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Moyen Orient et Monde - Conférence

Comment les valeurs chrétiennes aident à construire une économie inclusive

L'Église catholique pousse État, société civile et dirigeants d'entreprise à coopérer ensemble pour la dignité de l'homme et le bien commun.

Le pape François lors d’une audience au cours de laquelle il a rencontré les participants à la conférence intitulée « Les dirigeants d’entreprise en tant qu’agents d’inclusion économique et sociale ».

« L'argent est la fiente du diable. » C'est en ces termes crus que le pape François s'est adressé aux participants à la conférence organisée par l'Union internationale des associations de patrons chrétiens (Uniapac), qui a eu lieu au Vatican les 17 et 18 novembre.

En effet, depuis l'élection du souverain pontife, la politique sociale de l'Église n'a jamais été aussi combative. Déjà, Jean-Paul II avait régulièrement mis l'accent sur ce thème qui avait été lancé par le pape Léon XIII dans son encyclique Rerum Novarum (Les choses nouvelles), publiée en 1891, première encyclique sociale.

La crise économique qui a ébranlé les pays occidentaux depuis 2008 a accentué les critiques du système financier mondial, fondé sur un libéralisme sauvage, alors que le système économique communiste a déjà prouvé dans les faits son échec.

Entre-temps, d'autres crises sont venues s'ajouter au chômage et à la situation précaire qui touchent des millions d'individus à travers le monde. La crise des réfugiés qui a frappé de plein fouet l'Europe et les pays limitrophes des conflits syriens, irakiens et yéménites n'ont fait qu'accentuer la misère, la pauvreté, mais aussi l'intolérance, la xénophobie et la montée des partis d'extrême droite et des dirigeants populistes.

 

Trois risques majeurs
Face à ce sombre tableau, l'Église catholique tente tant bien que mal, à travers son autorité morale et sa diplomatie active, de créer un environnement favorable au dialogue, aussi bien au niveau politique que social. D'où l'initiative prise par le conseil pontifical justice et paix, en collaboration avec Uniapac, d'organiser une conférence autour du thème Les dirigeants d'entreprise en tant qu'agents d'inclusion économique et sociale.

Dans son allocution, le pape a ainsi mis en garde les entrepreneurs et hommes d'affaire présents contre trois risques majeurs relatifs à l'usage de l'argent, à l'honnêteté et à la fraternité. Le souverain pontife ne cesse de répéter que la finalité de l'économie est de servir l'homme et non pas l'argent. Il dénonce par la suite la corruption et les conséquences qu'elle génère, avant de revenir sur la lettre encyclique Centesimus Annus, de Jean-Paul II, qu'il cite: « Avant même la logique des échanges à parité et des formes de justice qui les régissent, il y a un certain dû à l'homme parce qu'il est homme, en raison de son éminente dignité. Ce dû comporte inséparablement la possibilité de survivre et celle d'apporter une contribution active au bien commun de l'humanité. » (art.34).

 

La dignité humaine
En effet, la dignité humaine est un thème récurrent dans la doctrine sociale de l'Église catholique. Pour ce faire, estime José Maria Simone, président d'Uniapac International, « la coopération entre l'État, la société civile et les dirigeants d'entreprises est essentielle pour identifier les moyens de construire ensemble une économie durable et inclusive ».

Les critiques du système financier actuel sont nombreuses, notamment le fait que l'argent et l'économie ne sont pas neutres. Il y a des valeurs à préserver et à défendre. Pour l'archevêque de Birmingham David Urquhart, « les méthodes classiques ont prouvé leur échec. On n'a pas besoin de mesurer et d'analyser. Il faut imaginer un monde nouveau ». Faut-il alors réformer le modèle libéral actuel, ou bien créer un modèle alternatif ? Qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre, il est en tout cas grand temps de mettre l'économie au service de l'homme, et non inversement.

Évidemment, les problèmes diffèrent d'un État à un autre, d'une région à une autre. Trouver des emplois reste toutefois une priorité. Mais le contexte dans les pays industrialisés européens n'est pas le même que dans les pays en développement, notamment l'Afrique et l'Amérique latine. Les problèmes encourus à cause de l'afflux massif de réfugiés sont autres que ceux intrinsèques au système en général, à savoir l'éducation et le marché du travail.

 

Comment changer
Mais au-delà des discours théoriques autour du dialogue social, les intervenants ont mis l'accent sur leur expérience personnelle afin de trouver des réponses pratiques et des modèles à suivre pour les dirigeants soucieux d'aboutir à un processus au service du bien commun. Ainsi, le premier défi auquel doivent faire face les chefs d'entreprise est la recherche du gain à court terme. Les dirigeants des entreprises sont souvent soumis à des pressions énormes de la part des investisseurs pour avoir des résultats positifs rapides à court terme. L'une des idées maîtresses serait donc de persuader les investisseurs de donner aux dirigeants d'entreprise le temps, et de leur permettre de réfléchir à long terme.

 

Un changement culturel
Le second défi serait de changer les mentalités. Un mouvement sociétal commence en effet à prendre forme dans plusieurs pays où les investisseurs exigent de plus en plus d'investir dans des affaires où la protection de l'environnement et les valeurs éthiques sont respectées.
Un autre acteur peut jouer un rôle important pour infléchir les entreprises à suivre une politique sociale responsable (CSR, corporate social responsibility), il s'agit des clients. Ces derniers, explique Jean-Marc Borello, président du groupe SOS France, deviennent de plus en plus conscients et exigeants, choisissant leur produit selon des critères de fabrication stricts relatifs aussi bien à l'éthique qu'à l'environnement.
Un troisième acteur peut jouer aussi un rôle important. Il s'agit des salariés, s'ils ont évidemment les moyens et la chance de choisir leur emploi. C'est le cas de la génération Y, ces jeunes Occidentaux nés dans les années 80 et 90, appelés aussi les millenials. Ces derniers cherchent souvent (dans 90 % des cas) de travailler dans des entreprises qui mettent en avant la cause avant le profit.

 

Success story
Jean-Marc Borello, élu entrepreneur social de l'année, revient ainsi sur le succès de son groupe, créé il y a 32 ans et qui comprend aujourd'hui 15 000 salariés, avec une croissance annuelle de 20 %. Son secret est simple: être à l'écoute des besoins de la société combinée à la forme associative de son groupe où il n y a pas de dividendes à remettre aux actionnaires, mais où il doit rendre compte des résultats sociaux et environnementaux.
Entre exemples pratiques et idées théoriques, l'idée-clef serait donc bien de mettre l'économie au service de l'intérêt général.

 

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« L'argent est la fiente du diable. » C'est en ces termes crus que le pape François s'est adressé aux participants à la conférence organisée par l'Union internationale des associations de patrons chrétiens (Uniapac), qui a eu lieu au Vatican les 17 et 18 novembre.
En effet, depuis l'élection du souverain pontife, la politique sociale de l'Église n'a jamais été aussi combative....

commentaires (2)

PAUVRE PAPE IL PARLE DE DEGNITE ET DE FOI A CEUX QUI S,EN FOUTENT CARREMENT... IL REVE DANS CE MONDE MATERIEL !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 27, le 21 novembre 2016

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Commentaires (2)

  • PAUVRE PAPE IL PARLE DE DEGNITE ET DE FOI A CEUX QUI S,EN FOUTENT CARREMENT... IL REVE DANS CE MONDE MATERIEL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 27, le 21 novembre 2016

  • Trop peu connue, malheureusement, il existe une "doctrine sociale de l'Eglise" Un chef de cellule du parti communiste, me montrant dans sa bibliothèque une collection des encycliques sociales des différents papes, me disait: "Si tout cela était appliqué, je ne serais pas communiste. Il n'y airait vraisemblablement même pas de communisme!"

    Yves Prevost

    07 h 18, le 21 novembre 2016

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