Rechercher
Rechercher

À La Une - portrait

Le paradoxe Hollande, président "normal" devenu anormalement impopulaire

Plus qu'aucun autre président sous la Ve République, il aura connu l'usure du pouvoir, la solitude aussi qui fera émerger l'un de ses traits de caractères les plus inattendus.

Il se rêvait en "président normal", proche du peuple à la manière scandinave, mais près de cinq ans plus tard, le réveil est brutal : François Hollande, qui a dû renoncer à briguer un second mandat, apparaît tout à la fois incompris, indéchiffrable, impopulaire. AFP / POOL / YOAN VALAT

Il se rêvait en "président normal", proche du peuple à la manière scandinave, mais près de cinq ans plus tard, le réveil est brutal : François Hollande, qui a dû renoncer à briguer un second mandat, apparaît tout à la fois incompris, indéchiffrable, impopulaire.

Comme ils sont loin ces "Comment ça va toi?" joviaux, lancés à mille figures connues et complices dans sa ville de Tulle, son fief électoral corrézien qui l'a vu grandir et l'a fait roi. Entre-temps, il y eut le désamour, les quolibets, les sifflets, la colère, le mépris puis, le pire de tout sans doute, l'indifférence.

Le "Monsieur 3%" de la primaire de la gauche en 2011 est devenu le "Monsieur 4%" de satisfaction en 2016. Paradoxe des paradoxes, François Hollande qui se voulait l'exact contraire de Nicolas Sarkozy, l'a surpassé dans l'impopularité. Plus qu'aucun autre président sous la Ve République, il aura connu l'usure du pouvoir, la solitude aussi qui fera émerger l'un de ses traits de caractères les plus inattendus.

Réputé pudique, avare de confidences sur sa vie privée, concédant ne pas appartenir au "monde de l'exubérance et de l'affect", le chef de l'Etat a éprouvé un besoin irrépressible de se confier aux journalistes, pour le meilleur et surtout le pire. "Je suis le spectre de l'Elysée", plaisante-t-il dans "Un président ne devrait pas dire ça...", au risque de conforter cette touche crépusculaire, qui s'attache immanquablement aux fins de règne.

 

 

Père de la Nation
Ce livre de confidences manque de faire vaciller le couple exécutif qu'il forme avec Manuel Valls. Il aura révélé l'isolement d'un président de 62 ans, dont l'horizon amical semble se réduire à la promotion Voltaire de l'Ena.
Dans ce vivier, François Hollande puise les secrétaires généraux de l'Elysée, Pierre-René Lemas puis Jean-Pierre Jouyet, et sa directrice de cabinet Sylvie Hubac. Le fidèle Michel Sapin en est issu aussi.

Pour le reste, le président se reconnaît si peu d'amis, l'avocat Jean-Pierre Mignard, Julien Dray... C'est un "sociopathe", osera même Emmanuel Macron, selon Le Canard Enchaîné.
Premier secrétaire du Parti socialiste, il naviguait entre les courants contraires du parti comme un poisson-pilote, champion de la synthèse dont il s'était fait le théoricien. Mais au pouvoir, les reproches pleuvent, drus comme la pluie qui accompagne fidèlement ses premiers pas à l'Elysée: il ne sait pas trancher, il n'a pas d'autorité...
Ils culmineront avec son jugement de Salomon dans l'affaire Leonarda, adolescente roumaine expulsée dans des conditions controversées et dont il autorisera le retour en France, mais sans ses parents. En liant sa candidature à l'inversion de la courbe du chômage, il se liera aussi les mains.

On le croyait fin stratège, mais il n'était que tacticien, disent ses contempteurs. A quelques mois de la fin de son mandat, l'union de la gauche n'est qu'un champ de ruines sur lequel prolifèrent les mauvaises herbes de la division et des ambitions personnelles.

Dans l'adversité, le président offre pourtant aux Français un visage lisse, inaltérable. Sa cravate est presque domestiquée. Il a repris les kilos perdus pendant la campagne de 2012 sous la férule de sa compagne d'alors, même s'il se prive de fromage à la table de l'Elysée.
Tout juste s'abstient-il de ces mots d'esprit qui lui ont aussi valu le sobriquet de "Monsieur petites blagues".
Car depuis les attentats jihadistes de Charlie Hebdo, du Bataclan ou de Nice, la légèreté a fait place à la gravité. "La mort habite la fonction présidentielle", dira-t-il, présidentialisé dans son rôle de père de la Nation, garant de son unité.

Chef de guerre
François Hollande se révélera aussi en chef de guerre, endossant sans sourciller les habits gaulliens de chef des armées. Sa main ne tremble pas quand il faut envoyer des troupes au Mali, en Centrafrique ou les avions de combat français bombarder les positions de l'organisation Etat islamique en Irak et en Syrie.

Mais comment s'est-il construit? Né le 12 août 1954 à Rouen dans une "famille où l'on a toujours parlé politique", il évolue entre la figure paternelle, médecin ORL d'une droite dure, pro-Algérie française, et une mère, assistante sociale à "l'âme généreuse". Etudiant, il franchit avec aisance les étapes de la méritocratie française: HEC puis l'Ena dont il sort dans la botte (les quinze premiers) en 1980.
C'est alors la rencontre avec Ségolène Royal, la mère de leurs quatre enfants. Une longue union rompue officiellement en 2007. Première rupture suivie d'une autre, plus retentissante encore, d'avec Valérie Trierweiler, officialisée par un communiqué à l'AFP quelques semaines après qu'un paparazzo a surpris le président à deux pas de l'Elysée, enfourchant un scooter, le visage dissimulé par un casque noir, au pied de l'immeuble de la rue du Cirque où il retrouvait clandestinement l'actrice Julie Gayet.

 

Lire aussi
L'extrême droite française nerveuse face à François Fillon

Les inconnues du tournant diplomatique de François Fillon

Pourquoi François Fillon a-t-il gagné les primaires de la droite française ?

Le programme de Fillon : ce qu'il faut savoir

 

Pour mémoire
La guerre froide s'installe entre Hollande et Valls

Valls juge "possible" une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle

« Un bon président réussit sa communication. Pour Hollande, c'est raté ! »

Il se rêvait en "président normal", proche du peuple à la manière scandinave, mais près de cinq ans plus tard, le réveil est brutal : François Hollande, qui a dû renoncer à briguer un second mandat, apparaît tout à la fois incompris, indéchiffrable, impopulaire.
Comme ils sont loin ces "Comment ça va toi?" joviaux, lancés à mille figures connues et complices dans sa ville de...

commentaires (3)

quelle publicité pour u Président qui a tout raté durant sa vie politique et en dernier le quinquennat ou il avait l'occasion de nous démontrer qu'il est normal Il a gagné une belle retraite à vie Au Liban on connait ça avec nos politiques, rois des réunions inutiles

FAKHOURI

13 h 20, le 02 décembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • quelle publicité pour u Président qui a tout raté durant sa vie politique et en dernier le quinquennat ou il avait l'occasion de nous démontrer qu'il est normal Il a gagné une belle retraite à vie Au Liban on connait ça avec nos politiques, rois des réunions inutiles

    FAKHOURI

    13 h 20, le 02 décembre 2016

  • A part Charles de Gaule et encore, je me demande quel est le président que les Français ont regretté unanimement.

    Raminagrobis

    04 h 12, le 02 décembre 2016

  • Je pense que ça va être le problème de plusieurs chefs d'états en Europe occidentale. Ils voulaient ''aider'' les masses de réfugiés, mais sans le vouloir ils ont ouvert la grande porte à l'extrême droite et se retrouvent trés maintenant impopulaires dans leurs pays.

    Algebrix

    22 h 03, le 01 décembre 2016

Retour en haut