Rechercher
Rechercher

Liban - Société

Droits de la femme : « une affaire de dignité en définitive »

Une ex-ministre chilienne dresse à Beyrouth un constat amer de la situation.

Au centre, Carmen Andrade intervenant sur la question de la femme.

À l'heure où les principaux leaders et chefs de communauté poursuivent leurs tractations pour mettre en place un gouvernement voué à être exclusivement masculin ou presque, la visite à Beyrouth de l'ancienne ministre chilienne aux Affaires de la femme, Carmen Andrade, renvoie une image affligeante du niveau de conservatisme qui continue de prévaloir au Liban. Et pour cause : sur un total de 188 pays, le Liban occupe la 136e place en termes de représentation des femmes au Parlement. Au Chili, les femmes occupent plus du tiers de l'Assemblée.

De passage au Liban pour partager son expérience à la tête d'un ministère ad hoc consacré aux problèmes de la femme, Mme Andrade, devenue aujourd'hui professeure universitaire, explique la longue lutte menée dans son pays pour redonner à la femme la place qu'elle mérite. Une bataille qui se poursuit à ce jour, dit-elle, tant les obstacles à lever sont nombreux et les solutions d'autant plus difficiles à mettre en place qu'elles nécessitent un changement de mentalité radicale et une réforme au niveau de la culture patriarcale qui continue à dominer plusieurs pays du monde à ce jour.

 

(Lire aussi : #undress522 : la claque)

 

Une affaire de dignité
Invitée par la faculté des sciences sociales de l'Université libanaise, l'ancienne ministre, qui était accompagnée de l'ambassadrice du Chili, Martha Chalhoub, d'origine libanaise, a passé en revue lors d'une conférence au siège de l'UL, place du Musée, les nombreux défis qui empêchent la femme de parvenir à l'épanouissement requis et à arracher des droits équivalents à ceux de l'homme.

« Nous devons débattre de cette question non pas tant pour atteindre une égalité absolue entre les deux sexes – ce n'est pas le but recherché –, mais pour obtenir une égalité de droits et d'opportunités avec les hommes, a souligné Mme Andrade. C'est en définitive une affaire de dignité. » Une affaire directement liée à la démocratie et au développement également. Encore faut-il l'aborder sur plusieurs plans, par le biais de la définition de politiques touchant à la pédagogie, à la santé reproductive, à la prévention, à la lutte contre la pauvreté et la violence, contre la traite des femmes dans les milieux des déplacés surtout, mais aussi à la participation à la vie publique et à la prise de décision. Autant de problématiques qui ont un impact certain sur les femmes et les enfants et qui, une fois résolues, sont à même de rétablir l'équilibre entre les deux sexes.

 

(Lire aussi : Un sit-in de Abaad, pour que les violeurs n’échappent plus à la condamnation)

 

L'institutionnalisation
Les politiques doivent se fonder sur une batterie de lois et sur l'institutionnalisation qui va jusqu'à la consécration des textes relatifs à la femme dans la Constitution. « C'est la tendance actuelle au Chili où l'on envisage actuellement de consacrer les acquis dans la loi fondamentale », dit-elle. « C'est l'existence de ces institutions qui a permis la définition des agendas et l'adoption des lois en faveur de la femme », indique l'ancienne responsable chilienne.
Bien qu'il se trouve encore à mi-chemin, le Chili reste de loin plus avancé que le Liban, avec un pourcentage de 40 % de femmes représentées au Parlement, un ministère consacré à la condition de la femme et une femme à la tête de l'État, Michelle Bachelet, qui avait déjà figuré sur la liste des femmes les plus puissantes du monde du magazine Forbes en 2006 et 2007.

« Il n'y a pas un seul État qui n'a pas œuvré en faveur de la lutte contre la discrimination contre la femme. Mais en dépit de ces efforts, les défis restent nombreux », rappelle Mme Andrade.
Parmi eux, les mentalités et la culture patriarcale bien ancrée un peu partout et qui entrave l'évolution quand bien même elle serait souhaitée au niveau officiel. « Le concept de la femme au foyer continue de servir de modèle malgré le fait que la femme ait intégré la vie active. » D'ailleurs, précise encore l'intervenante, « l'absence d'égalité sociale est en contradiction totale avec la modernité et le changement de style de vie sur les plans sociologique, économique et légal », dit-elle.

 

(Lire aussi : Liban : Report du débat sur l'article permettant au violeur d'échapper à sa condamnation)

 

Autre défi de taille, la violence, qui est « l'aspect le plus flagrant de la discrimination contre la femme », relève Mme Andrade.
« Au moins une femme sur trois dans le monde a subi une forme de violence. Toutes les 15 minutes, une femme meurt dans le monde du fait de la violence conjugale et des crimes passionnels. Les chiffres au Liban sont tout aussi alarmants », indique l'intervenante.
La solution : un travail de longue haleine qui inclue l'éducation et la sensibilisation dès le plus jeune âge, une tâche à laquelle devraient également s'atteler les médias qui souvent « répercutent les clichés et la mentalité ambiante au lieu de la rectifier ».
Également au menu des réformes souhaitées : la création de mécanismes juridiques spécialisés et l'introduction de sessions de formation destinées aux juges.

Le chemin est long et pénible avant de parvenir à une égalité effective dans les droits, conclut l'ancienne responsable. D'où la nécessité d'un partage des responsabilités avec les hommes, qui doivent figurer à l'avant-garde de la bataille.

 

 

Pour mémoire

Après ses propos controversés sur le viol, le député Marouni s'explique

À l'heure où les principaux leaders et chefs de communauté poursuivent leurs tractations pour mettre en place un gouvernement voué à être exclusivement masculin ou presque, la visite à Beyrouth de l'ancienne ministre chilienne aux Affaires de la femme, Carmen Andrade, renvoie une image affligeante du niveau de conservatisme qui continue de prévaloir au Liban. Et pour cause : sur un total...

commentaires (1)

C,EST UNE HONTE POUR LE LIBAN QUE LA FEMME N,AIT PAS TOUS SES DROITS...

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 34, le 02 décembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • C,EST UNE HONTE POUR LE LIBAN QUE LA FEMME N,AIT PAS TOUS SES DROITS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 34, le 02 décembre 2016

Retour en haut