Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Entretien express

« Il faut que le droit humanitaire international redevienne la norme »

Jean-François Corty, directeur des opérations internationales de Médecins du monde, répond aux questions de « L'Orient-le Jour ».

Des civils fuyant les combats et bombardements dans les quartiers d’Alep-Est, le 28 novembre. Abdelrahman Ismail/Reuters

L'Onu s'alarmait hier de la situation à Alep-Est, où des milliers de civils fuient les combats et les bombardements face à l'avancée des forces du régime. Alors qu'une réunion du Conseil de sécurité devrait être prévue aujourd'hui, le bilan humanitaire continue de s'aggraver.

 

Comment évolue la situation humanitaire à Alep ?
Depuis septembre, l'approvisionnement en médicaments n'est plus possible. Quant aux distributions de nourriture, elles sont récemment devenues impraticables. Les déplacements de populations se sont multipliés depuis la prise de la partie nord d'Alep-Est. Près de 250 000 civils sont voués à une mort certaine soit par la faim, soit par les bombardements. D'un point de vue médical, la situation reste très critique : il n'y a pratiquement plus d'hôpitaux fonctionnels, seuls quelques centres de santé continuent de fonctionner. Ces centres sont souvent développés dans des lieux informels aux règles d'hygiène inexistantes. C'est une situation extrêmement préoccupante, d'autant plus que nous avons l'impression que la communauté internationale ne met pas les moyens pour être dans un rapport de force prompt au respect du droit humanitaire international.

Le Conseil de sécurité de l'Onu va justement se réunir en urgence pour évoquer la catastrophe humanitaire à Alep. Pensez-vous qu'il peut encore avoir un poids sur la situation actuelle ?
Aujourd'hui, on constate une diplomatie humanitaire. Les acteurs occidentaux sont dans la complainte et l'indignation par rapport à l'horreur à Alep, sans pour autant mener de décision diplomatique incisive. Cette inertie est facile à comprendre si l'on s'intéresse à la composition du Conseil de sécurité. Comment trouver un levier pour faire respecter le droit international quand, au sein même du Conseil, certains pays ne le respectent pas ? Que le Conseil décide de se réunir en urgence pour discuter de la situation à Alep est une bonne chose. Reste à savoir si cette réunion pourra faire engager des décisions concrètes à savoir un cessez-le-feu pérenne et une gestion neutre des corridors humanitaires. Tant que ces derniers seront gérés par des parties prenantes du conflit, il n'y aura pas de stabilité humanitaire.

Comment expliquez-vous ce silence de la communauté internationale ?
Le droit international est un droit récent dont l'évolution continue au gré des résolutions et des conventions. La convention de Genève est censée protéger les acteurs sur le terrain ainsi que les civils. Aujourd'hui, ce droit est bafoué en Syrie, non seulement par le régime de Bachar el-Assad mais aussi par ses alliés sur le terrain. Cela est favorisé par certains acteurs présents dans le Conseil de sécurité qui continuent de mener des alliances en leur faveur et se détachent du droit international. En soutenant directement ou indirectement des coalitions qui ne respectent pas le droit humanitaire, des pays comme la Russie, les États-Unis ou même la France ne donnent pas le bon exemple. Il faut absolument que le droit humanitaire international redevienne la norme. Aujourd'hui ? La norme, c'est de tuer des civils et des soignants. Et cette norme-là, il faut la combattre.

 

Lire aussi

À Alep-Est meurtrie, le doute s'instille partout, même chez les rebelles

La fuite ou la mort : le choix terrible des Alépins de l’Est

À Alep-Est, « on préfère mourir que d’être emprisonné et torturé de l’autre côté »

Ayrault : Miser sur Assad pour se débarrasser de Daech serait une erreur morale et stratégique

"Nos dépôts sont vides" : dernière distribution d'aide à Alep

En Syrie, tôt ou tard, les rebelles seront dans une logique de guerre de « libération nationale »

Ces billets doux que le régime envoie aux habitants d'Alep-Est...

 

Repère

Retour sur une année d'offensives sur Alep-Est

L'Onu s'alarmait hier de la situation à Alep-Est, où des milliers de civils fuient les combats et les bombardements face à l'avancée des forces du régime. Alors qu'une réunion du Conseil de sécurité devrait être prévue aujourd'hui, le bilan humanitaire continue de s'aggraver.
 
Comment évolue la situation humanitaire à Alep ?Depuis septembre, l'approvisionnement en médicaments...

commentaires (2)

AUX PAYS DES AVEUGLES ET DES ASSASSINS LA LUMIERE ET LE DROIT N,ECLAIRENT PLUS...

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 55, le 30 novembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • AUX PAYS DES AVEUGLES ET DES ASSASSINS LA LUMIERE ET LE DROIT N,ECLAIRENT PLUS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 55, le 30 novembre 2016

  • POURQUOI NE PAS DIRE TOUT SIMPLEMENT LE DROIT INTERNATIONAL, TOUT COURT . AU MOINS COMME ÇA LES PAYS AGRESSÉS PAR L'OCCIDENT ARROGANT NE PRODUIRA PAS DE VICTIMES CIVILES , TOUT LE RESTE SERA COMME LE SOUHAITE CE MONSIEUR corty.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 02, le 30 novembre 2016

Retour en haut