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Économie - Focus

Le Mexique frappé par « l’ouragan Trump »

« Pour le moment, nous gagnons déjà moins d’argent qu’hier », déplorait un Mexicain, partisan de Hillary Clinton, devant la chute du peso. Edgar Garrido/Reuters

La victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine a eu l'effet d'un ouragan sur les marchés mexicains, faisant chuter la Bourse et le peso, mais les autorités se sont voulues rassurantes.
« Le Mexique et les États-Unis sont amis, partenaires et alliés qui doivent continuer de collaborer pour la compétitivité et le développement de l'Amérique du Nord », a écrit le président mexicain Peña Nieto sur Twitter.
Moins confiante, la Bourse mexicaine a chuté de 2,23 % et le peso a plongé de 7,18 % à la fermeture, dans la crainte de conséquences pour l'économie du pays.
Dans le même temps, la ministre des Affaires étrangères Claudia Ruiz Massieu a déclaré sur la chaîne Televisa que « payer un mur (frontalier) n'était pas envisagé ».
Dès son entrée en campagne, Trump a annoncé qu'il ferait construire un « mur géant » le long de la frontière avec le Mexique pour empêcher l'immigration clandestine. La construction, chiffrée entre 10 et 12 milliards de dollars, sera financée par le Mexique, a-t-il affirmé en se disant prêt, dans le cas contraire, à « saisir » les sommes que les Mexicains sans papiers installés sur le territoire des États-Unis transfèrent aux membres de leur famille restés dans leur pays d'origine. Il pourrait aussi relever les frais de visa, appliquer des taxes sur les produits mexicains ou réduire les sommes versées au titre de l'aide internationale.
Trump s'est également engagé à renégocier l'accord de libre-échange nord-américain (Alena), signé avec le Mexique et le Canada en 1994, trop favorable à ses yeux au voisin du Sud.

« Ça ressemble à un cauchemar »
Les Mexicains accusaient le coup après l'élection de celui qui a bâti sa campagne sur des diatribes contre eux. « Je me sens triste, très triste, ça ressemble à un cauchemar », commentait Erick Sauri, un architecte de 35 ans, qui arborait un tee-shirt « Hillary Clinton for president » (« Hillary Clinton présidente ») après avoir suivi l'élection dans un restaurant de la capitale. « Pour le moment, nous gagnons déjà moins d'argent qu'hier », déplorait-il devant la chute du peso.
Le ministre des Finances José Antonio Meade a de son côté tenu à rassurer, indiquant que l'économie mexicaine avait la « force » suffisante pour affronter la « volatilité » des marchés. Le ministre a affirmé que l'élection n'avait pas d'impact immédiat sur le commerce, les flux financiers et les mouvements de personnes. Selon lui, le Mexique possède une inflation sous contrôle, des réserves s'élevant à 175,1 milliards de dollars et une stabilité macroéconomique.
Il a ajouté que la solidité des institutions financières publiques et privées avait permis au gouvernement d'éviter de prendre « des actions prématurées anticipant des événements dont nous ne savons rien pour le moment ».
« Le Mexique a traversé des défis liés à la volatilité dans le passé avec unité, nous appuyant sur notre solidité économique et en prenant les mesures politiques adéquates et prudentes, et ce sera de nouveau le cas », a déclaré M. Meade au Palais national.
Le directeur de la Banque centrale, Agustin Carstens, avait lui comparé en septembre une victoire de Trump à un ouragan de catégorie 5 frappant le Mexique.
« L'arrivée au pouvoir de Trump augmente l'incertitude au Mexique du fait de ses liens économiques étroits avec les États-Unis », avait aussi analysé l'agence de notation Fitch Ratings.
Selon Jonathan Heath, un expert économique réputé au Mexique, le peso va poursuivre sa chute à court terme.
« Nous sommes en état de choc, et, dans un sens, les marchés reflètent cela », a-t-il commenté à l'AFP.
Mais, selon l'expert, la principale menace pour le pays porte sur une remise en question de l'Alena.
En 2015, les échanges entre les pays ont atteint 531 milliards de dollars et 80 % des exportations mexicaines prennent la direction des États-Unis.
« Le Mexique est le pays qui a le plus à perdre au niveau mondial », selon Jonathan Heath.
Les devises expédiées au Mexique par les migrants installés aux États-Unis constituent un autre flux crucial pour l'économie : sur les huit premiers mois de l'année, ce montant en devises s'est élevé à 17,7 milliards de dollars.
« À très court terme, ces envois pourraient s'accroître », selon M. Heath, les familles pouvant espérer tirer immédiatement avantage de la faiblesse du peso dans un contexte d'incertitude face à l'avenir.
« L'OLJ » avec Jennifer GONZALEZ COVARRUBIAS, Sylvain ESTIBAL/AFP

La victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine a eu l'effet d'un ouragan sur les marchés mexicains, faisant chuter la Bourse et le peso, mais les autorités se sont voulues rassurantes.« Le Mexique et les États-Unis sont amis, partenaires et alliés qui doivent continuer de collaborer pour la compétitivité et le développement de l'Amérique du Nord », a écrit le...

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