Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Abdel Hamid EL-AHDAB

De Hitler à Mussolini, Poutine, Sissi, Trump et Fillon, l’histoire se répète

Donald Trump et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi le 9 septembre à New York. Dominick Reuter/AFP

L'histoire, si elle se répète, le fait sous une forme grave la première fois, mais sous la forme d'une mascarade la deuxième fois !
Tous les indices montrent qu'elle n'a pas manqué de se répéter : la première fois avec Hitler et Mussolini il y a près de soixante-quinze ans, et, aujourd'hui, avec Poutine, puis le Brexit, puis Trump, puis Fillon ou Le Pen.
Trump a choisi de défendre Poutine lors de l'élection présidentielle américaine et Fillon a fait de même lors de la primaire de la droite française. Nul, en France, n'a été offusqué de ce choix honteux, alors même qu'Alep est noyée dans un bain de sang. La France, qui est pourtant le pays de la Révolution et de la Déclaration des droits de l'homme, a, au contraire, désavoué Hollande, le pourfendeur de Poutine, et l'a rendu plus impopulaire que jamais. Qu'est-il donc advenu de la démocratie française ? La question est posée à Fillon : qu'en aurait dit de Gaulle ?
Mais qui est François Fillon ? Dans les semaines qui ont suivi le carnage de Nice en juillet dernier et qui a vu la mort de 86 personnes et fait des centaines de blessés, Fillon a écrit, sous le titre « Vaincre le totalitarisme islamique », lors de la présentation de cet ouvrage en octobre dernier sur le site d'information de la droite Atlantico : « Nous (à savoir l'Occident) ne sommes pas confrontés à une menace ponctuelle, passagère, mais à un mouvement puissant visant à prendre le contrôle d'une grande partie du monde avec des méthodes et idéologie totalitaires, voire une tentation génocidaire à l'encontre des chrétiens d'Orient et des juifs qu'ils veulent expulser d'Israël. »
La Grande-Bretagne s'est retirée de l'Europe, laissant cette dernière subir seule Poutine et finir par accéder à ses désirs, comme jadis Chamberlain à Munich.
Au temps de Hitler, Mussolini et Staline, les démocraties étaient faibles. Le Premier ministre britannique était allé mendier à Hitler un accord de paix et de sécurité, sur papier, comme il se doit. Hitler lui avait donné le papier demandé, comme Poutine qui donne aujourd'hui des promesses luisantes à Trump, Fillon, Le Pen et Sissi ! Mais Hitler, deux mois à peine après la signature, a envahi la Pologne et entamé sa guerre contre l'Europe !
Lorsque Chamberlain est revenu avec cet accord et a affirmé que ce bout de papier assurera la paix et la sécurité dans le monde, Winston Churchill lui avait dit : « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre... »
Et c'est ce qui advint.
On avait alors accusé les juifs d'être à l'origine des malheurs de l'humanité. On leur a substitué à présent les musulmans alors que ces derniers sont les premières victimes de Daech et des takfiristes, d'autant plus que Poutine, qui provoque l'admiration de l'Occident, n'a fait tirer aucune balle sur Raqqa et Daech. Tous les bombardements de ses avions ont eu pour cible l'opposition modérée qui réclame la liberté à Alep. Mais telle est l'histoire !
Nous sommes entrés à présent dans la phase de la mascarade historique. L'Amérique avait été le pays qui avait apporté la liberté et la démocratie en Europe. L'élection de Trump dans ce même pays ne peut qu'exprimer beaucoup de choses qui contredisent ce passé, les plus importantes étant celles-ci :
1. Le monde s'achemine vers une instabilité inquiétante du fait de la rupture, par l'Amérique, de ses attaches et alliances européennes, japonaises et coréennes.
2. Les élections présidentielles américaines avaient toujours une portée économique et sociale sur le plan interne. Elles sont, à présent, de portée également mondiale.
3. La liberté ne peut exister sans la morale et la morale ne peut s'imposer sans la foi. Cette fois-ci, l'Amérique a rompu avec la morale et la foi. La vie politique n'y inspire plus le respect et a perdu tout crédit avec l'apparition des réseaux sociaux. Le discours politique dominant se détériore de jour en jour. Il est devenu populiste et ne porte que sur les intérêts étroits, ce qui a abouti à un affrontement entre la société américaine très mélangée, d'une part, et l'État et sa légitimité, d'autre part. Cette société complexe, dont l'élite a été renversée, commence à contester la légitimité de l'État traditionnel par ce même populisme qui est répandu en Afrique et dans les pays arabes. C'est ce même affrontement qui, en Allemagne et en Italie, avait présidé à la prise du pouvoir par Hitler et Mussolini.
4. L'élection de Trump préfigure la chute de l'élite politique. Comme si, dans un hôpital, tous les malades avaient perdu confiance en leurs médecins et refusé leurs soins. Mais l'élite politique a été la seule à tomber. Les élites sportives, celles du cinéma, celles des artistes ont gardé leur aura, leur légitimité et les fortunes qu'elles ont amassées. C'est ce qui s'est exactement passé du temps de Hitler et Mussolini.
5. L'idée de l'unité du peuple, et même l'idée de « peuple », sont tombées et ont été réduites à néant. Le populisme a pris la place et ce qui était identifié comme peuple est devenu des peuples : en Amérique la race blanche a battu aux élections la race noire et les latinos. Elle l'a proclamé sans complexe et avec impudence. L'élection de Trump, le Blanc, a procédé d'une revanche contre l'élection d'Obama, le Noir. La société multiculturelle a sombré et, avec elle, la « coexistence », ce qui avait été exactement le cas sous Hitler et Mussolini.
6. La théorie qui donne le pouvoir de gouverner à la majorité est tombée. Le courant représenté par Trump répète à présent que les votants aux élections ne représentent pas plus de 30 % des électeurs et la majorité de cette minorité représente 16 % de ces derniers, ce qui signifie que le peuple américain est gouverné par une minorité représentant 16 % des électeurs qui ne représentent pas, eux-mêmes, la totalité de ce peuple. La démocratie est, dès lors, une gouvernance exercée par une minorité et c'est ce qui a fait que la politique est devenue de plus en plus irrationnelle, car guidée par les sentiments et non la pensée, comme au temps de Hitler et Mussolini !
7. La peur a gagné l'élément blanc européen et américain face à l'afflux des migrants, ces hommes qui ont une culture et des notions en contradiction avec leur propre culture, leur propre civilisation et leurs propres principes de vie. La peur des migrants a aussi créé la peur d'être dominé sur ses propre terres.
À présent, Poutine est le pôle d'attraction. Les dictatures l'appuient et lui prêtent allégeance : Erdogan, Sissi et... les démocraties sont, elles, admiratives et cherchent à lui plaire parce qu'il défait les takfiristes (sic). Trump l'a choisi et lui a choisi Fillon. L'histoire est-elle en train de se répéter ? L'histoire fait trois pas en avant, puis un pas en arrière, puis elle reprend sa route en avant. Nous traversons, semble-t-il, la phase du pas en arrière effectué par l'histoire.

Abdel Hamid EL-AHDAB
Avocat

L'histoire, si elle se répète, le fait sous une forme grave la première fois, mais sous la forme d'une mascarade la deuxième fois !Tous les indices montrent qu'elle n'a pas manqué de se répéter : la première fois avec Hitler et Mussolini il y a près de soixante-quinze ans, et, aujourd'hui, avec Poutine, puis le Brexit, puis Trump, puis Fillon ou Le Pen.Trump a choisi de défendre...

commentaires (5)

Qu'aurait dit De Gaulle ? Le Général n'aurait jamais accepté que le dictateur Bachar el-Assad mette la main sur le Liban, l'enfant chéri de la France, et ce, depuis 1975 jusqu'à 2005. Le Générai n'aurait pas dit que le dictateur Bachar el-Assad est le protecteur des chrétiens d'Orient. Le Général n'aurait pas accepté de ne pas réagir à l'assassinat en 1981 de l'Ambassadeur de France au Liban, Louis Delamare devant la porte du Palis des Pins. Le Général n'aurait pas accepté de plier bagages devant l'attentat du Drakkar le 23 octobre 1983 où 58 parachutistes français avaient péri. Merci Abde'l-Hamid el-Ahdab.

Un Libanais

19 h 38, le 08 décembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Qu'aurait dit De Gaulle ? Le Général n'aurait jamais accepté que le dictateur Bachar el-Assad mette la main sur le Liban, l'enfant chéri de la France, et ce, depuis 1975 jusqu'à 2005. Le Générai n'aurait pas dit que le dictateur Bachar el-Assad est le protecteur des chrétiens d'Orient. Le Général n'aurait pas accepté de ne pas réagir à l'assassinat en 1981 de l'Ambassadeur de France au Liban, Louis Delamare devant la porte du Palis des Pins. Le Général n'aurait pas accepté de plier bagages devant l'attentat du Drakkar le 23 octobre 1983 où 58 parachutistes français avaient péri. Merci Abde'l-Hamid el-Ahdab.

    Un Libanais

    19 h 38, le 08 décembre 2016

  • De cet article très intéressant de Abdel Hamid El Ahdab je retiens surtout les premières lignes du paragraphe 7 et je cite: "La peur a gagné l'élément blanc européen et américain face à l’afflux des migrants ...".Là je voudrais faire une remarque qui s'impose, en disant à ces éléments: "Vous l’avez bien voulu". En effet l’afflux des migrants ces dernières années est motivé soit par les guerres, soit par la pauvreté. Or toutes le deux, et surtout la seconde, sont dues au fait que les puissances colonisatrices en Afrique et ailleurs ont non seulement pille les ressources de leurs colonies, ils ont appris aux peuples la corruption plutôt que de les instruire et de leur inculquer des principes de gouvernance modèle. A présent ils récoltent ce qu’ils ont semé: les migrations dues au pillage des ressources de ces pays par les ex et les nouveaux colonisateurs. La solution, à mon avis, ne réside ni dans les quotas, ni dans la construction de murs. La solution serait de "rééduquer ces peuples et leur apprendre à revigorer leurs économies délabrées". Autrement gare a de nouveaux attentas tels que ceux de "Paris, Bruxelles, ou Londres".

    George Sabat

    23 h 30, le 07 décembre 2016

  • ET LEURS DESTIN AVEC DAWRET EL DOULEB TOUT AUSSI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 00, le 07 décembre 2016

  • Ce titre est absolument scandaleux ! Je m’étonne que « l’Orient-le Jour » ait accepté de publier cette diatribe de M. Abdel Hamid El Ahdab contre François Fillon, accusé de complaisance envers Bachar el Assad et Vladimir Poutine, et établissant un parallèle entre sa volonté de mettre fin à l’ostracisme visant la Russie et la capitulation de M.M. Chamberlain et Daladier face à Hitler à Munich. En outre, M. El Ahdab semble reprocher à François Fillion son souci du sort des chrétiens d’Orient et sa volonté de combattre le totalitarisme islamiste (dont il convient que les musulmans sont aussi les victimes). Et, dans un déni total de la réalité, il qualifie les jihadistes combattant à Alep « d’opposition modérée qui réclame la liberté ! » Je ne m’attarderai pas sur d’autres propos contestables où il déplore la volonté prêtée à Donald Trump de poursuivre la politique de Barak Obama de désengagement relatif par rapport au Moyen-Orient, alors que les Etats-Unis sont en grande partie responsables du chaos actuel.

    Tabet Ibrahim

    09 h 32, le 07 décembre 2016

  • Si l'histoire devait se répèter, alors elle le fera sous forme de bégaiement. Qui vous a dit que Le nazisme était mort ? Il a changé de visage c'est tout , alors vous auriez dû parler de toute l'équipe qui se relaie en Palestine chretienne et sunnite usurpée , depuis 48. Vous n'avez pas osé, tant pis pour l'Histoire qui continuera à être têtue.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 26, le 07 décembre 2016

Retour en haut