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L'extradition vers la Russie de l'opposant Kazakh Abliazov annulée par le Conseil d'État français

Moukhtar Abliazov, un opposant kazakh incarcéré depuis trois ans et demi en France, va recouvrer la liberté, la plus haute autorité administrative française ayant annulé vendredi un décret d'extradition vers la Russie qui le visait.
Le Conseil d'État a estimé que "l'extradition vers la Russie de M. Abliazov a été demandée dans un but politique" et ne pouvait donc pas légalement être accordée.

Arrêté en juillet 2013 sur la Côte d'Azur, M. Abliazov, 53 ans, est accusé par le Kazakhstan, la Russie et l'Ukraine d'avoir détourné des milliards de dollars en tant qu'ancien patron de la banque kazakhe BTA, qui a déposé plusieurs plaintes contre lui.
"M. Abliazov est un opposant au régime politique du Kazakhstan et s'est vu reconnaître la qualité de réfugié politique à l'égard de ce pays par les autorités britanniques", a rappelé le Conseil d'État.

Pour les magistrats, "la procédure d'extradition a fait l'objet d'une concertation réitérée entre les autorités russes et kazakhes au cours de l'instruction".
Après cette décision, Moukhtar Abliazov, actuellement détenu en région parisienne, devrait être rapidement remis en liberté.
Dans le passé, le Conseil d'État n'avait annulé une demande d'extradition pour cette raison qu'à une seule reprise, pour le cas d'un opposant politique espagnol réclamé par le gouvernement de Franco.
"C'est une décision qui défend fermement les principes de droit français, les principes de droit européen", s'est félicité auprès de l'AFP l'un des avocats d'Abliazov, Me Jean-Pierre Mignard.

Pour l'avocat, "c'est un coup d'arrêt majeur que vient de donner le Conseil d'État à la coopération judiciaire entre la France et la Russie qui s'est mise hors de la CEDH", la Cour européenne des droits de l'Homme.

La banque BTA a exprimé sa "stupéfaction" après l'annonce de la décision estimant que le Conseil d'État français "a choisi de ne pas autoriser M. Abliazov à répondre de ses actes criminels devant la justice russe".
"Cette décision rend difficile les poursuites à son encontre mais renforce notre détermination à récupérer les milliards dérobés par lui et ses complices", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Les défenseurs de M. Abliazov craignaient que la Russie ne le livre au régime du président Noursoultan Nazarbaïev. Un avis partagé par les Nations unies qui, par la voix de leur rapporteur spécial sur la torture, Nils Melzer, avait appelé Paris mercredi à "s'abstenir d'extrader un individu vers un pays où il y a des motifs sérieux de croire qu'il risque d'être soumis à la torture".

Plusieurs associations, dont Amnesty international et l'Acat (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), avaient également argué qu'un renvoi dans son pays exposerait M. Abliazov "à des risques importants de violations de ses droits".

Moukhtar Abliazov, un opposant kazakh incarcéré depuis trois ans et demi en France, va recouvrer la liberté, la plus haute autorité administrative française ayant annulé vendredi un décret d'extradition vers la Russie qui le visait.Le Conseil d'État a estimé que "l'extradition vers la Russie de M. Abliazov a été demandée dans un but politique" et ne pouvait donc pas légalement être...