Même si les négociateurs restent discrets sur les détails de la formation du nouveau gouvernement, les responsables se déclarent optimistes. Apparemment, les principales tractations sont effectuées par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et le chef du cabinet du Premier ministre, Nader Hariri. Chacun des deux hommes en réfère directement au chef de l'État et au président du Conseil, ainsi qu'au conseiller du président de la Chambre, le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, et au Hezbollah en la personne du conseiller politique du secrétaire général, Hussein Khalil. Les discussions sont pratiquement ininterrompues et selon les milieux qui suivent ce dossier, il n'y aurait pas d'obstacles majeurs, même si certaines exigences entravent la naissance rapide du gouvernement et exigent des discussions plus poussées. Ce qui est désormais certain, c'est que le gouvernement sera formé de 30 ministres, 24 avec des portefeuilles et six ministres d'État.
Jusqu'à présent, il semble clair que la part du CPL au sein du gouvernement sera la suivante : les ministres actuels Gebran Bassil et Élias Bou Saab ainsi que le coordinateur du parti, Pierre Raffoul. M. Bassil resterait probablement aux Affaires étrangères ou alors un ministère d'État chargé de la Coordination entre la présidence et le gouvernement pourrait être créé et lui être confié. Dans ce cas, Élias Bou Saab prendrait en charge la diplomatie. Rien n'est encore tranché à ce sujet.
(Lire aussi : Deux « retards techniques » se profilent à l’horizon, la situation de Fady NOUN)
Concernant la part du chef de l'État, elle serait de trois ministres, Issam Farès qui prendrait en charge le ministère de la Défense et la vice-présidence du Conseil, ainsi que Fayçal Karamé. Le nom de la troisième personnalité n'a pas encore été révélé, ainsi que les portefeuilles qui seront attribués. L'ancien vice-président du Conseil Issam Farès, qui est spécialement revenu au Liban après plusieurs années d'absence pour féliciter le président Aoun à la suite de son élection, aurait donné hier son accord pour prendre en main la Défense. Le nom du général Chamel Roukoz qui avait été avancé pour ce maroquin a donc été finalement écarté, sachant que ce dernier souhaite se présenter aux élections législatives prévues en mai.
Les Forces libanaises devraient avoir trois ministres, l'un d'eux étant le ministre du Tourisme, Michel Pharaon. On parle aussi de Melhem Riachi à la Culture et de Ghassan Hasbani à l'Énergie. À ce sujet, il faut préciser que les Forces libanaises avaient commencé par réclamer un portefeuille régalien. Elles se sont ensuite rétractées, après avoir essuyé une forte opposition, non pas tant à cause de l'existence de vetos mais plutôt parce que le partage des portefeuilles régaliens est difficile à remettre en cause dans le contexte actuel : deux au chef de l'État, la Défense et les Affaires étrangères, un au courant du Futur, l'Intérieur, et un au mouvement Amal, les Finances.
(Lire aussi : S. Gemayel : Meerab bloque le cabinet pour nous en écarter)
Les Kataëb auraient un ministre ainsi que le courant des Marada (on parle ici de Bassam Yammine). Les tractations sont quelque peu ardues, car chaque partie demande un portefeuille « important », surtout à la veille des législatives.
Du côté du Futur, il semble acquis que le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk restera à son poste, alors que l'ancien député Ghattas Khoury et le député Samir Jisr devraient faire partie de la nouvelle équipe, ainsi que Mohammad Choucair, président de la Chambre d'industrie et de commerce de Beyrouth. D'autres sources parlent d'Ahmad Hariri mais il n'y a pas de confirmation claire. Ce qui semble sûr, c'est que ni Ahmad Fatfat, ni Fouad Siniora, ni Mohammad Kabbani ne seront au gouvernement. Le Premier ministre voudrait aussi désigner un ministre chiite. Ce qui signifierait que le tandem Amal-Hezbollah devrait de son côté disposer d'un ministre sunnite.
Les deux grandes formations chiites devraient donc choisir 4 chiites sur six, deux au Hezbollah, deux à Amal, le dernier chiite devant aller au PSNS. Les noms n'ont pas encore été divulgués mais on parle du maintien de Mohammad Fneich, alors que le second nom du Hezbollah pourrait changer. Concernant Amal, aucun nom n'a été confirmé et il se pourrait même que le ministre des Finances ne soit pas Ali Hassan Khalil, même s'il sera désigné par le président de la Chambre, Nabih Berry. Le sunnite désigné par Amal et le Hezbollah pourrait bien être l'ancien ministre Abdel Rahim Mrad.
Chez les druzes, il n'y a plus de suspense : Walid Joumblatt a choisi donc Marwan Hamadé et Ayman Choucair alors que Talal Arslane pourrait désigner Marwan Kheireddine. Il reste encore à identifier les deux ministres arméniens (un proche du courant du Futur et un autre choisi par le Tachnag), le quatrième grec-orthodoxe et deux maronites. Mais l'équipe commence à prendre forme, même si les tiraillements se poursuivent sur la distribution des portefeuilles.
Le suspense ne devrait pas trop se prolonger car les sources proches de Baabda et du Sérail continuent à se déclarer optimistes sur la formation du gouvernement avant la fête de l'Indépendance le 22 novembre.
Lire aussi
Passe-moi le fromage, le billet de Gaby NASR
Aoun : Je veillerai à l’application des termes de mon discours d’investiture
Déception féminine à l’égard des tractations autour du gouvernement
commentaires (4)
Une honte! Tout cela donne l'impression que les politiciens sont entrain de se partager un fromage. La part du President, la part de Istez Nabeuh, la part des FL etc etc. Vraiment une democratie a envier......
IMB a SPO
20 h 25, le 11 novembre 2016