L'Onu s'alarmait hier de la situation à Alep-Est, où des milliers de civils fuient les combats et les bombardements face à l'avancée des forces du régime. Alors qu'une réunion du Conseil de sécurité devrait être prévue aujourd'hui, le bilan humanitaire continue de s'aggraver.
Comment évolue la situation humanitaire à Alep ?
Depuis septembre, l'approvisionnement en médicaments n'est plus possible. Quant aux distributions de nourriture, elles sont récemment devenues impraticables. Les déplacements de populations se sont multipliés depuis la prise de la partie nord d'Alep-Est. Près de 250 000 civils sont voués à une mort certaine soit par la faim, soit par les bombardements. D'un point de vue médical, la situation reste très critique : il n'y a pratiquement plus d'hôpitaux fonctionnels, seuls quelques centres de santé continuent de fonctionner. Ces centres sont souvent développés dans des lieux informels aux règles d'hygiène inexistantes. C'est une situation extrêmement préoccupante, d'autant plus que nous avons l'impression que la communauté internationale ne met pas les moyens pour être dans un rapport de force prompt au respect du droit humanitaire international.
Le Conseil de sécurité de l'Onu va justement se réunir en urgence pour évoquer la catastrophe humanitaire à Alep. Pensez-vous qu'il peut encore avoir un poids sur la situation actuelle ?
Aujourd'hui, on constate une diplomatie humanitaire. Les acteurs occidentaux sont dans la complainte et l'indignation par rapport à l'horreur à Alep, sans pour autant mener de décision diplomatique incisive. Cette inertie est facile à comprendre si l'on s'intéresse à la composition du Conseil de sécurité. Comment trouver un levier pour faire respecter le droit international quand, au sein même du Conseil, certains pays ne le respectent pas ? Que le Conseil décide de se réunir en urgence pour discuter de la situation à Alep est une bonne chose. Reste à savoir si cette réunion pourra faire engager des décisions concrètes à savoir un cessez-le-feu pérenne et une gestion neutre des corridors humanitaires. Tant que ces derniers seront gérés par des parties prenantes du conflit, il n'y aura pas de stabilité humanitaire.
Comment expliquez-vous ce silence de la communauté internationale ?
Le droit international est un droit récent dont l'évolution continue au gré des résolutions et des conventions. La convention de Genève est censée protéger les acteurs sur le terrain ainsi que les civils. Aujourd'hui, ce droit est bafoué en Syrie, non seulement par le régime de Bachar el-Assad mais aussi par ses alliés sur le terrain. Cela est favorisé par certains acteurs présents dans le Conseil de sécurité qui continuent de mener des alliances en leur faveur et se détachent du droit international. En soutenant directement ou indirectement des coalitions qui ne respectent pas le droit humanitaire, des pays comme la Russie, les États-Unis ou même la France ne donnent pas le bon exemple. Il faut absolument que le droit humanitaire international redevienne la norme. Aujourd'hui ? La norme, c'est de tuer des civils et des soignants. Et cette norme-là, il faut la combattre.
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LA LIBRE EXPRESSION
17 h 55, le 30 novembre 2016