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Culture - Concert

Toufic Farroukh au Music Hall : les instruments de l’avent

Pour le lancement de son nouvel album, « Villes invisibles », le saxophoniste Toufic Farroukh et son groupe ont investi le Music Hall hier soir.

Toufic Farroukh a composé de nombreuses bandes originales et des musiques pour spectacles de danse. Photos Marwan Assaf

« À quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde? » Cette citation de Cioran colle parfaitement au concert donné hier soir par Toufic Farroukh. D'abord, parce qu'il joue de 2 saxophones, donc deux mondes, et aussi parce qu'il présentait son nouvel album intitulé Villes invisibles, qui peuplent donc l'autre monde découvert hier.

Le Music Hall avait revêtu ses habits de Noël pour accueillir Toufic Farroukh, c'est-à-dire encore plus de dorures et de rouge, augmenté d'une chaleur bienvenue pour faire face aux premiers frimas de l'hiver. Et le Music Hall est l'écrin parfait pour ce type de performance, l'acoustique y est excellent, la vision parfaite et la clientèle appropriée.
Ce concert était le fruit d'une double actualité : le lancement du nouvel album mais aussi la clôture du festival du court-métrage arabe, organisé par Nadi lekol el- Nas.

Farroukh, en dehors de son activité de musicien de jazz, a composé de nombreuses bandes originales et des musiques pour spectacles de danse. Terra Incognito en 2004 (présent au Festival de Cannes), Falafel en 2006, ou encore A Ladder to Damascus en 2014 sont ses bandes originales les plus importantes.
Le sextet accueillait pour la première fois un accordéoniste, Charles Kieny, qui épousait parfaitement les morceaux interprétés. Signe supplémentaire, comme s'il était encore nécessaire, de la double culture de Farroukh, l'instrument populaire typiquement français faisait face au oud de Ahmad el-Khatib, instrument typiquement populaire arabe. Le reste du groupe, une batterie, un piano et une contrebasse, communiquait tout en douceur et maîtrise.

Le saxophone est l'instrument emblématique du jazz, il est celui qui représente le mieux ce style musical et qui lui donne son image sérieuse, sombre et intellectuelle. Or, les morceaux du nouvel album, bien que respectant à la lettre les règles du jazz live, sont assez joyeux. Les solos s'insèrent dans des titres de durée moyenne, faciles d'accès, et presque dansants. L'influence de Stan Getz est peut-être l'explication ici. Mais les influences habituelles de Farroukh sont toujours présentes, la tradition libanaise du oud, avec un très beau solo par ailleurs, et la mélancolie de l'accordéon.

Ce sixième album (le dernier était Cinéma Beyrouth en 2012) marque un tournant dans sa discographie, peut-être plus commercial, avec un saxophone qui est, étonnamment, moins présent, pour laisser aux autres instruments une place plus importante et un style plus riche et moins traditionnel.
Toufic Farroukh, toujours prêt comme les scouts dont il a fait partie, est un artiste qui a touché à tout, de la pop et du rock au tout début de sa carrière, il a aussi été un des pionniers du jazz à Beyrouth quand la scène n'existait pas, et après avoir beaucoup travaillé avec les Rahbani, il livre ici une œuvre différente, que ses fans ont eu l'air de bien apprécier.

 

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