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Liban - Décryptage

Gouvernement : les enjeux cachés du retard

Pour la cérémonie officielle de la fête de l'Indépendance, les Libanais devront donc se contenter d'un gouvernement démissionnaire, chargé d'expédier les affaires courantes. Contrairement aux rumeurs optimistes après l'élection présidentielle et la désignation du nouveau Premier ministre, la dynamique positive n'a pas été suffisante pour former rapidement un nouveau gouvernement, sans que l'on comprenne réellement où se situe (le, ou) les nœuds.

Hier, à sa sortie du palais de Baabda, le chef du gouvernement désigné a laissé entendre que les entraves venaient du tandem chiite, Amal et le Hezbollah. Ce qui a poussé le président de la Chambre, qui mène les négociations au nom de son bloc et à la place du Hezbollah, à riposter immédiatement pour rejeter la balle dans le camp du président de la République et du Premier ministre.

Les détails changent d'un jour à l'autre, mais le noyau du problème réside dans le fait que ni Amal ni le Hezbollah ne veulent laisser la scène chrétienne sous le contrôle des Forces libanaises. Certes, les deux formations chiites ne le disent pas clairement, mais cette position se précise à mesure que le temps passe sans parvenir à aplanir les obstacles qui empêchent la naissance du gouvernement. Pour Amal et le Hezbollah, les Forces libanaises souhaitent profiter du fait que le général Aoun est devenu président de la République et que son bloc parlementaire ne peut plus que s'aligner sur sa position pour occuper la place laissée vacante par Aoun et le bloc du Changement et de la Réforme.

C'est pourquoi, selon des sources proches du mouvement Amal, les FL réclament une part ministérielle plus grande que celle qui devrait être la leur en temps normal, affirmant qu'il y a eu un accord en ce sens entre le général Aoun et Samir Geagea, lors de la conclusion de l'entente entre eux au moment où ce dernier a décidé d'appuyer la candidature de Michel Aoun à la présidence. On ne sait si un tel accord existe réellement ou non, mais il est clair que le chef de l'État ne veut rien refuser aux Forces libanaises. D'une part, parce qu'il estime naturel qu'elles aient une part plus importante que les autres formations chrétiennes dans le gouvernement en ayant contribué à l'élection présidentielle, et d'autre part parce que le président souhaite faciliter au maximum la naissance du gouvernement quitte à faire des concessions sur le fond et la forme.

Dans les milieux proches de la présidence, on pense en effet que ce gouvernement est en quelque sorte transitoire, puisque sa durée de vie est estimée à quelques mois, jusqu'après les élections législatives prévues en mai. Selon ces milieux, mener une grande bataille pour améliorer sa part au sein de ce gouvernement ne sert à rien puisqu'il est appelé à démissionner au bout de quelques mois. Par contre, la vraie bataille devrait avoir lieu lors de la formation du prochain gouvernement qui suivra les élections législatives et qui devrait refléter les résultats de ces élections sur le plan de la distribution des portefeuilles.

Les Forces libanaises, elles, ont une autre logique et elles estiment qu'il faut battre le fer tant qu'il est chaud, essayant d'obtenir en quelque sorte un retour sur investissement rapide de l'appui accordé à la candidature de Michel Aoun à la présidence en ayant une part importante au sein du gouvernement. D'abord, cela leur permettrait de confirmer ainsi leur position « d'allié privilégié » du président et en même temps d'être en position de choix pour préparer les prochaines législatives. C'est pourquoi, d'ailleurs, le plan des FL se heurte à une forte objection du camp adverse qui cherche à placer au gouvernement le courant des Marada et son chef ainsi que le parti Kataëb et son chef.

Tous ces tiraillements font partie du jeu politique interne et ils ne devraient pas être insurmontables. C'est pourquoi des sources proches du mouvement Amal estiment que le retard dans la naissance du gouvernement a aussi une autre dimension, plus cachée. Le président de la Chambre y a d'ailleurs fait allusion hier en évoquant le spectre de la loi électorale actuelle qui serait la vraie raison du blocage au niveau de la formation du cabinet. Selon les sources proches de Aïn el-Tiné, certaines parties politiques souhaiteraient soit reporter les élections législatives, soit les organiser sur la base de la loi actuellement en vigueur, parce que tout changement ne serait pas en leur faveur. Or, le président de la République a déclaré à plusieurs reprises qu'il ne voulait pas envisager l'organisation des législatives sur la base de la loi actuelle.

Toutefois, l'adoption d'une nouvelle loi électorale devrait prendre du temps. Or, plus le gouvernement tarde à être formé, plus le temps commence à manquer, sachant que le corps électoral devrait être convoqué trois mois avant la date des élections et que celles-ci en principe ne peuvent pas être organisées pendant le mois de ramadan... Selon cette logique, le retard dans la formation du gouvernement ne serait donc pas innocent et viserait soit à rendre inévitable un report dit « technique » des législatives, soit à organiser celles-ci sur la base de la loi actuelle, faute de temps pour en adopter une nouvelle et engager les préparatifs nécessaires pour son application. Comment trouver une troisième possibilité dans un laps de temps aussi court ? En principe, en formant un gouvernement dans les plus brefs délais. Mais, apparemment, toutes les parties concernées ne sont pas de cet avis...

 

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commentaires (3)

Des malfaiteurs qui méritent la potence. Point à la ligne.

Tabet Karim

14 h 44, le 22 novembre 2016

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Commentaires (3)

  • Des malfaiteurs qui méritent la potence. Point à la ligne.

    Tabet Karim

    14 h 44, le 22 novembre 2016

  • Bref : Grand Marchandage !!!! Comme d habitude.

    Kelotamam

    11 h 23, le 22 novembre 2016

  • LES ENJEUX ? TRES SIMPLES : SONT LA LATTA ET LA BATTA... TOUS VEULENT REMPLIR LES POCHES DE LATTA ET DEPLUMER ET MANGER LES BATTATES... PAUVRE PEUPLE LIBANAIS QUI SOUFFRES TOUS CES VENTRES REMPLIS MAIS TOUJOURS AFFAMES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 37, le 22 novembre 2016

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