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Économie - Éclairage

L’Iran, grand vainqueur de l’accord de l’OPEP à Vienne

« Il est possible de coopérer et de parvenir à une entente malgré la concurrence et l’existence de très fortes différences politiques », a déclaré le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh. Photo archives AFP

L'Iran sort gagnant de l'accord de mercredi à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Arabie saoudite ayant dû accepter que son grand rival régional augmente sa production tout en baissant la sienne.
« Victoire pétrolière de l'Iran à l'OPEP », « Échec de la diplomatie pétrolière de Riyad », titraient les journaux iraniens après cet accord à l'OPEP pour baisser la production du cartel de 1,2 million de barils par jour (mb/j). Tous les pays du cartel, à l'exception de l'Iran, du Nigeria et de la Libye, doivent baisser leur niveau de production d'environ 4,5 %. Pour Téhéran, il y aura même une hausse de production, ce dont s'est réjoui le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh : « Après des mois de discussions, d'énervement, de bagarre, les autres pays de l'OPEP ont accepté que la base de la production de l'Iran soit celle de 2005, son niveau le plus élevé, qui était de 3 975 (mb/j). » « Sur cette base, ils ont accepté que l'Iran puisse augmenter sa production de 90 000 barils par jour au cours des six prochains mois », a-t-il dit à la télévision d'État.
L'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite, qui devra, elle, baisser sa production de près de 500 000 barils/jour, sont les principaux pays de l'OPEP, mais aussi deux rivaux qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis janvier et se livrent des guerres par procuration dans la région, en Syrie et au Yémen. L'Iran, qui possède les quatrièmes réserves mondiales de pétrole, refusait de geler sa production pour retrouver son niveau d'avant les sanctions, en partie levées en janvier après un accord avec les grandes puissances sur son programme nucléaire. Téhéran demandait également à l'Arabie saoudite de baisser sa propre production en arguant que le royaume avait profité des sanctions anti-iraniennes pour l'augmenter.

« Entente malgré les concurrences »
« Ce qu'il faut tirer comme enseignement, c'est qu'il est possible de coopérer et de parvenir à une entente malgré la concurrence et l'existence de très fortes différences politiques », a déclaré M. Zanganeh à propos de la position de Riyad. « L'attitude de l'Arabie saoudite a été guidée par ses problèmes économiques internes. Personne ne voulait coopérer avec l'Iran, mais la situation économique du pays ne cessait de se dégrader », a déclaré à l'AFP une source du secteur pétrolier à Riyad. « La baisse de la production saoudienne est faible par rapport à son niveau actuel très élevé. Si l'accord permet de faire augmenter les prix, ça aidera le royaume », a ajouté cette source sous couvert d'anonymat.
L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, est frappée de plein fouet par la chute des cours à moins de 50 dollars le baril. Très dépendante du pétrole, elle prévoit un déficit budgétaire de 87 milliards de dollars cette année. Selon des chiffres officiels, les réserves saoudiennes sont également tombées à 562 milliards de dollars en août contre 732 milliards à la fin de 2014. Ce qui peut expliquer le fléchissement de Riyad face à Téhéran.
Mais, affirme à l'AFP l'expert koweïtien Kamel al-Harami, « il n'y a pas de perdants (...) Chacun a gagné 3 à 4 dollars (par baril) au cours des dernières 24 heures », puisque les cours se sont envolés de 10 % après l'annonce de l'accord.
« L'Arabie saoudite et ses partenaires du Golfe, les Émirats arabes unis et le Koweït, avaient augmenté leurs productions de 3 millions de barils lorsque l'Iran était sous sanctions. La réduction de leur production n'est pas une grosse perte », ajoute Kamal al-Harami. Selon lui, « un chef doit toujours faire des compromis et l'Arabie saoudite est le chef de l'OPEP ».
Le président iranien Hassan Rohani a pointé du doigt les difficultés de Riyad. « Il y a deux ans, un grand complot (pour faire baisser les prix) avait été fomenté pour mettre en difficulté » l'Iran, alors engagé dans de difficiles négociations avec les grandes puissances sur son programme nucléaire, a-t-il déclaré hier, selon la télévision d'État.
Ce « complot » a échoué, selon lui, car « l'Arabie saoudite a été obligée d'utiliser l'année dernière 100 milliards de dollars de ses réserves en devises (...) alors que nous avons augmenté les nôtres ».

Siavosh GHAZI/AFP

L'Iran sort gagnant de l'accord de mercredi à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Arabie saoudite ayant dû accepter que son grand rival régional augmente sa production tout en baissant la sienne.« Victoire pétrolière de l'Iran à l'OPEP », « Échec de la diplomatie pétrolière de Riyad », titraient les journaux iraniens après cet accord à l'OPEP pour baisser...

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