en vue de l'adoption d'une nouvelle loi électorale. Les sources parlementaires précitées précisent dans ce contexte qu'après la dernière déclaration du Premier ministre Saad Hariri sur le fait qu'il n'est pas opposé au mode de scrutin proportionnel, il ne reste plus que le chef druze Walid Joumblatt qui refuse ouvertement d'en entendre parler. Mais même si M. Joumblatt a perdu ces derniers temps le rôle-clé qu'il jouait dans la vie politique en faisant pencher la balance d'un côté ou de l'autre, il continue de bénéficier du soutien du président de la Chambre qui essaiera de trouver une formule dans laquelle il ne se sentirait pas lésé.

Tout le défi que représente l'adoption d'une nouvelle loi électorale se joue donc entre l'exigence de critères unifiés et les intérêts de Walid Joumblatt et des autres parties qui ne disent pas franchement ce qu'elles veulent. Le vrai problème, c'est que la classe politique actuelle souhaite au fond reproduire le même paysage politique à travers les prochaines législatives, alors que la nouvelle situation interne particulièrement complexe ne supporte plus un discours confessionnel extrémiste d'où qu'il vienne. Le sursaut national espéré est-il possible ? Après l'élection présidentielle et la formation du gouvernement, l'espoir est permis.

 

 

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