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Nos Lecteurs ont la Parole - Yasmine AKLE

À Feyrouz...

Revient à mes souvenirs ce jour de novembre quand disparut Sabah, et partout sur les réseaux sociaux circulait un bouquet de fleurs blanches, portant une désignation : « Ton soleil ne disparaîtra pas. » Signé Feyrouz. Capté dans sa simplicité, se voulait-il être discret comme celle qui l'a envoyé et qu'on ne voit plus, qu'on n'entend plus. Elle dans son coin, jadis derrière les coulisses, faisant son apparition comme un lys penché, timide sous les lumières, s'indignant d'une voix pourtant fière, sait-elle combien elle fut importante ?
Sait-elle comment, aux jours de prière, aux matins blancs, aux frontières blasées, aux crépuscules creux, elle réunissait les pieux, les ouvriers, les combattants et les amoureux sous un même soleil d'espérance ? Derrière sa voix unanime se dressait un temple de silence, de larmes non versées, d'amours inavouées, de secrets pendus. À cette voix encore s'accrochent, vaincus par trop de lutte, lasses comme l'errant au réveil qui ne retrouve pas sa cahute, les prisonniers, les exilés, les mères endeuillées.
On a appris à l'aimer avec nos premières lettres, ses chants puérils berçaient notre enfance comme des contes de fées, marraine de nos premières amours, de nos rêves innocents de liberté, elle a caressé notre imagination par des révolutions, des conquêtes, adouci nos défaites et nos pertes, avec elle un pays a dû être, avec elle un pays s'est éteint.
Feyrouz malgré toi ?
Comme ton Liban qui n'a jamais existé, ce pays que je ne connais pas, que par le feu de ma grand-mère, une image sans cesse nécessaire, qui remue à tout coup des plaies encore ouvertes.
Une idole martyre réunit nos sanglots.
Ton regard de statue antique, placide, comme ces souvenirs qu'il ne faut qu'on remue.
Ton cœur parle-t-il à ces humides brumes qui nagent dans tes yeux ?
Entends-tu ta voix portant la gravité de toutes nos voix chères qui se sont tues ?
Reviendras-tu soigner une plaie, bercer un rêve, sauver un idéal, ou te tairas-tu comme ces portraits accrochés, au coin des foyers, près des feux qui palpitent, brûlant comme la nostalgie, là ou crépitent nos deuils recueillis ?
Ce jour de novembre, je suis encore menée à te dire je t'aime Feyrouz, comme j'ai appris à aimer l'amour, douce colombe triste d'un charme d'antan, je suis venue pour vivre le réveil d'un pays, et non son déclin. Reviens.

Yasmine AKLE

Revient à mes souvenirs ce jour de novembre quand disparut Sabah, et partout sur les réseaux sociaux circulait un bouquet de fleurs blanches, portant une désignation : « Ton soleil ne disparaîtra pas. » Signé Feyrouz. Capté dans sa simplicité, se voulait-il être discret comme celle qui l'a envoyé et qu'on ne voit plus, qu'on n'entend plus. Elle dans son coin, jadis derrière les...

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"Sa narjaoou yawman ila hayyina" (Nous reviendrons un jour à notre quartier) de Fayrouz a fait pleurer des millions d'émigrés de par le monde. Fayrouz restera l'ambassadrice du Liban jusqu'à la fin des temps. Chahine Bouez - Paris.

Un Libanais

16 h 07, le 07 décembre 2016

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Commentaires (1)

  • "Sa narjaoou yawman ila hayyina" (Nous reviendrons un jour à notre quartier) de Fayrouz a fait pleurer des millions d'émigrés de par le monde. Fayrouz restera l'ambassadrice du Liban jusqu'à la fin des temps. Chahine Bouez - Paris.

    Un Libanais

    16 h 07, le 07 décembre 2016

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