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Culture - Exposition

Comment transformer, en 2016, l’obscurité en lumière...

La galerie Ayyam* présente les œuvres graphiques (encre de Chine et acrylique) de Mohammad Bozorgi, calligraphe peintre né à Téhéran en 1978. Et dont l'œuvre rayonnante, en armées de lettres, en désordre ou ordonnées, débarque à Zaytounay Bay.

Mohammad Bozorgi «My Way» 118 x 238 cm acrylique sur toile, 2015.

Superbes structures mathématiques pour une variation géométrique autour de l'art d'ornementation islamique. Et subtile allégorie entre ombre et lumière pour un espoir de vie meilleur à travers des couleurs chaudes et vibrantes. Pour les amateurs d'art, c'est une révélation, car il s'agit là de la première exposition solo à Beyrouth de Mohammad Bozorgi. Aux œuvres pourtant pavoisant déjà à Paris, Zurich, ou au Musée de l'art islamique en Malaisie.

Ingénieur en biomédecine, l'art ne l'en a pas moins mordu au cœur, à l'esprit et aux mains pour entreprendre une formation académique en arts visuels et calligraphiques, avec une distinctive mention momtaz (excellent) pour quitter les lieux de l'enseignement, diplôme sous le bras.
Ce bagage technique et précis des lettres ornementales arabes et perses a permis à l'artiste de créer des abstractions géométriques, originales, gymnastes et virtuoses, sur fond de lettres qui se diluent, fusionnent, fondent comme cire ou neige au soleil, s'espacent, se repoussent, s'aimantent, se rejettent, se (re)groupent, se (dé)multiplient, s'imbriquent, tourbillonnent comme feuilles mortes au vent, s'agglutinent, s'ouvrent en rosace, serpentent en courbe fluviale, explosent en disque solaire...

Fourmillement de lettres
Sept mégatoiles acryliques (allant de 1,85 m x 2,66 m et 1,50 m x 1,50 m) et des miniœuvres (encre de Chine) tapissent les murs de l'espace pour un abécédaire arabe en liberté, en vadrouille, aux contours ébouriffés, canalisés, lissés, en révolte, en résignation, en flammes pétillantes comme braises sur la cendre. Des lettres lâchées sur l'espace à peindre ou à dessiner, dressées, débraillées, sagement en colonnes, en lignes sinueuses, hérissées, astiquées, échevelées, luisantes, jamais ternes ou anonymes... Foisonnement et fourmillement de lettres enserrées dans la gaine des couleurs les plus vives ou les plus estompées. Sans éclat d'audaces vaines et inutiles, mais ferventes comme une prière empreinte de piété. Virtuosité discrète entre course folle pour un point de centre et batailles rangées pour de chimériques combats, toujours en soumission avec l'ordre et la symétrie d'une tradition d'écriture immémoriale.

Du vert cobalt au bleu sombre, en passant par les tons de terre et des jaunes paille évoquant le feu des incendies. Sans parler de ce rouge flamboyant renvoyant à la paix de l'aquarelle d'un sang dilué ou des éclaboussures de la violence en lourdes tâches écarlates. Avec de bluffant effets tels les riches sillons des étoffes ramagées d'un brocard aux reflets brillants et mordorés... Couleurs et lignes entremêlées comme un rêve des Mille et Une Nuits auxquelles répondent les échos du monde arabe aujourd'hui entre marteau et enclume, entre espoir et désespoir, entre guerre et aspiration à la paix, entre flux migratoire et stérile sédentarité, entre crasseuse misère et rêve d'opulence.... Discrètes phosphorescences pour dire le mal de vivre mais aussi le ferme espoir en des lendemains qui chantent.

Bozorgi, figure de proue de la nouvelle génération d'artistes persans contemporains, casse les codes d'une narration calligraphique aux critères conservateurs et tente, par tâtonnements, des horizons nouveaux. Pour une expression moins compassée et plus délurée tout en ne faisant guère table rase du passé. Tentative heureuse et libératoire car elle permet une lecture nouvelle, une esthétique plus moderne, un message plus étendu, un symbolisme à déchiffrer et à découvrir.
Avec ce déferlement, faussement désordonné et parfaitement bien orchestré, de lettres sur les toiles ou sur le rectangle du papier canson, il y a un esprit nouveau, un souffle au pays revigoré, une énergie évidente, un dépassement du formalisme étriqué de la calligraphie traditionnelle, un cinétisme
surprenant.

*L'exposition « Against the Darkness » (Contre l'obscurité) de Mohammad Bozorgi à la galerie Ayyam (rue Zeitouné, Beirut Tower) se prolonge jusqu'au 7 janvier 2017.

 

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commentaires (1)

ON NE VOIT DERNIEREMENT ET UNIQUEMENT QUE DES CHIMPANZERIES... C,EST MALHEUREUX POUR LES ARTS... TOUS LES ARTS !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 02, le 03 décembre 2016

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Commentaires (1)

  • ON NE VOIT DERNIEREMENT ET UNIQUEMENT QUE DES CHIMPANZERIES... C,EST MALHEUREUX POUR LES ARTS... TOUS LES ARTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 02, le 03 décembre 2016

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