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Économie - Liban - Construction

Saudi Oger trouve preneur pour ses parts dans Arab Bank

Un consortium d'investisseurs arabes devrait racheter au groupe de Saad Hariri, en grande difficulté financière, ses actifs dans la banque jordanienne Arab Bank pour 1,12 milliard de dollars.

Le siège d’Arab Bank à Amman, Jordanie, en 2014. Khalil Mazraawi/AFP

Une nouvelle éclaircie pour Saudi Oger ? Alors que le géant du BTP détenu par le Premier ministre libanais Saad Hariri cherche depuis des mois à céder certains actifs pour honorer des créances arrivant à échéance, il aurait trouvé preneur pour les 20 % du capital qu'il détient – via Oger Middle East Holding – dans la banque jordanienne Arab Bank. Un groupe d'hommes d'affaires jordaniens, saoudiens et d'autres nationalités du Golfe va en effet acheter d'ici à la mi-janvier cette participation dans l'une des plus grandes banques privées arabes.

L'information a été confirmée hier lors d'une interview avec la chaîne al-Arabiya par Ghassan Akeel, directeur général pour le Golfe et l'Arabie saoudite chez le groupe saoudien Astra. Selon lui, le président du conseil d'administration de l'Arab Bank et fondateur d'Astra, Sabih el-Masri, est à la tête de ce consortium. D'origine palestinienne, l'homme d'affaires détient la double nationalité jordanienne et saoudienne.

« Nous avons une exclusivité pour 45 jours, et, si Dieu le veut, tout sera terminé d'ici au 15 janvier », a déclaré Ghassan Akeel à al-Arabiya. Le consortium va payer 6,25 dinars (8,82 dollars) par part, portant la transaction à 1,12 milliard de dollars. Hier, les parts de la Arab Bank valaient 6,09 dinars chacune.
La déclaration de Ghassan Akeel corrobore des informations publiées lundi par l'agence. Plusieurs sources bancaires lui avaient indiqué qu'un consortium, avec à sa tête Sabih el-Masri, avait placé une offre d'achat de la part de Saudi Oger dans la Arab Bank, après que le groupe Alhokair eut retiré son offre de 1,1 milliard de dollars. Selon des informations publiées par Bloomberg mi-novembre, un accord préliminaire avait été conclu entre Saudi Oger et le groupe saoudien spécialisé dans le commerce de détail et l'immobilier.

Mardi, un communiqué de la Bourse d'Amman confirmait l'intention de Sabih el-Masri de racheter la part de Saudi Oger dans Arab Bank, aux côtés d'investisseurs jordaniens et arabes. Citant des sources jordaniennes, Reuters expliquait le même jour qu'il n'y avait pas eu de surenchères entre le consortium et Alhokair.
Cette dernière n'a pas expliqué son retrait, mais les autorités jordaniennes, qui considèrent que l'Arab Bank est un pilier de l'économie du pays, étaient contre l'idée qu'un investisseur non jordanien devienne l'actionnaire le plus important. Il y a près d'une décennie, elles avaient également tenté d'empêcher des entreprises détenues par la famille Hariri de contrôler la majorité de parts d'Arab Bank, indique Reuters. La valeur des actifs de la banque, qui gère 600 branches sur 5 continents, s'élève à 46 milliards de dollars.

 

(Pour mémoire : La crise sociale s’accentue à Saudi Oger)

 

Des milliards de dette
Cette vente intervient alors que Saudi Oger est endettée à hauteur de 15 milliards de riyals (3,9 milliards de dollars) auprès de banques, qui s'ajoutent aux milliards de riyals qu'elle doit à ses employés, fournisseurs et sous-traitants. En vendant sa part dans Arab Bank, Saudi Oger pourra notamment couvrir un prêt de 1,03 milliard de dollars contracté auprès de banques régionales et internationales qu'elle devra rembourser en février. Lundi, l'agence Bloomberg révélait que la banque saoudienne Samba avait rejeté la proposition de moratoire sur la dette contractée auprès d'elle par Saudi Oger et décidé de poursuivre l'entreprise en justice. Une décision qui met fin aux négociations entre Saudi Oger et toutes ses banques créditrices, estimait l'agence.

Des négociations rendues nécessaires après l'échec, qui aurait eu lieu cet été selon des informations publiées début septembre par Reuters, entre l'entreprise et le royaume wahhabite, et qui avaient pour but de sauver l'ancien géant du BTP de la faillite.
Depuis, le groupe de BTP a envisagé plusieurs cessions d'actifs pour renflouer ses caisses. En octobre, Bloomberg rapportait que la famille Hariri cherche à vendre sa part (55 %) dans Turk Telecomunikasyon AS, la plus grande compagnie téléphonique turque. Le mois précédent, cette dernière n'avait pas été en mesure de payer un acompte de 290 millions de dollars d'un prêt s'élevant au total à 4,75 milliards de dollars. Début septembre, Bloomberg indiquait que Saudi Oger était en négociations avec le turc TAV Airports concernant la vente de 16,7 % de ses parts dans l'aéroport de Médine.

L'ampleur de la dette de Saudi Oger s'explique en grande partie par les retards de paiement de la part du gouvernement saoudien, son principal client, qui souffre de la forte baisse des revenus pétroliers depuis deux ans. Selon Reuters, Riyad lui doit 30 milliards de riyals (8 milliards de dollars) pour travaux déjà exécutés. Conséquence, l'entreprise n'est plus en mesure de payer ses dizaines de milliers d'employés depuis plus d'un an. Le mois dernier, le gouvernement saoudien a pourtant annoncé qu'il réglerait toutes ses dettes envers les entreprises privées, dont Saudi Oger, d'ici à fin décembre. Une enveloppe de 100 milliards de riyals (26,7 milliards de dollars) a été débloquée à cet effet.

 

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