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Quel avenir pour Cuba après la mort de Fidel Castro ?

"Les Cubains ont déjà enterré Fidel depuis longtemps", estime un diplomate occidental qui a passé plusieurs années à Cuba.

Que va-t-il se passer à Cuba après la mort de Fidel ? "De grandes funérailles...", ironise volontiers le Cubain de la rue, pour minimiser l'impact dans le pays de la disparition du père de la Révolution cubaine. Photo AFP / JUAN MABROMATA

Que va-t-il se passer à Cuba après la mort de Fidel ? "De grandes funérailles...", ironise volontiers le Cubain de la rue, pour minimiser l'impact dans le pays de la disparition du père de la Révolution cubaine.
"Les Cubains ont déjà enterré Fidel depuis longtemps", renchérit un diplomate occidental qui a passé plusieurs années à Cuba. "Ils ont la tête tournée vers l'avenir, pour beaucoup Fidel n'est plus qu'un glorieux souvenir", ajoute-t-il sous couvert d'anonymat.

Retiré du pouvoir depuis 2006 au profit de son frère cadet Raul, Fidel Castro conservait un poids moral qu'il exerçait notamment à travers ses dizaines de "réflexions", qu'il publiait régulièrement dans la presse officielle jusqu'à ce qu'il se fasse plus discret depuis deux ans et demi.
"Fidel est consulté sur toutes les décisions importantes", assurait fin 2011 le président du Parlement cubain, Ricardo Alarcon, un des dirigeants historiques de la Révolution.
"Avec la mort de Fidel la situation politique et économique devrait s'ouvrir. Cela va retirer un poids à Raul. Il n'aura plus besoin de s'inquiéter de contredire son grand frère, une personnalité énorme", juge pour l'AFP Michael Shifter, président du centre de réflexion américain Inter-American Dialogue.

Depuis sa grave crise de santé en 2006, son image avait changé. Il avait troqué son légendaire uniforme vert olive pour un survêtement sportif et des sandales. Sa dernière apparition publique date du 13 août, à l'occasion de son 90e anniversaire, au côté de son frère Raul et du président vénézuélien Nicolas Maduro, son principal allié en Amérique latine.
Mais la figure paternelle du Lider Maximo, aussi respectée que crainte, restait omniprésente, même si, toute sa vie, Fidel Castro a soigneusement évité tout culte de la personnalité. Pas de statue, ni de grands portraits dans les rues, même si les murs sont couverts de ses slogans et la presse officielle cite quotidiennement ses grandes phrases.

 

(Lire aussi : La musique s'arrête et les Cubains pleurent leur "père" Fidel)

 

Fidélistes
Quelque 80% des Cubains n'ont jamais connu pour leader que celui qu'ils appellent "Fidel", "Le Commandant", "Le Chef" ou encore "Qui tu sais". Dans les conversations, les plus prudents l'évoquaient d'une simple caresse du menton, esquissant une barbe virtuelle et baissant la voix...

"L'immense majorité des Cubains conserve un lien personnel avec Fidel. Tant ceux qui le soutenaient, totalement ou avec des désaccords, que ceux qui voyaient en lui la cause de tous les maux à Cuba", souligne Rafael Hernandez, politologue cubain, directeur de la revue Temas.

"Je ne suis pas communiste, je suis +fidéliste+", affirment souvent les Cubains qui s'aventurent à parler politique avec des étrangers.
"L'espoir de changement va grandir chez la plupart des Cubains. La mort de Fidel va très certainement ouvrir la porte à plus de conflits et d'affrontements entre les détenteurs du pouvoir. L'arbitre suprême de tous les conflits à Cuba aura disparu. Raul aura plus d'espace, mais ses adversaires politiques également", estime Michael Shifter.

Le rapprochement historique opéré depuis fin 2014 avec Washington illustrait déjà le début de la fin du castrisme pur et dur et de l'anti-américanisme fervent de l'aîné des Castro.
Spécialiste des affaires cubaines et chercheur à l'Université du Texas, Arturo Lopez Levy est plus circonspect sur l'influence de Raul, qui a d'ores et déjà annoncé son intention de se retirer en 2018.

"Après la mort de Fidel, l'ouverture à l'économie de marché et l'éradication des plus contraignantes des dispositions communistes devraient prendre de la vitesse. Sans le charisme de Fidel, la loi du PCC ne repose plus que sur la performance économique. L'impact sur le rythme et la nature des réformes de Raul sera limité", affirme Arturo Lopez Levy. "L'après-Fidel a commencé en 2006, ce qui compte désormais c'est l'après-Raul", assure de son côté le diplomate occidental.

 

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