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Économie - États-Unis

La réglementation financière dans le collimateur de Trump

La loi Dodd-Frank régule l’ensemble du secteur financier afin d’éviter une répétition des errements ayant conduit à la banqueroute de la banque Lehman Brothers en 2008. Nicholas Roberts/AFP

Donald Trump promet d'abroger une loi emblématique votée après la crise financière de 2008 mais Wall Street elle-même reste circonspecte sur les intentions du nouveau président républicain. Si Trump affirme vouloir en finir avec le Dodd-Frank Act et dit travailler à le « remplacer par de nouvelles politiques pour encourager la croissance économique et la création d'emplois », il reste cependant avare de détails sur la manière dont il entend procéder.
La loi Dodd-Frank, réponse de 848 pages de l'administration Obama à la crise financière, régule l'ensemble du secteur financier et a pour objectifs d'éviter une répétition des errements ayant conduit à la banqueroute de la banque Lehman Brothers et de mettre fin au « Too big to fail » (banques trop grosses pour faire faillite).
D'après une source bancaire proche de M. Trump, le nouveau président envisage de réduire les pouvoirs de l'agence de protection des consommateurs (CFPB), créée par la loi, et affranchir les banques régionales du carcan réglementaire. Il entend aussi modifier la qualification de SIFI (Systemically Important Financial Institution), attribuée aux établissements posant un risque à l'ensemble du système financier. Contesté par le secteur pour son manque de transparence, le label SIFI soumet une institution financière à une surveillance accrue et à des minima de capitaux propres importants. Le changement le plus symbolique dans les tuyaux est la disparition, selon cette source, de la règle Volcker, qui limite la spéculation pour compte propre et force les grandes banques à se délester de certains produits financiers spéculatifs mais lucratifs.
Depuis sa mise en place, la loi Dodd-Frank a été dénoncée par le secteur financier, qui estime qu'elle l'asphyxie, l'empêche de créer des emplois et de financer l'économie réelle.

Soutien de l'opinion publique
Présentée jusqu'à maintenant comme une garantie contre les excès du secteur financier, la loi suscite généralement le soutien de l'opinion publique. « Changer de discours sur Dodd-Frank ne sera pas simple », prévient Christopher Whalen, expert chez KBRA. Pour Richard Bové chez Rafferty, « tout changement de règles doit commencer par la Réserve fédérale. Les individus associés à l'élaboration de ces règles à la Fed doivent partir ».
En attendant, le vent de la dérégulation a conforté en Bourse les actions des banques, déjà dopées par les espoirs d'une remontée des taux d'intérêt. L'indice KBW a gagné 7,5 % depuis le 9 novembre, au lendemain de l'élection. À Wall Street, le consensus semble plutôt s'orienter vers une modification de la loi et non son abrogation. « Il faut un équilibre : nous ne sommes pas contre la régulation mais nous ne voulons pas qu'elle aille trop loin », déclare sous le couvert de l'anonymat à l'AFP un grand banquier.
La dizaine de grands banquiers interrogés par l'AFP s'accordent pour dire que la loi Dodd-Frank a permis aux banques américaines d'assainir leurs bilans et d'être plus solides. « Ce serait approprié de songer à abroger » certains pans de Dodd-Frank « mais pas la loi dans sa totalité », a déclaré la semaine dernière Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs.
Outre le coût d'un abandon de la loi, puisque les banques ont investi des milliards de dollars pour se conformer à la gestion des risques imposée par Dodd-Frank, les grands banquiers américains font valoir que les établissements resteront soumis aux règles internationales telles Bâle III.
Ils veulent également juger sur pièces la nouvelle administration : « Il ne faut pas oublier que les républicains sont ceux dont le projet en août prévoyait le rétablissement du "Glass Steagall act" », avertit un grand banquier. Cette autre loi emblématique des années 1930 a imposé jusque dans les années 1990 la séparation des banques de dépôt et d'investissement. Elle avait été abrogée par le président démocrate Bill Clinton.
Le nouveau président va aussi pouvoir agir sur la réglementation financière par le biais du remplacement de la direction de la SEC, le gendarme de la Bourse américaine. Son actuelle présidente, Mary Jo White, a annoncé lundi qu'elle ne resterait pas à son poste au-delà de la fin du mandat du président Obama.

Luc OLINGA/AFP

Donald Trump promet d'abroger une loi emblématique votée après la crise financière de 2008 mais Wall Street elle-même reste circonspecte sur les intentions du nouveau président républicain. Si Trump affirme vouloir en finir avec le Dodd-Frank Act et dit travailler à le « remplacer par de nouvelles politiques pour encourager la croissance économique et la création d'emplois », il...

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