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Liban - Décryptage

Ni « tuteur » ni « défaiseur de nœuds », les priorités du Hezbollah sont ailleurs

Depuis que la formation du gouvernement semble s'enliser dans les conditions des uns et les contre-conditions des autres, le rôle du Hezbollah est de plus en plus sur la sellette. Ces interrogations sont alimentées par les déclarations quasi quotidiennes du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, portant sur une volonté cachée du Hezbollah d'entraver l'élan de la nouvelle présidence et de tenter de vider de son contenu l'accord entre « les deux forces chrétiennes », à savoir les Forces libanaises et le CPL. Les déclarations du chef des FL semblent confirmées par ce qui est considéré comme les exigences du président de la Chambre Nabih Berry, qui paraissent essentiellement dirigées contre l'alliance Aoun-Geagea, face au silence total du Hezbollah qui laisse faire son allié Berry et ne cherche pas à aider son autre allié, le président de la République. C'est d'autant plus suspect que la lenteur dans la formation du gouvernement nuit essentiellement au chef de l'État et à l'élan du nouveau mandat, ainsi qu'au Premier ministre désigné et à sa volonté de reconquérir la base sunnite, après de longues années loin du pouvoir et du pays. Déjà, des voix commencent à s'élever pour dire que, finalement, le président Michel Aoun n'est pas si différent des autres, puisque les mêmes obstacles apparus dans les mandats précédents continuent d'entraver la formation du gouvernement, ainsi que chaque décision qui doit être prise par le nouveau pouvoir.

 

(Lire aussi : L’alliance CPL-FL accuse le tandem Amal-Hezbollah de vouloir fragiliser Baabda)

 

Le Hezbollah, qui affirme avoir appuyé la candidature de Aoun depuis le début et avoir tout fait pour faciliter son arrivée à Baabda, semble soudain l'abandonner, se cachant derrière le mandat accordé au président de la Chambre pour mener les négociations politiques, sous prétexte qu'il n'a pas le temps de s'intéresser aux dossiers internes. Qu'en est-il au juste ?

Officiellement, le Hezbollah évite d'aborder les questions internes, s'en tenant aux idées développées par le secrétaire général du parti dans ses derniers discours. Mais les sources proches de la formation affirment que Hassan Nasrallah a effectivement fait de son mieux pour permettre à Michel Aoun d'être élu à la présidence, se tenant à ses côtés pendant plus de deux ans et enlevant une à une les entraves posées sur le chemin de Baabda. Selon les sources proches du Hezbollah, ce dernier est convaincu que l'appui des Forces libanaises à la candidature de Aoun, à partir de janvier 2016, a certes renforcé la position de ce dernier sur le plan chrétien, mais il n'a pas été déterminant dans l'aboutissement de l'élection présidentielle qui est due d'abord au général lui-même et à la solidité de ses convictions, au Hezbollah qui s'est tenu à ses côtés ensuite, mais surtout au changement dans les rapports de force régionaux qui ont permis la neutralisation de l'hostilité saoudienne à l'élection de Aoun et provoqué les échecs successifs de l'Occident et de ses alliés régionaux en Syrie, au Yémen et même en Irak. Non seulement le veto saoudien posé par l'ancien ministre des Affaires étrangères, l'émir Saoud el-Fayçal, a disparu avec la mort de ce dernier, mais les dirigeants saoudiens ont carrément détourné les yeux du Liban, ayant trop à faire ailleurs. À ce sujet, il est bon de rappeler la confusion chez les différentes parties libanaises au sujet de la véritable position saoudienne. C'est ainsi qu'envoyé par le leader druze à Riyad pour sonder les autorités saoudiennes, le ministre Waël Bou Faour avait rencontré un responsable sécuritaire qui avait retransmis la position traditionnelle d'opposition à l'élection de Aoun. Mais, comme le dit un connaisseur de la situation saoudienne, à Riyad aujourd'hui, il y a plusieurs positions sur les différents dossiers, et l'opinion rapportée par le ministre de la Santé n'était pas la seule officielle. Il y en avait une autre qui a consisté à laisser Saad Hariri faire ce que bon lui semblait sans impliquer les autorités saoudiennes. Mais celle-ci n'avait pas été communiquée à toutes les parties libanaises. Ce qui avait créé la confusion...

 

(Lire aussi : Aoun s’engage à œuvrer à élargir les prérogatives du Conseil constitutionnel)

 

Les sources proches du Hezbollah estiment donc qu'avec ou sans l'appui des Forces libanaises, Aoun devait être élu à la présidence, sachant toutefois que cet appui a accéléré le processus. Pour les sources proches du Hezbollah, l'élément déterminant pour la conclusion du « compromis présidentiel » reste toutefois l'annonce faite par Nasrallah de l'acceptation de la désignation de Saad Hariri à la présidence du Conseil. À partir de ce moment, l'élection de Aoun était acquise.

Aoun président, le Hezbollah considère qu'il a tenu sa promesse envers lui. En même temps, le Hezbollah, toujours selon les mêmes sources, ne se sent pas lié par les ententes conclues par le général avant ou après son élection. Comme ce fut le cas pendant les élections municipales, le Hezbollah ne se sent pas concerné par exemple par les accords électoraux ou politiques conclus par le CPL et les FL. Si le CPL a promis aux FL une part égale à la sienne dans le gouvernement, c'est donc à lui de la lui assurer. De même, demain, lors des élections législatives, si les deux partis chrétiens forment des listes communes, le Hezbollah ne votera que pour les candidats du CPL. Cette position a le mérite d'être claire, à défaut de favoriser l'élan du nouveau mandat. Il faut dire aussi que les critiques constantes du chef des Forces libanaises au Hezbollah ne poussent pas ce dernier à faire preuve d'une plus grande implication dans les affaires internes. En tout cas, il ne faut pas attendre de lui qu'il intervienne chaque fois qu'il y a des divergences ou des problèmes politiques. Il n'a pas la vocation de jouer le rôle « du tuteur » et encore moins celui du « défaiseur de nœuds ». Ses priorités sont ailleurs.

 

 

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commentaires (5)

ET LES ENCENSEMENTS POUR BELZEBUTH CONTINUENT...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 28, le 01 décembre 2016

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Commentaires (5)

  • ET LES ENCENSEMENTS POUR BELZEBUTH CONTINUENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 28, le 01 décembre 2016

  • C'est vrai : "Les priorités du Hezbollah sont (et ont toujours été) ailleurs". Ainsi il semble dire à "son allié" (étrange alliance toujours!) au président Aoun : que votre mandat ait un "élan" vers le succès, cela ne me regarde pas. Débrouillez-vous.

    Halim Abou Chacra

    11 h 39, le 01 décembre 2016

  • Le Hezb joue la carte iranienne d une grande Syrie sous son influence.....c est tout mais gerer cette dynamique confligene n est pas simple...

    Beauchard Jacques

    10 h 35, le 01 décembre 2016

  • On ne peut-être plus clair que Scarlett dans ses explications de texte . Enfin pour ceux qui arrivent à comprendre son français pourtant facile . S'il doit y avoir une confrontation, et je précise politique , entre l'opportuniste geagix aux dents longues et la résistance du hezb , eh bien soit , elle aura lieu , bien que je ne la souhaite pas à l'opportuniste cupide , parce qu'il va se faire retaper le portrait comme il ne s'est jamais vu dans un miroir . S'il se prend pour la grenouille de la fable , il va exploser en plein vol , et s'il se prend pour Icare il va se viander méchamment par terre , le Phare Aoun a compris depuis bien longtemps que son appui basé sur les alliances judeo-sunnite ne sont plus opérantes au pays de la résistance du hezb et des héros locaux .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 11, le 01 décembre 2016

  • SILENCE MICHEL AOUN S'EST ENDORMI SUR SA CHAISE PRÉSIDENTIELLE. IL FAUT PAS FAIRE DE BRUIT VOUS RISQUER DE LE PERTURBER. IL EST BIEN IL L'A SA CHAISE, IL SE REPOSE IL DORT.

    Gebran Eid

    08 h 22, le 01 décembre 2016

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