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Lifestyle - Un peu plus

Inversons

Évidemment, décembre arrive et les Wham ! avec lui. Enfin, ils ne sont pas tout seuls. Partout, on voit pousser des sapins artificiels, des pères Noël de pacotilles agitant leur cloche dans une main et un sac de barbe à papa rose fluo dans l'autre ; des crèches grandeur nature, des promotions en veux-tu en voilà (comme un Black Friday prolongé) et des expos de Noël de tout ce que le Liban peut compter comme créateurs ou designers. C'est ça décembre, le début des festivités... et des embouteillages. Allez donc savoir pourquoi ça bouchonne plus. Les Libanais sortiraient-ils leur voiture en décembre comme on sort l'argenterie quand on reçoit ? Il n'y a plus rien à comprendre, ceci dit.

Décembre, c'est donc le festival des chants kitsch, des décorations de mauvais goût, de dollars dépensés jusqu'à la lie et des bonnes actions. Noël, ce n'est pas seulement se faire du bien. Noël, c'est surtout penser aux autres. Et ça, c'est bien. Alors tant pis, si ça sonne cheesy, nunuche, cucul, guimauve, voire même moralisateur – du genre « achète tes arrangements de chez Irap ». Parce que oui, achète tes arrangements de chez Irap, ou Sesobel, ou Arcenciel, ou de n'importe quelle association. Oui, aide les petits commerçants en faisant tes emplettes chez eux. Et oui, fais le tri dans les jouets de tes gamins et donne-les à ceux qui ne peuvent pas s'en acheter (et pas les cassés ou incomplets s'il te plaît). Va acheter des cadeaux aussi à tous ceux qui sont dans le besoin. Un geste ne coûte pas grand-chose. Et fais un calendrier de l'avent inversé.

On est certes, le 3 décembre, mais on a jusqu'au 24 pour faire son propre calendrier. Vous savez, ce calendrier aux 24 fenêtres que l'on ouvre tous les matins. Eh bien, au lieu de le vider quotidiennement et de s'empiffrer du chocolat fourré aux pralinés qui s'y trouve, remplissons-le. Cette idée qui circule sur le Net est toute simple. Chaque jour, on remplit une boîte d'un article utile (2 en plus pour le 1er et le 2 qui viennent de passer). Et à la veille de Noël, on remet la boîte et le contenu aux gens dans le besoin. Pas con n'est-ce pas ? Du sucre, du riz, des conserves, de la sauce tomate, du savon, des brosses à dents, du lait, du chocolat, des lentilles, des biscuits, du pain, de l'eau... Chaque matin, quelque chose dont on ne se rappelle plus l'importance, tellement c'est usité. Une boîte utile ou personnalisée. Pour un enfant dont on sait que ses parents ont du mal à joindre les deux bouts. Un carton rempli de friandises, de chocolats, de jouets, de bricoles, de cahiers de coloriage, de jeux. Pour une personne âgée seule. Des bouquins, de la soupe, un cahier de mots croisés, une écharpe, une couverture. Une petite chose chaque jour. Un petit rien qui réchauffe le corps et le cœur.

Avec tout ce qu'on dépense sur des conneries, on peut bien – non pas se serrer la ceinture – mais ouvrir sa poche. Cinq mille livres libanaises, c'est pas grand-chose et c'est beaucoup. Cinq mille livres libanaises, c'est le tarif d'une place de parking. Mais c'est aussi le prix de deux briques de lait. Le prix de deux kilos de pommes, de 400 g de blanc de poulet, de 2 kilos de Laban, de 300 g de kashkawal, de 3 paquets de pain, de 5 manakish, de 2 sandwiches de falafel, d'un paquet de couches pour nouveau-nés, de deux petits pots Blédina... Cinq mille livres libanaises, c'est le prix d'un tapis tressé (oui oui, ce ne sont pas des foutaises), d'une écharpe bon marché. Faut juste savoir où aller, chez qui acheter.

Il suffit de peu. De si peu pour faire rejaillir la magie de Noël, même si ça sonne cheesy, nunuche, cucul, guimauve. Alors voilà, au lieu de râler, de pester sur le trafic, de répéter sans cesse qu'on déteste Noël (c'est le cas pour beaucoup d'entre nous), de s'énerver aux caisses des magasins... on peut mieux faire. Exactement comme ce qu'on annotait au bas de notre livret scolaire. Peut mieux faire.
Faire ce foutu calendrier de l'avent inversé, dire à ceux qui sont en solo de venir dîner le 24, passer plus de temps avec ceux qu'on ne voit pas assez, offrir à ceux que l'on ne connaît pas. On ne sait jamais, il existe peut-être. Donc si on a été sages...

Évidemment, décembre arrive et les Wham ! avec lui. Enfin, ils ne sont pas tout seuls. Partout, on voit pousser des sapins artificiels, des pères Noël de pacotilles agitant leur cloche dans une main et un sac de barbe à papa rose fluo dans l'autre ; des crèches grandeur nature, des promotions en veux-tu en voilà (comme un Black Friday prolongé) et des expos de Noël de tout ce que le...

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Alors qu’on est dans ce monde, où faire le bien est souvent non-louable, pourquoi donc ; hélas ; brandir cet argument banal de dire qu’on ne fait ; bon an mal an ; aucun mal ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 41, le 03 décembre 2016

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Commentaires (1)

  • Alors qu’on est dans ce monde, où faire le bien est souvent non-louable, pourquoi donc ; hélas ; brandir cet argument banal de dire qu’on ne fait ; bon an mal an ; aucun mal ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 41, le 03 décembre 2016

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