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Liban - Décryptage

Après l’élection présidentielle, un paysage politique confus...

Un mois après l'élection spectaculaire du général Michel Aoun à la présidence de la République, le paysage politique est plus que jamais confus. Depuis la conclusion de l'entente de Mar Mikhaël entre le CPL et le Hezbollah, le général Aoun a été classé comme l'allié de cette formation. Ce qui lui a valu pendant des années d'être combattu férocement par le 14 Mars et ses alliés régionaux et internationaux, alors qu'une guerre médiatique sans précédent était lancée contre lui. Aoun avait été notamment accusé d'avoir mis en échec le plan local et international d'isoler politiquement et sur le plan confessionnel le Hezbollah en le réduisant à sa seule représentativité chiite.

D'ailleurs, peu avant l'expiration du mandat du président Michel Sleiman, en 2014, l'ambassadeur des États-Unis à Beyrouth avait tenté de faire miroiter la présidence au général Aoun en lui suggérant en contrepartie de prendre ses distances à l'égard du Hezbollah. Aoun avait maintenu son alliance et le rêve de la présidence s'était évaporé. Il lui a fallu attendre plus de deux ans et demi pour qu'il se réalise, enfin, sans conditions préalables.

À ceux qui cherchent à montrer le général comme un leader obsédé par la présidence (ce qui d'ailleurs fait partie de la campagne destinée à ternir son image), il faut donc rappeler qu'il a à trois reprises au moins refusé celle-ci pour ne pas renoncer à ses principes. En 1989 d'abord, lorsqu'il avait été reçu par les parrains arabes de l'accord de Taëf (l'Arabie saoudite, le Maroc et l'Algérie qui lui avaient proposé d'appuyer sa candidature s'il acceptait de composer avec la tutelle syrienne). Il y a eu ensuite l'étape de 2008 et la conférence de Doha où il a appuyé la candidature de Michel Sleiman à la présidence, et enfin en 2014.

Aujourd'hui, Aoun est président, officiellement dans le cadre d'un accord conclu au Liban, mais qui a, en réalité, été rendu possible par des développements régionaux et internationaux favorables aux choix stratégiques du « général », notamment au sujet du dossier syrien mais aussi, globalement, dans le cadre d'un certain affaiblissement de l'influence saoudienne face à la montée en puissance de celle de l'Iran. En effet, pourquoi le chef du courant du Futur Saad Hariri aurait-il décidé de choisir un candidat du 8 Mars ou son allié s'il avait été en mesure d'assurer l'élection d'un candidat issu du 14 Mars ? D'autant qu'il avait commencé par appuyer toutes les candidatures possibles (ou presque) avant d'en arriver à accepter celle de Aoun.

Si l'on suit cette logique, on devrait considérer que le camp du 8 Mars et ses alliés sont aujourd'hui les grands vainqueurs de l'élection présidentielle. Or le paysage politique actuel ne reflète pas une telle victoire. Au contraire, depuis l'élection présidentielle du 31 octobre, le Hezbollah est silencieux, son allié chiite Nabih Berry se présente comme le chef d'une nouvelle opposition, alors que les alliés d'hier, comme le chef du courant des Maradas et les différentes formations qui gravitent dans l'orbite du 8 Mars, en sont à espérer obtenir des miettes au gouvernement en gestation. Par contre, les Forces libanaises et leur chef Samir Geagea se présentent comme les grands vainqueurs, exigeant une part égale à celle du CPL au sein du nouveau gouvernement et se préparant aussi à obtenir la moitié des sièges chrétiens aux prochaines législatives à travers des listes communes avec ce parti.

L'idée du « tandem chrétien », à l'image du duo chiite (Amal et le Hezbollah), a été lancée et cherche à s'imposer comme une nouvelle constante du paysage politique local. Cette idée se base sur le fait que l'accord entre les FL et le CPL, conclu après des mois de négociations et qui s'est couronné par la visite de Aoun à Meraab le 18 janvier 2016, a eu un impact considérable sur la rue chrétienne, qui est apparue apaisée, réconciliée avec elle-même et ayant enfin surmonté le fameux « désenchantement » né en 1990. Mais les sources proches des Forces libanaises donnent l'impression que cet accord a été bien au-delà du document lu par le chef des FL le 18 janvier et qui consistait en des principes généraux. Elles laissent entendre qu'il s'agit d'une alliance globale et définitive, sachant pourtant que sur les options stratégiques, les points de vue restent divergents. Les Forces libanaises profitent aussi du fait que « Aoun président » cherche à se positionner au-dessus des divisions politiques et qu'il tend la main aux adversaires d'hier, qu'ils soient locaux ou régionaux.

Les déclarations se multiplient donc sur le « tandem chrétien » et, selon une figure du 8 Mars, on se croirait revenu à la période précédant le 14 Mars 2005, lorsque les grandes formations chrétiennes faisaient face aux groupes musulmans, alors que dans le cadre de la division 14 et 8 Mars, les alignements n'étaient plus confessionnels mais politiques. La personnalité du 8 Mars précitée se demande même s'il est dans l'intérêt des chrétiens eux-mêmes de revenir à des divisions sur une base confessionnelle et religieuse. Mais elle s'empresse d'ajouter qu'en réalité, le chef de l'État reste silencieux sur la question et ce sont les FL qui occupent la scène médiatique et cherchent à créer un fait accompli politique. De leur côté, les proches des FL font remarquer que l'attitude de Berry, qui « tire politiquement » à boulets rouges sur l'accord interchrétien, radicalise les positions au lieu de faciliter le dialogue et l'ouverture et pousse les FL et le CPL à se rapprocher encore plus.

Face à ce flou présenté comme le prélude à un renversement dans les alliances, Aoun et le Hezbollah restent silencieux. Une discrétion qui ouvre la voie aux interprétations.

 

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Un mois après l'élection spectaculaire du général Michel Aoun à la présidence de la République, le paysage politique est plus que jamais confus. Depuis la conclusion de l'entente de Mar Mikhaël entre le CPL et le Hezbollah, le général Aoun a été classé comme l'allié de cette formation. Ce qui lui a valu pendant des années d'être combattu férocement par le 14 Mars et ses alliés...

commentaires (7)

Un "article" plutôt conFus....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

23 h 32, le 03 décembre 2016

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Commentaires (7)

  • Un "article" plutôt conFus....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    23 h 32, le 03 décembre 2016

  • LE PAYSAGE ETAIT CONFUS... IL A COMMENCE A S,ECLAIRCIR GRACE A LA BOUSSOLE QUI POINTE LIBANAISEMENT AVANT TOUT ET ARABIQUEMENT DORENAVANT ...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    15 h 16, le 03 décembre 2016

  • DU PATATI PATATA SANS SENS... SANS TETE NI QUEUE... D,UN BOUT A L,AUTRE DU BARATIN...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    14 h 50, le 03 décembre 2016

  • Et il ne faut pas oublier madame que le faiseur de président c'est bien le Hakim et non le hezb celui ci a bien été Derriere aoun pendant 2 ans et demi et il n'a été élu président que quand samir geagea et après hariri (d'ailleurs grâce encore au Hakim) ont votés pour lui !! À bon entendeur...

    Bery tus

    14 h 21, le 03 décembre 2016

  • Un dicton dit : "Gros parleux, petit faiseux". Cela s'applique exactement à Samir Geagea. Mon dicton à moi : "Petit parleux, gros faiseux". Cela s'applique exactement à Hassan Nasrallah. Toutes autres considérations, ne sont que des balivernes. CQFD.

    Un Libanais

    10 h 57, le 03 décembre 2016

  • Toujours est-il, il y a du vrai dans ce que Madame dit. C'est effectivement une grande victoire pour le camp du 8 Mars (sous-entendu le Hizbollah) et une défaite cuisante pour celui du 14 Mars (sous-entendu ???). On n'a pas la perception et le sentiment que cela se reflète à l'heure actuelle dans la formation du gouvernement. Le machiavélisme du Hizb dans toute sa splendeur.

    Aref El Yafi

    10 h 10, le 03 décembre 2016

  • ..."l'ambassadeur des États-Unis à Beyrouth avait tenté de faire miroiter la présidence au général Aoun en lui suggérant en contrepartie de prendre ses distances à l'égard du Hezbollah. Aoun avait maintenu son alliance et le rêve de la présidence s'était évaporé. Il lui a fallu attendre plus de deux ans et demi pour qu'il se réalise, enfin, sans conditions préalables"... hahaha mais voyons donc ... maintenant que les hezb demande au president d'etre clair dans ces positions et de le declarer tout haut laissez moi vous dire madame que vous allez tomber de haut avec toutes vos theories et vos sources qui s'amusent avec vous !!! attendez et vous verrez la declaration si declaration il y a j'espère être publier

    Bery tus

    03 h 03, le 03 décembre 2016

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