L'armée syrienne et ses alliés ont pris mardi cinq nouveaux quartiers à Alep-Est et contrôlent désormais plus de 70% de cette zone tenue pendant quatre ans par les rebelles submergés par la puissance de feu du régime.
Alors que les forces progouvernementales avancent inexorablement dans la partie orientale d'Alep, principal front du conflit, Moscou et Washington s'accusent mutuellement de bloquer toute tentative pour mettre fin aux violences qui ont fait des centaines de morts et poussé quelque 50.000 habitants à la fuite.
Trois semaines après le début de leur offensive dévastatrice pour reconquérir la totalité de la ville septentrionale d'Alep, les troupes prorégime, appuyées au sol par des combattants venus d'Iran et du Liban et par l'armée de l'air, ont réussi à s'emparer d'une dizaine de quartiers rebelles ces derniers jours.
Mardi, elles ont repris l'important quartier de Chaar, ainsi que ceux de Dahret Awwad, Jouret Awwad, Karm al-Jabal et Karm al-Beik, tous situés dans la partie centrale d'Alep-Est, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Chaar est "le quartier résidentiel le plus important au cœur d'Alep-Est" et avec sa perte, "les rebelles sont acculés dans la partie sud et le régime peut accentuer la guerre d'usure" contre eux, a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
L'agence officielle syrienne Sana a rapporté, elle aussi, la prise de Chaar et d'autres secteurs.
Dépassés par le déluge de feu du régime qui progresse à coups de raids aériens, de barils d'explosifs et de tirs d'obus incessants, les insurgés sont en mauvaise posture et désormais cantonnés dans le secteur méridional d'Alep-Est, avec des milliers de familles prises au piège.
Principale alliée du régime de Bachar el-Assad auquel elle fournit un soutien militaire, la Russie a annoncé des discussions cette semaine avec les Etats-Unis pour envisager l'évacuation des milliers de rebelles d'Alep-Est.
Mais la tenue d'une telle réunion, qui était censée se tenir à Genève, a été annulée en raison de divergences entre les deux puissances.
(Lire aussi : Bana Al-Abed, une fillette qui "tweete" d'Alep, forcée de fuir à l'approche de l'armée)
Dispute américano-russe
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a affirmé que Washington était à l'origine de l'annulation et accusé les Etats-Unis de refuser un "dialogue" sérieux, en particulier concernant le sort des rebelles syriens, afin de leur permettre de "gagner du temps". Ce à quoi son homologue américain John Kerry, dont le pays soutient les opposants à M. Assad, a opposé un démenti. "Je ne suis pas au courant du moindre refus précis ou de ce qu'est ce nouveau plan" pour Alep.
Des pourparlers à un niveau technique entre les deux puissances se tiennent depuis des mois dans la ville suisse. MM. Kerry et Lavrov s'étaient entretenus vendredi dernier à Rome et se seraient mis d'accord pour une rencontre russo-américaine à Genève, précisément sur un cessez-le-feu et une évacuation des rebelles à Alep.
La diplomatie américaine n'a jamais confirmé cette réunion mais lundi, John Kerry a évoqué une nouvelle entrevue avec Sergueï Lavrov mercredi ou jeudi à Hambourg, en marge des réunions de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).
La Russie a mis lundi son veto à une résolution demandant une trêve d'au moins sept jours à Alep. C'est la sixième fois que Moscou bloque une résolution du Conseil sur la Syrie depuis le début du conflit en mars 2011.
Fort de sa fulgurante progression, le régime syrien a exclu tout cessez-le-feu à Alep-Est "ne prévoyant pas la sortie de tous les terroristes" de la ville.
(Lire aussi : À Alep-Est : « Croyez-moi, hier, j'ai compris ce que c'est que l'enfer »)
"Alep, c'est une honte"
"Alep, c'est une honte" pour la communauté internationale, a lancé la chancelière allemande Angela Merkel, en déplorant l'absence d'accord sur des couloirs humanitaires pour les civils.
Un départ des rebelles représenterait la plus grande victoire du régime dans le conflit, qui a fait plus de 300.000 morts depuis mars 2011. Les insurgés, eux, ne garderaient plus le contrôle que de la province d'Idleb (nord-ouest), voisine de celle d'Alep, et de quelques poches près de Damas et dans le sud du pays.
Le nombre de rebelles tués depuis le début de la dernière offensive du régime le 15 novembre est inconnu. Mais au moins 341 civils ont été tués, dont 44 enfants, tandis que plus de 50.000 des 250.000 habitants d'Alep-Est ont fui, selon l'OSDH. En outre, 81 personnes, dont 31 enfants, ont péri côté gouvernemental d'Alep après des tirs rebelles.
Des bombardements, notamment de l'aviation russe, et des combats se poursuivent aussi dans la province d'Idleb où plus d'une centaine de civils ont été tués depuis samedi, a précisé l'OSDH.
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commentaires (5)
Tout Ca est tragique, à un niveau que le monde n'avait pas connu à ce jour... Dans l'histoire, on a connu de nombreux sièges, soutenus par les assiégés jusqu'à un point de rupture avec à la clé une reddition...souvent suivie de massacres d'insurgés...mais avec un minimum de sauvegarde de la population innocente... Qu'est ce qui empêche la reddition des insurgés d'Alep est...inévitablement conscients d'être dans une situation sans issue? Les "appuis étrangers"? Une idéologie "kamikaze"?... Un martyre récompense richement dans l'Autre Monde La crainte de se voir massacres, malgre leur reddition? Il y a de tout ca!
Chammas frederico
21 h 30, le 06 décembre 2016