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Moyen Orient et Monde - Focus

Un an après les attentats du 13 novembre, la France s’est durcie

Le 16 novembre 2015, des soldats patrouillant devant la cathédrale Notre-Dame à Paris. Patrick Kovarik/AFP

État d'urgence, mesures sécuritaires inédites, crispations à l'égard de la communauté musulmane : un an après la mort de 130 personnes dans les attentats parisiens du 13 novembre 2015, la France, ciblée depuis par d'autres attaques jihadistes, s'est durcie.
Le président François Hollande a beau répéter que la France ne « doit jamais renoncer à vivre comme nous le voulons », le pays vit désormais en permanence sur ses gardes. « L'insouciance a disparu, tout simplement », résume Carole Florent, 51 ans, habitante de la banlieue parisienne. Le carnage dans la salle de spectacle du Bataclan, aux terrasses de cafés et restaurants a traumatisé les Parisiens, même si la vie festive a repris. L'attaque à Nice le 14 juillet (86 morts, dont des enfants) puis le meurtre d'un prêtre catholique dans une petite ville du Nord-Ouest, le 26 juillet, ont donné une dimension nationale à la menace. « On prend conscience maintenant qu'on n'est plus en sécurité nulle part », s'inquiète Christiane, 75 ans, qui a échappé de peu à l'attaque au camion sur la Promenade des Anglais à Nice.
Conséquence immédiate des tueries du 13 novembre : l'état d'urgence, toujours en vigueur. Du jamais-vu depuis la guerre d'indépendance de l'Algérie il y a soixante ans. Ce régime d'exception permet à l'autorité administrative de restreindre les libertés sans passer par l'autorité judiciaire. Perquisitions, assignations à résidence, écoutes, surveillance des sites sensibles...
Le durcissement est également visible dans les rues, où l'on croise des patrouilles de militaires armés jusqu'aux dents. Des policiers ont même été déployés sur les plages cet été tandis que des foires et événements sportifs ont été annulés en cascade. Les touristes se sont raréfiés. Avec la peur des attentats, la sécurité a été renforcée à l'abord des écoles, les élèves ont suivi des exercices de confinement, les plus âgés ont obtenu le droit de fumer dans l'enceinte des établissements pour limiter les sorties. Les enfants « ont intégré le mode de vie sécurisé », assure le pédopsychiatre Marcel Rufo. Les Français de tout âge ont été incités à suivre des cours de secourisme, avec un succès croissant. Depuis le début de l'année, près de 80 000 personnes ont été formées aux « gestes qui sauvent ».

« Apaiser le climat »
Parallèlement, l'image du vivre-ensemble s'est fissurée. Fini le « tous unis » brandi par des millions de Français lors d'un rassemblement historique après les attaques de janvier 2015 contre le magazine satirique Charlie Hebdo, des policiers et un supermarché casher (17 morts). Une vive polémique cet été sur le port du burkini a illustré les crispations identitaires. Au nom de la laïcité, certains maires du littoral méditerranéen ont interdit cette tenue de bain intégrale, adoptée par certaines musulmanes avant que la justice ne s'y oppose. La parole raciste s'est libérée au fil des mois avec une radicalisation des discours politiques dès le début de la campagne pour la présidentielle de 2017. Propulsé au centre de tous les débats : l'islam.
Décrivant son « chagrin et une impuissance totale », l'écrivain franco-marocaine Leïla Slimani, nouvelle lauréate du prestigieux prix Goncourt, résume avec amertume « l'ambiance qui s'est installée : les musulmans français ne sont donc plus chez eux ».
En septembre, l'ex-Premier ministre Alain Juppé, favori à la primaire de droite, a appelé à « apaiser le climat » : « Le simple mot "musulman" suscite une hystérie disproportionnée ! » Et d'ajouter : « Si nous continuons comme ça, nous allons vers une guerre civile. »
Le président socialiste, au tréfonds de l'impopularité, défend aussi le respect des valeurs démocratiques et l'état de droit, comme remparts à la « barbarie » jihadiste. Mais le thème de l'identité fait florès dans les débats à droite et à l'extrême droite, la définition de la laïcité suscite d'interminables débats. Et la menace d'attentats perdure. En septembre, la découverte à Paris d'une voiture chargée de bonbonnes de gaz a entraîné le démantèlement d'un « commando de femmes » aux ordres du groupe État islamique. Plusieurs adolescents ont été arrêtés, soupçonnés de vouloir passer à l'acte sous l'influence d'un jihadiste français recrutant par messagerie cryptée depuis la zone irako-syrienne. « On a assisté à une addition de peurs singulières et, en même temps, une montée en puissance de ceux qui vivent sur la peur », souligne l'historien Benjamin Stora. Mais, en dépit des « annonciateurs de l'apocalypse », « la France continue d'avancer ».

(Source : AFP)

État d'urgence, mesures sécuritaires inédites, crispations à l'égard de la communauté musulmane : un an après la mort de 130 personnes dans les attentats parisiens du 13 novembre 2015, la France, ciblée depuis par d'autres attaques jihadistes, s'est durcie.Le président François Hollande a beau répéter que la France ne « doit jamais renoncer à vivre comme nous le voulons », le...

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