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Économie - Finance

Le développement des « fintech », un défi pour la lutte antiblanchiment

L’agence de renseignements financiers Tracfin porte une attention particulière au transfert d’espèces par téléphone mobile. Archives AFP

L'essor des nouvelles technologies financières, comme le paiement par mobile ou les monnaies virtuelles, inquiète le service de renseignements Tracfin, qui met en garde contre la multiplication des risques « en termes de blanchiment de capitaux » et de « financement du terrorisme. »
Prestataires de services de paiement, plates-formes de cagnottes en ligne, systèmes de transfert de fonds... « L'éclosion des fintech (nouvelles technologies dans le domaine de la finance, NDLR) ouvre de vastes horizons et pose dans le même temps des défis importants en matière de réglementation et de lutte contre la cyberfraude », souligne l'agence dans un rapport publié jeudi. En cause, selon cet organe chargé de lutter contre le blanchiment d'argent, la fraude fiscale et le financement du terrorisme : la nature même de ces nouveaux services, créés pour faciliter la relation au client et contourner les lourdeurs réglementaires imposées aux acteurs traditionnels. Cette volonté, bien que louable, « peut être source de risques nouveaux », estime Tracfin, qui rappelle que les cas de cyberfraudes se multiplient, les « prédateurs ayant intégré que l'espace numérique offre le meilleur rapport entre le gain escompté et le risque pénal ».
Ces dernières années, plusieurs dispositions réglementaires ont pourtant été prises, tant au niveau français qu'européen, pour mieux encadrer ces nouveaux instruments.

Capacité à « s'adapter »
Mais des failles persistent, en raison notamment de leur caractère complexe et transnational. Michel Sapin, ministre français de l'Économie et des Finances, a insisté sur la capacité de certains acteurs à « s'adapter » pour échapper aux contrôles. « Nous ne devons plus courir après les nouvelles techniques », mais y intégrer « dès maintenant des obligations de transparence », a-t-il insisté, ajoutant que « les nouvelles technologies étaient utiles ». « Elles facilitent la vie des gens. Mais il faut qu'elles soient sûres », a-t-il ajouté.
Au cœur des préoccupations : les prestataires de services de paiement, qui permettent aux sites marchands d'accepter des règlements en ligne. « Aujourd'hui, il y en a 400 qui interviennent en France. Mais seuls 35 sont agréés », rappelle Bruno Dalles, directeur de Tracfin. Le « passeport européen » permet en effet aux établissements agréés dans un pays membre de proposer leurs services dans toute l'UE. Or les statuts qui encadrent ces activités « ne sont par harmonisés » au niveau européen, souligne Tracfin.
Autre source d'inquiétude : les sites de crowdfunding. Un secteur en pleine expansion, les fonds collectés en France ayant été multipliés par deux entre 2014 et 2015, pour atteindre près de 300 millions d'euros (322 millions de dollars). « Ces plates-formes peuvent être utilisées pour financer des activités en lien avec le terrorisme », assure M. Dalles, qui cite des appels aux dons aux titres « évocateurs », comme Aidez nos sœurs en Syrie, ou Facilitez le retour de nos frères.
L'agence de renseignements financiers porte par ailleurs une attention particulière au transfert d'espèces par téléphone mobile, système très développé en Afrique, et qui a fait son apparition en France. Ce service, qui permet de retirer de l'argent liquide dans des points de vente à l'aide de codes échangés par SMS, « présente les risques les plus importants en matière de blanchiment », écrit Tracfin, qui appelle à mieux associer les opérateurs télécoms à cette problématique.
Le plus petit des services de renseignements français, avec 120 agents, contre 5 000 pour la DGSE, s'inquiète enfin de l'essor des monnaies virtuelles, comme le Bitcoin, qui ne dépendent d'aucun institut d'émission et n'ont pas de statut juridique. Ces monnaies servent « de passerelle entre l'économie légale et l'économie souterraine » et favorisent « le contournement des règles », met en garde l'agence, qui juge « nécessaire de clarifier au niveau européen » leur statut juridique.

Valentin BONTEMPS/AFP

L'essor des nouvelles technologies financières, comme le paiement par mobile ou les monnaies virtuelles, inquiète le service de renseignements Tracfin, qui met en garde contre la multiplication des risques « en termes de blanchiment de capitaux » et de « financement du terrorisme. »Prestataires de services de paiement, plates-formes de cagnottes en ligne, systèmes de transfert de...

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