Rechercher
Rechercher

Liban - Tribune

Arrêtez les conflits et revenez au développement au P-O

La FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) a été créée depuis quelque soixante-dix ans pour améliorer la sécurité alimentaire et les niveaux de nutrition après la guerre la plus destructrice de l'histoire de l'humanité ; une guerre qui a laissé des dizaines de millions de morts et qui a déclenché d'énormes déplacements et des flux de réfugiés. Cette guerre n'a épargné presque aucun pays de l'insécurité alimentaire, la famine et la sous-alimentation.

Cette semaine, je visite le Liban, un pays qui m'est très cher. Ma visite au Liban nous rappelle une fois de plus que la guerre et les conflits sont les pires ennemis de la sécurité alimentaire. Les rapports de la FAO, et d'autres organisations aussi, ont décrit, et parfois de façon détaillée assez horrible, le processus cruel poussant les conflits à détruire la vie et les moyens de subsistance des populations de la région, tout en perturbant la production agricole, augmentant les prix des denrées alimentaires, ravivant les craintes et l'insécurité, et déclenchant des déplacements à grande échelle et des flux alarmants de réfugiés.
Le Liban, un petit pays qui a lui-même souffert des malheurs de la guerre et du conflit interne, a courageusement et généreusement accueilli plus de 1,5 million de réfugiés syriens. Pour mettre cela en perspective, c'est le tiers de la population du pays, l'équivalent proportionnel de l'Union européenne accueillant plus de 170 millions de personnes. L'afflux sans précédent de réfugiés a exercé une pression extraordinaire sur l'infrastructure économique et sociale du Liban, sa sécurité alimentaire et sa cohésion sociale.
Les conflits en Syrie et en Irak ont de même sévèrement perturbé le réseau de commerce interrégional qui avait précédemment prospéré ; ces conflits ont entraîné d'énormes pertes de richesse et de possibilités économiques dans la sous-région.
La FAO a rempli et remplira toujours son rôle pour soutenir les pays affectés par la crise syrienne, dans le cadre des initiatives conjointes des Nations unies telles que le plan d'action sur la résilience des réfugiés. Mais nous savons que ces réponses ne suffisent pas. Le nombre de personnes sous-alimentées et souffrant d'insécurité alimentaire dans la région est toujours à la hausse.
Les conflits et les crises qui se dégagent ne posent pas seulement un danger vis-à-vis de la sécurité alimentaire et de la nutrition en ce moment ; ils risquent de dérouter des ressources précieuses et détourner l'attention politique des défis fondamentaux tels que la rareté croissante des ressources en eau dans la région, le changement climatique et le chômage des jeunes.
Il est essentiel, même au milieu de toute cette turbulence, de nous concentrer sur des priorités concrètes, notamment en favorisant la résilience, en encourageant la conversion vers une agriculture durable et en créant de solides ancres pour une sécurité alimentaire pour tous.
Au début de cette année, la conférence régionale de la FAO au Proche-Orient et en Afrique du Nord, organisée à Rome, a permis de débattre et d'échanger des discussions sur les différents défis de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans la région, y compris ceux liés au changement climatique et aux conflits.
Les pays membres se sont mis d'accord pour remédier aux problèmes et trouver des solutions, et sur l'importance de la collaboration régionale.
Le plan d'action de la FAO, qui a débuté en 2016 et continuera tout au long de l'année 2017, se concentre sur les communautés héroïques qui accueillent des millions de Syriens qui ont fui leur pays. Nous travaillons pour renforcer la résilience des moyens de subsistance locaux et individuels, des ménages et des communautés, et systèmes agricoles, en mettant l'accent sur le soutien des petites productions locales et productions animales, des pratiques agricoles durables et l'utilisation des ressources naturelles, des opportunités de travail durables et le renforcement des compétences des acteurs de la société civile, des coopératives et des associations agricoles. L'objectif est d'aider à absorber les impacts de la crise actuelle en Syrie et à permettre une adaptation durable et à long terme aux défis futurs.
Comme cela a été prouvé maintes fois, on ne peut jouir de sécurité alimentaire sans paix, ni de paix et stabilité durables sans résoudre le problème de la sécurité alimentaire et de la sous-alimentation de manière durable et équitable. Seule une action conjointe et collective peut mettre fin aux conflits dans la région. Cela vise à favoriser l'adoption d'un agenda de développement durable partagé et à empêcher les crises prolongées de prendre des racines encore plus profondes qui requerront des décennies à surmonter.
Je suis totalement convaincu que cette région, qui est l'un des lieux de naissance de la civilisation humaine, peut – comme dans le passé – surmonter tous les malheurs auxquels nous faisons face aujourd'hui.

* José Graziano Da Silva
est le directeur de la FAO.

La FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) a été créée depuis quelque soixante-dix ans pour améliorer la sécurité alimentaire et les niveaux de nutrition après la guerre la plus destructrice de l'histoire de l'humanité ; une guerre qui a laissé des dizaines de millions de morts et qui a déclenché d'énormes déplacements et des flux de réfugiés....

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut