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Liban

Présentation d’un ouvrage consacré à l’actualité du penseur Thorstein Veblen

De gauche à droite : Eberhard Kienle, Boutros Labaki, Mohamad K. Salhab et Jérôme Maucourant.

Samedi soir au Salon du livre francophone de Beyrouth, l'une des salles de conférences était pleine lors de la présentation de L'actualité de Veblen, un ouvrage dont le nom aurait pourtant pu rebuter le grand public. Issu d'un colloque qui s'était tenu à Beyrouth les 8 et 9 juin 2015, le livre propose une grille de lecture renouvelée de l'économie, où les institutions et la société jouent un rôle de premier plan. Une heure durant, les deux codirecteurs de l'ouvrage, l'épistémologue libanais Mohammad K. Salhab et l'économiste français Jérôme Maucourant, présentent le livre, accompagnés de l'économiste libanais Boutros Labaki et du directeur de l'Institut français du Proche-Orient, Eberhard Kienle.
Au sein de l'ouvrage, publié aux Presses de l'Ifpo, neuf textes d'auteurs différents sont réunis. La première partie du livre est consacrée à l'étude de la pensée de Veblen, tandis que la seconde applique sa grille de lecture à des sociétés contemporaines, notamment le Liban, la Syrie et l'Algérie. Ainsi, pour Abdallah Zouache, les défaillances des économies algérienne et libanaise s'expliquent par la perpétuation d'institutions issues de l'héritage colonial. Boutros Labaki, professeur à l'Université libanaise, fait apparaître dans sa contribution le rôle central des évolutions des institutions politiques dans les évolutions des économies du Machrek ottoman puis arabe du XVIIIe siècle à aujourd'hui.
L'économiste et sociologue américano-norvégien Thorstein Veblen a vécu de la fin du XIXe au début du XXe siècle. Il a insisté dans ses écrits sur le rôle de l'évolution des sociétés dans les transformations économiques. Il s'oppose à la théorie dominante qui présente un système statique équilibré par le marché et pense la société dans son évolution, dans la foulée des théories de Darwin. Si l'auteur a été en partie oublié aujourd'hui, il a pourtant écrit de nombreux textes sur des sujets extrêmement variés tels que les prix, l'enseignement supérieur ou encore la paix.

Un cadre d'analyse d'actualité
Pour Jérôme Maucourant, le contexte du Liban contemporain se rapproche de celui qu'a connu Veblen. « Le Liban d'aujourd'hui est un système postindustriel très financiarisé, ses réflexions sont donc pertinentes aujourd'hui », rappelle-t-il. L'historienne Nadine Méouchy, directrice des Presses de l'Ifpo, qui avoue avoir été « une éditrice exigeante », voit en Veblen un précurseur : « Les idéologies du XXe ne pensaient pas la société, contrairement à lui. De fait, après leur échec, c'est un auteur qui redevient pertinent. »
Dans la salle, un spectateur attentif interroge les auteurs sur leur analyse de la résistance du Liban à la crise financière de 2008. Jérôme Maucourant, qui s'avoue non spécialiste de l'économie libanaise, avance prudemment l'idée d'une faible ouverture du Liban aux innovations financières qui alimentent l'instabilité des marchés. Mohammad K. Salhab évoque quant à lui « la sagesse du président », provoquant quelques rires alors que Michel Sleiman avait pris place dans la salle quelques minutes plus tôt.
Lors de la signature de l'ouvrage qui suit la présentation, Jérôme Maucourant avoue le sourire aux lèvres n'avoir jamais dédicacé autant d'exemplaires pour un ouvrage de ce genre, preuve selon lui d'un intérêt des visiteurs du Salon pour une autre approche de l'économie.

C.D.

Samedi soir au Salon du livre francophone de Beyrouth, l'une des salles de conférences était pleine lors de la présentation de L'actualité de Veblen, un ouvrage dont le nom aurait pourtant pu rebuter le grand public. Issu d'un colloque qui s'était tenu à Beyrouth les 8 et 9 juin 2015, le livre propose une grille de lecture renouvelée de l'économie, où les institutions et la société...

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