Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Un peu plus

Cluedo syndrome

Lorsqu'un homme ou une femme sont en phase de séduction, les informations qu'ils avancent ne sont pas toujours les plus sincères. Normal. On ne va pas dire à une femme qu'on se fait larguer à chaque fois et on ne dira pas à un homme qu'on crève d'envie de se marier. Non. On jouera la femme libre, inatteignable, complexe, indépendante, pour ne pas lui faire peur ; et une fois l'homme à genoux, on l'obligera à se marier. On ne raconte pas non plus lors d'un premier date qu'on est un cœur d'artichaut qui s'effondre en larmes parce qu'à chaque fois, on se fait méchamment quitter par sa meuf. On évite ce genre de détails. Tous les détails.

L'abstinence sexuelle de plusieurs mois, les problèmes intestinaux chroniques, nos habitudes de vieille fille et de vieux garçon ou nos déboires au boulot. On ne raconte pas ce genre de choses, mais bel et bien leur contraire. On fait le paon (mnenfokh bi richna), raconte ses exploits (sexuels, professionnels, relationnels, sportifs) et on enjolive la vérité. On ment même. Sauf que « la corde du mensonge est courte », comme on dit. Et qu'on vit dans un pays minuscule, avec des gens minuscules, un esprit minuscule.

Donc, on sait quasiment tout sur quelqu'un(e) avant de le/la rencontrer. C'est juste que le Liban, c'est un peu comme sur Tinder ou sur Facebook : on a des friends in common. Mais alors, est-ce que c'est bien d'avoir ces amis en commun ? Ou au contraire, il vaudrait mieux ne pas écouter ces vecteurs d'informations ?
Ces rapporteurs de racontars ? Ces âmes charitables et bien intentionnées ? Faut-il tout savoir de l'autre, avant même de l'avoir mis(e) dans son lit? Avant même un premier drink, un deuxième dîner, un thé, une glace, une kazdoura ? Le problème, c'est que c'est une situation à double tranchant. D'un côté, mieux vaut prévenir que guérir. De l'autre, on ne laisse pas le mystère faire son affaire. Alors, dès le départ, les données sont biaisées. Ce type est-il véritablement un womanizer ? Cette fille est-elle vraiment célibataire depuis 4 ans ? Est-il nul au lit, comme on me l'a dit ? Est-elle vénale, comme on l'a sous-entendu ? Allez savoir faire la part du vrai et du faux, quand on sait que le potinage est le sport national libanais et quand on sait aussi que chacun a ses raisons pour déblatérer sur l'autre. Un ex-éconduit qui veut se venger. Une fille trop torchée pour assurer à 3 heures du matin. Une fille qui n'arrive pas à garder un mec. Une ex-jalouse de la nouvelle recrue. Un type frustré, la tante d'une amie, une quadragénaire envieuse, un jeune homme qui veut faire bonne impression en faisant croire qu'il détient les clés de tous les secrets de la ville... Allez trouver le coupable dans ce furn où il n'y a pas que des nesswen. C'est le colonel Moutarde, avec le chandelier, dans la bibliothèque. Et ce n'est qu'une hypothèse. Parce que ça pourrait tout à fait être tante Rose, avec WhatsApp, chez le coiffeur ; ou encore l'ex-mari, avec une bouteille de vodka, au O1ne. Ou les 2.

Alors, on fait quoi ? On fait comment ? Parce que quelque part, c'est bien de savoir que « ce type est un salaud profiteur » avant de s'embarquer avec lui. Qu'« elle aime les sugardaddys et qu'elle est prête à tout pour arriver à ses fins ». Bien, de se protéger, au cas où ça tourne mal. De se protéger tout court. Certes, mais si tout était faux. Si cette pauvre fille attise la jalousie parce qu'elle est jolie, tout simplement. Qu'elle est libre et qu'elle se fout de ce qu'on peut raconter. Que ce n'est pas vrai que c'est une sotte, parce que celui ou celle qui l'a dit n'a jamais eu une conversation de plus de 3 minutes avec elle.
Et vice versa. Non, ce n'est pas la plus belle femme du monde finalement. Non, elle n'est pas géniale. Non, ce n'est pas un gentleman. Ni un grand seigneur. Loin de là. Et il ne s'agit pas seulement d'une situation compliquée d'un point de vue amoureux. Dans tous les cas de figure, notre avis peut être erroné. Si on nous dit que ce futur patron est affreux, que cette connaissance est une mytho, que notre collègue est un cafteur. Un homme/une femme averti(e) en vaut deux. Et un homme/une femme averti(e) a un 6e sens. Et il faut savoir l'écouter lui aussi.

Lorsqu'un homme ou une femme sont en phase de séduction, les informations qu'ils avancent ne sont pas toujours les plus sincères. Normal. On ne va pas dire à une femme qu'on se fait larguer à chaque fois et on ne dira pas à un homme qu'on crève d'envie de se marier. Non. On jouera la femme libre, inatteignable, complexe, indépendante, pour ne pas lui faire peur ; et une fois l'homme à...

commentaires (1)

Ca me rappelle les "tu oses ou tu dis la verite" de mes 13 ans, au crepuscule, sur la jettee du Saint-Georges, avant la trempette au clair de lune ... Ca eclaircissait beaucoup de choses et rapidement ...

Remy Martin

19 h 38, le 12 novembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Ca me rappelle les "tu oses ou tu dis la verite" de mes 13 ans, au crepuscule, sur la jettee du Saint-Georges, avant la trempette au clair de lune ... Ca eclaircissait beaucoup de choses et rapidement ...

    Remy Martin

    19 h 38, le 12 novembre 2016

Retour en haut