L'attente de la formation du cabinet chancelle entre un optimisme mesuré, notamment du côté du Hezbollah et de Amal, et une quasi-certitude, du côté des Forces libanaises (FL) surtout, qu'un nouveau cabinet naîtra « dans les prochains jours », selon des milieux de ce parti.
Les milieux politiques semblent ainsi divisés entre deux rhétoriques.
La première consiste à afficher une volonté de délier les dernières entraves au processus et à inviter les autres parties à faire de même. Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Mohammad Raad, a ainsi déclaré hier que « les nœuds persistants relatifs aux quote-parts et aux portefeuilles sont aptes à se délier, tant que tous renoncent à leurs intérêts particuliers, en faveur de l'intérêt national. Sinon, la formation du cabinet pourrait se prolonger longtemps ».
La seconde rhétorique, entretenue par les milieux des FL, renvoie la balle dans le camp du Hezbollah et parie sur le discours prévu demain du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, lequel pourrait dissiper les entraves à la formation du cabinet. Ces milieux se fondent sur la teneur de la rencontre hier, au palais présidentiel, entre le chef de l'État, le général Michel Aoun, et le président des FL, Samir Geagea. Cet entretien a été axé sur « la loi électorale, le gouvernement et sur un volet de coordination stratégique dont les contours se révéleront dans les prochains jours », rapportent les milieux FL. Le seul élément concret qu'ils rapportent est le pari du président Aoun sur le Hezbollah pour débloquer la formation du cabinet. Il y aurait « des efforts en cours, menés par le Hezbollah, pour lever les entraves à la formation du cabinet et le président est très optimiste quant à leur aboutissement », relatent ces milieux à L'Orient-Le Jour.
Effectivement, le discours de Hassan Nasrallah, prévu demain, devrait évoquer le dossier de la formation du cabinet (en plus d'un volet relatif à Alep et la « victoire du Hezbollah », et un autre sur la loi électorale). Et il serait attendu que le leader du parti apporte des éléments à même de faciliter la formation du cabinet, comme le confirment à L'OLJ des sources concordantes. « L'on peut s'attendre à une sorte de laisser-faire de sa part », ajoute l'une d'elles.
(Lire aussi : En attendant Hassan Nasrallah...)
Déjà, d'anciens sujets de litige semblent désormais dépassés, comme le lien que certaines parties avaient établi entre le nouveau cabinet et l'élaboration d'une nouvelle loi électorale. Ainsi, l'on ne parle plus d'une entente sur la loi électorale comme préalable à la formation du cabinet, ni de la mission du futur cabinet de discuter de la nouvelle loi, même au risque de se substituer au Parlement. « L'examen de la nouvelle loi se fera à l'hémicycle, et la corrélation entre la formation du nouveau cabinet et la loi électorale n'est défendue par aucune partie », assure une source parlementaire centriste. Comprendre que le cabinet doit prendre forme éventuellement indépendamment du débat sur la loi électorale.
Il n'empêche que certains nœuds persistent. « Des questions sans lien avec le débat autour des portefeuilles et encore moins autour du portefeuille des Marada », aurait d'ailleurs confié le président de la Chambre, Nabih Berry, hier à ses visiteurs.
La première de ces « questions » latentes à résoudre pour former le cabinet : celle de l'équilibre entre l'alliance Hezbollah et Courant patriotique libre (CPL), d'une part, et l'alliance CPL-FL, de l'autre.
Dans ce contexte, M. Berry s'est ainsi montré « très positif » hier à l'égard de « récentes positions politiques », précisément celle du bloc aouniste, rapportent ses visiteurs. Parmi les éléments les plus louables du discours de Gebran Bassil, aux yeux du camp Berry-Hezbollah, serait son refus d'orienter le débat vers une confrontation chiite-maronite. Cet abandon de la rhétorique des partenariats intracommunautaires forts ferait suite à ce qui aurait été convenu entre le Hezbollah et Baabda à la lumière de l'entretien Bassil-Safa : le Hezbollah accepterait la cohabitation avec l'accord de Meerab, tant que celui-ci ne brouille pas l'alliance stratégique de Mar Mikhaël, comme l'avaient confirmé en début de semaine à L'OLJ des milieux des FL. Il n'est pas sûr néanmoins que cet équilibre soit suffisant pour le Hezbollah. Une source informée de la teneur des échanges Aoun-Geagea hier à Baabda relate en effet « les efforts actuels du chef de l'État d'assouplir les rapports entre les FL et le Hezbollah ». Il aurait ainsi posé la question à Samir Geagea de savoir « pourquoi un homme sage (comme lui) augmente la dose vis-à-vis du Hezbollah ». Ce à quoi son interlocuteur aurait rétorqué : « Ce sont eux qui mettent veto après veto contre moi. Le problème est chez eux. »
(Lire aussi : Entre le discours de Bassil et celui de Nasrallah, retour aux constantes nationales)
En plus que d'être incité, semble-t-il, à faire primer l'accord de Mar Mikhaël sur tout autre accord, le président de la République a dû gérer hier plus d'une situation plus ou moins « embarrassante », selon les termes d'une source indépendante, à commencer par la tournée du grand mufti de Syrie, le cheikh Ahmad Badreddine Hassoun, à Baabda et à Bkerké.
La résurgence de l'élément syrien est chronique depuis l'élection de Michel Aoun. Son effet, cette fois, serait de forcer l'inclusion de partis prosyriens au sein du cabinet. Un retour à la formule d'un cabinet de trente (préconisée hier par Mohammad Raad) serait d'ailleurs probable, comme le confirme à L'OLJ une source indépendante.
L'on s'attardera enfin sur une autre tactique du tandem Amal-Hezbollah qui consiste tantôt à souligner leurs divergences mutuelles, tantôt à faire front commun. Une tactique dont l'un des objectifs est d'entraver toute alliance potentielle entre le chef de l'État et le Premier ministre. Ainsi, alors que le chef de l'État parierait sur le Hezbollah pour mettre en marche le cabinet, le président de la Chambre s'en serait remis au Premier ministre, selon ses visiteurs. Et c'est à la Maison du Centre, et non au palais présidentiel, que le député Sleiman Frangié s'est rendu hier en soirée. Il a annoncé avoir demandé un portefeuille important au chef du courant du Futur, « qui s'est montré compréhensif et nous l'en remercions ». Et de conclure sur un nouvel espoir d'une naissance du cabinet « avant les fêtes ».
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commentaires (7)
je voudrais savoir quel victoire les parties de la soi disante resistance auraient eu si le mastodonte RUSSE n'avait pas emboiter le pas et rentrer en guerre en syrie en septembre 2015 !?!?! car avant cela on etait pas aveugle et on voyait bien le regime assad perdre de plus en plus .... donc le sauveur est bien le russe
Bery tus
17 h 10, le 08 décembre 2016