Pour sa première visite à Beyrouth, le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavuşoğlu, s'en est pris au président syrien Bachar el-Assad devant le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, lors de la conférence de presse conjointe au palais Bustros à l'issue de leur rencontre.
« Nul ne peut nier que Bachar el-Assad est responsable de 600 000 victimes qui sont tombées durant la guerre en Syrie. Au lieu de cette obstination à vouloir faire triompher l'intérêt d'un seul homme au pouvoir, il convient d'envisager l'intérêt de tout un peuple », a affirmé le ministre turc, en réponse à une question.
Sans se soucier de l'embarras que sa position pourrait causer à son homologue libanais, le diplomate turc est monté crescendo dans son attaque : « Nous croyons que le président Assad ne peut pas consolider l'unité de la Syrie. Nous avons appuyé la Syrie et le peuple syrien, et même Assad lui-même. Mais, à cette étape, il s'agit d'un homme responsable du meurtre de son peuple et il ne saurait rester au pouvoir. »
(Lire aussi : Çavuşoğlu : Assad ne peut plus rester au pouvoir)
Gebran Bassil avait auparavant répondu à la même question en préservant son calme : « C'est au peuple syrien de décider de son destin et de la nature de son régime. Nous devons respecter ses options, mais il faut s'assurer de l'unité, de la sûreté et de la liberté du territoire syrien. Le régime doit être laïque et rassembler toutes les religions pour qu'elles puissent exprimer leur opinion. »
Le chef du Courant patriotique libre s'est cependant abstenu d'évoquer le nom d'Assad et la question de son maintien au pouvoir, dans le but de « se tenir à l'écart » de cette question, ont relevé des sources bien informées proches de M. Bassil.
Le chef de la diplomatie turque a par ailleurs défendu la politique adoptée par son pays à l'encontre des organisations rebelles, en réponse à une question-accusation portant sur un soutien de son pays à ces dernières. « Nous combattons l'EI. Nul ne l'a davantage combattu que nous. En Irak, nous en avons tué un millier, et en Syrie des milliers. Nous le faisons avec succès », a-t-il dit.
Il faudra s'attendre, dans les heures à venir, à une réponse virulente des alliés du régime Assad aux propos du responsable turc, également à partir du palais Bustros. Cependant, des sources diplomatiques s'empressent de préciser que cela n'aura aucun effet sur les relations bilatérales. En tout état de cause, Gebran Bassil a préféré adopter une attitude de neutralité, par égard pour une partie des forces politiques du pays qui sont également opposées au président Assad.
Il convient de signaler que le chef de la diplomatie turque a salué son homologue allemand lors de son arrivée au palais Bustros... même si les deux n'étaient pas d'accord, dans leurs propos respectifs, sur le bilan des victimes en Syrie – que Frank-Walter Steinmeier a revu à la baisse par rapport à M. Çavuşoğlu, faisant état, lui, de 400 000 civils tués, seulement !
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commentaires (7)
béSSîîîl, va !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
23 h 30, le 03 décembre 2016