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Lifestyle - La bonne nouvelle du lundi

L’accordéoniste franco-libanais Sébastien Bertrand, libre, heureux et primé

Crise des déchets, attentats, coupures d'électricité, malaise social, clivages politiques accrus, tensions
communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

L’accordéoniste franco-libanais a reçu le Grand Prix musique du monde de l’Académie Charles Cros dans le studio 105 de la Maison de la radio le 24 novembre 2016. Photo fournie par Sébastien Bertrand

Le 24 novembre dernier, l'Académie Charles Cros, qui récompense les disques et DVD français, distinguait Juliette et Miossec, deux ténors de la chanson française (voir ici). Mais pas que. Parmi les lauréats 2016, figurait aussi le Franco-Libanais Sébastien Bertrand, à qui l'académie remettait son « Grand Prix musique du monde » pour son CD Traversées, enregistré sous le label Daqui.

Seul sur la scène du studio 105 de la Maison de la radio à Paris, son accordéon diatonique entre les mains, il joue pour l'occasion la Mazurka du voyageur, lui dont le cœur bat entre Paris et Beyrouth. « Quelle émotion intense, faire résonner mon accordéon diatonique dans ce studio, dire que ces musiques traditionnelles sont bel et bien des musiques d'aujourd'hui, vivantes... Un beau moment, dit-il quelques jours plus tard à L'Orient-Le Jour, évoquant une récompense qui l'honore et qui est souvent vécue « comme une étape dans un parcours artistique. »

Le parcours de Sébastien Bertrand est prolifique et foisonnant. Né à Beyrouth en janvier 1973, recueilli par les sœurs de la Crèche Saint-Vincent-de-Paul, adopté à l'âge de 9 mois par une famille vendéenne pétrie de culture maraîchine et bercée par la musique traditionnelle, il découvre à 7 ans l'accordéon diatonique, instrument qu'il ne lâchera plus. Avec lui, il parcourt l'Hexagone pour des concerts, accompagné d'autres musiciens, et se rend pour la première fois au Liban en 2008. Il a 35 ans quand il découvre ses racines libanaises : « J'ai retrouvé cette terre. Ça m'a remis debout alors qu'avant je marchais de travers. Je peux maintenant regarder ces deux histoires sans les mettre en confrontation. » De ce voyage du retour naît un spectacle, le Chemin de la belle étoile, avec des textes du conteur Yannick Jaulin.

 

« Il y a cette force que le Liban m'a donnée »
« La Vendée m'a nourri, enrichi, dit-il aujourd'hui, le Liban me pétrit depuis mes premiers allers-retours en 2008, me donne à voir autrement mon rapport au monde, à nos histoires, mon histoire... comme s'il faut d'un coup rassembler pour faire autrement, rassembler pour marcher droit, rassembler pour dire en musique ces traversées du dedans, du dehors...»

Depuis, l'accordéoniste a multiplié les projets, les collaborations. « Des milliers de choses se sont passées ! Des rencontres, des expérimentations, des kilomètres et des kilomètres à faire cette musique, la partager, la proposer à des publics divers...» . Jusqu'à saturation peut-être. « Il y a deux ans, j'ai hésité à arrêter ma carrière officielle et dire stop, se rappelle-t-il. S'ensuit l'enfermement, le recul sur l'île d'Yeu (Vendée), le temps de faire à nouveau de la musique sans objectif... Revenir à Beyrouth avec mon ami Yannick Jaulin au Festival du conte au Monnot, pour écrire pour l'album Traversées... Faire le tour du Liban avec Nahas Project et le joueur de oud Oussama Abdel Fattah, jouer cette musique en Chine, au Canada... M'interroger sur mes parents biologiques, mon histoire au Liban, mon adoption, parler pour comprendre avec les sœurs de la Crèche Saint-Vincent-de-Paul, déménager, aimer...»

Fruit de cette retraite et de ces interrogations, l'album Traversées prend forme. Place à l'essentiel, l'accordéon diatonique, en solo. « Cet album est le reflet de mon intime, de mes doutes, mes joies, mes rêves... Le reflet d'un moment de vie où j'ai décidé de revenir seul, avec juste le souffle de l'instrument, des mélodies simples, épurées, comme pour dire bonjour et au revoir en même temps... Quitter la profusion et la course pour poser là des choses qui me traversent depuis des années. » Et toujours, dans un coin du cœur, le Liban. Si le musicien n'a pas eu le temps d'y revenir cette année, il conserve des liens forts avec le pays. « Chaque jour j'y pense, chaque jour je me lève double à l'intérieur de moi », dit-il. Il est en contact permanent avec ses amis libanais, Paul Matar, directeur du théâtre Monnot, Ziad Halwani, l'administrateur du théâtre, sœur Anita de la crèche Saint-Vincent-de-Paul. « Puis il y a cette force que le Liban m'a donnée en 2008 lors de mon premier voyage, cet apaisement, cette énergie...»

Et les projets qui de nouveau s'enchaînent, pour « continuer, continuer à parler en musique, comme des poésies musicales, à prendre la parole pour parler de nous, de nous ensemble ». Sébastien Bertrand travaille actuellement sur des textes pour enfants ainsi qu'avec l'Orchestre régional de Normandie pour que sa musique rencontre la musique classique. Il a joué l'an dernier dans le film franco-libanais The Traveller de Hadi Ghandour, avec le comédien Rodrigue Sleiman, un film qui sera bientôt dans les salles. « Je continue à creuser un sillon, libre et heureux », dit-il simplement.

 

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Le 24 novembre dernier, l'Académie Charles Cros, qui récompense les disques et DVD français, distinguait Juliette et Miossec, deux ténors de la chanson française (voir ici). Mais pas que. Parmi les lauréats 2016, figurait aussi le Franco-Libanais Sébastien Bertrand, à qui l'académie remettait son « Grand Prix musique du monde » pour son CD Traversées, enregistré sous le label...

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