Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Persécutions

L’appel à l’aide de Haïfa, ex-esclave sexuelle de l’EI

Sur les 6 000 hommes, femmes et enfants yézidis enlevés par l'EI, quelque 3 000 sont toujours en captivité.

Haïfa, 36 ans, a été une esclave sexuelle aux mains des jihadistes de l’EI durant deux ans. Safin Hamed/AFP

« Il y en a eu sept : un Égyptien, un Marocain, un Palestinien... » : Haïfa, une jeune femme yézidie, compte sur ses doigts le nombre de combattants du groupe État islamique à l'avoir achetée comme esclave sexuelle pendant ses deux ans de captivité en Irak et en Syrie. Haïfa, 36 ans, et sa famille font partie des milliers de yézidis emprisonnés en 2014 par les jihadistes, quand ils ont conquis de vastes pans de territoire en zone irako-syrienne.

Cette minorité kurdophone, adepte d'une religion préislamique, n'est ni arabe ni musulmane, et l'EI la considère comme des hérétiques polythéistes. Conséquence : la communauté yézidie a été particulièrement visée par les exactions du groupe extrémiste sunnite, au point que l'Onu a dénoncé une « tentative de génocide » contre ses membres.

Des milliers d'hommes furent massacrés, les femmes enlevées, et certaines, dont Haïfa et sa sœur cadette, réduites en esclavage. « Il y avait une sorte de marché où ils amenaient les femmes yézidies pour que les combattants puissent les choisir, raconte Haïfa, s'exprimant sous un pseudonyme. Un jour, l'un d'entre eux a acheté 21 femmes à la fois. » Arrachée de sa région natale de Sinjar, elle a été emmenée à Mossoul, le bastion irakien des jihadistes de l'EI, avant d'être transférée vers Raqqa, leur fief syrien. « Ils nous traitaient très durement. Ils nous ont fait subir des choses horribles », souffle-t-elle.

(Lire aussi : Nadia Murad et Lamia Haji Bachar, d'esclaves sexuelles de l'EI à porte-paroles des Yazidis)

 

Des milliers encore captives
Après deux tentatives de fuite avortées, Haïfa a enfin retrouvé sa liberté il y a quelques jours, grâce à l'aide de « bienfaiteurs » dont elle ne dira rien de plus.
Certaines femmes yézidies aux mains de l'EI ont réussi à s'échapper, d'autres ont été « rachetées » pour être libérées. Sur les 6 000 hommes, femmes et enfants yézidis enlevés par l'EI, quelque 3 000 sont toujours en captivité, affirme Hussein el-Qaidi. Ce membre de la communauté yézidie dirige à Dohouk un bureau des personnes enlevées, financé par les autorités kurdes irakiennes. Par le passé, les combattants de l'EI emmenaient le plus souvent leurs prisonniers yézidis quand ils étaient obligés de battre en retraite. Mais les forces irakiennes ont désormais coupé la route reliant Mossoul au territoire de l'EI en Syrie, donnant l'espoir à Hussein el-Qaidi de retrouver des milliers des siens, une fois la ville reprise, et de voir renaître leur communauté. « Nous avons été victimes d'une campagne féroce, dit-il. Mais nous, yézidis, sommes attachés à notre terre. »

Haïfa, elle, a du mal à s'extraire du cauchemar qu'elle a vécu pendant deux ans. Épuisée, malade, elle a trop honte pour aller parler à ses amis et sa famille. Et, malgré sa liberté retrouvée, elle désespère en pensant au sort des femmes yézidies encore aux mains des jihadistes, dont sa sœur de 20 ans. « Je demande à tout le monde d'aider à les libérer, supplie-t-elle. Elles sont encore là-bas, à souffrir. »

 

 

Lire aussi
Les minorités dans l'angoisse de l'après-Mossoul

Marginalisées parce que violées, la difficile réinsertion des ex-esclaves de l'EI

 

Pour mémoire
Le prix Vaclav Havel décerné à l'Irakienne Nadia Murad, rescapée yazidie de l'EI

Des milliers de yazidis sont détenus par l’EI en Syrie, estime l’Onu

Les femmes yazidies, la nouvelle cause d'Amal Alameddine-Clooney

« Il y en a eu sept : un Égyptien, un Marocain, un Palestinien... » : Haïfa, une jeune femme yézidie, compte sur ses doigts le nombre de combattants du groupe État islamique à l'avoir achetée comme esclave sexuelle pendant ses deux ans de captivité en Irak et en Syrie. Haïfa, 36 ans, et sa famille font partie des milliers de yézidis emprisonnés en 2014 par les jihadistes, quand...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut