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Moyen Orient et Monde - Pendant ce temps à Alep...

« Personnellement, j’aime bien Trump, car il vous dit franchement qu’il vous hait, pas comme Obama »

Dans les quartiers est et ouest de la deuxième ville de Syrie, ravagée, la victoire du président américain élu divise...

Des rebelles à Alep regardant sur leur smartphone les résultats de l’élection américaine, hier. Abdelrahman Ismail/Reuters

Cette fois-ci, c'est Alep qui a regardé l'Amérique.

Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la victoire surprise de Donald Trump, dans la deuxième ville de Syrie, véritable épitomé de la guerre, la nouvelle a décontenancé certains, mais en a réjoui d'autres. C'est notamment la défaite de son opposante qui a fait réagir, tous les sondages donnant Hillary Clinton favorite.

Véritable bête noire des partisans du régime de Bachar el-Assad, elle avait promis qu'en cas de victoire, elle ferait de la question du départ du président syrien l'une de ses priorités. Du côté de la rébellion, la candidate démocrate était très largement attendue pour succéder à Obama, considéré par la population comme quelqu'un d' « attentiste », de « bonimenteur », ne sachant pas sur quel pied danser. Une chose est sûre, à l'ouest comme à l'est d'Alep, la politique de Donald Trump sur la Syrie sera, dans les mois à venir, scrutée de très près.

 

(Lire aussi : Quel Donald Trump gérera le Moyen-Orient ?)

 

Hillary « le bourreau »
À l'ouest, sous contrôle du régime, les réactions oscillent entre désillusion et soulagement. « Autour de moi, j'entendais ce matin (hier) que, de toute façon, les deux candidats se valent. Lui (Trump) ou un autre, ça ne changera rien pour nous », raconte Jack, 22 ans, contacté via WhatsApp. « Mais je suis quand même rassuré que Clinton ait perdu, car elle est contre le régime, et moi je suis absolument contre cette idée », poursuit-il. Hala, étudiante, a accueilli la nouvelle avec indifférence. « Pourquoi Trump devrait-il être une bonne nouvelle ? Est-ce qu'il va changer quelque chose à notre situation ? Clinton et Trump, c'est kif-kif pour moi », ajoute-t-elle.

« Jusqu'à la dernière minute, j'étais persuadé qu'Hillary allait l'emporter. Et ce n'était pas bon pour nous, car elle est profondément contre la Russie », estime Fadi, employé de bureau. « Tout au long de la journée, les gens m'ont paru superjoyeux et imaginaient déjà la fin de la guerre. Mais moi, après 5 ans de guerre, je ne crois plus en personne. Je suis certes soulagé que ce soit Trump, mais je ne suis pas fondamentalement content », confie-t-il. Désillusionnés, tous insistent sur le fait qu'Obama les a déçus, en étant très « éloigné » de « l'homme de paix » qu'il prétendait être. « Trump a gagné! On va pouvoir rentrer chez nous ! », s'extasie, de son côté, Jean, 37 ans, Alépin habitant à Beyrouth depuis un an. « Il est le plus à même de trouver une solution avec la Russie », argumente-t-il. « C'est une bonne nouvelle pour le peuple syrien », poursuit-il. « Tout le monde est optimiste ici. Hillary, on l'appelle le bourreau. Je suis pour Trump, et j'espère qu'il va, d'une certaine manière, changer les choses pour nous », s'enthousiasme Nour.

 

(Lire aussi : Pourquoi Donald Trump a gagné la Maison-Blanche)

 

« Poutine n° 2 »
Du côté des quartiers assiégés, à l'est, la nouvelle de la victoire du candidat républicain a douché les espoirs des habitants de voir leur calvaire s'achever prochainement.

« C'est probablement la première fois que les États-Unis montrent leur vrai visage », estime Ahmad, Alépin réfugié en Turquie, contacté via Facebook. « Personnellement, j'aime bien ce type, car il vous dit franchement qu'il vous hait, pas comme son prédécesseur », confie-t-il. Pour Wissam Zarqa, le « bon côté des choses » est que « plus personne ne viendra prétendre être l'ami du peuple syrien », les fausses promesses et les fausses lignes rouges d'Obama ayant laissé à ce professeur d'anglais un goût amer. « On dirait que toutes les choses importantes se passent quand le monde arabe est endormi », note-t-il, non sans humour. Ce dernier ne se dit pas « surpris » par la nouvelle, mais certainement « déçu ». « J'imagine que la plupart des Syriens réagissent de la même manière aujourd'hui (hier), en essayant de cacher leur déception en tournant la chose à la dérision. Que répondre à ceux qui croient que la démocratie est un blasphème après l'élection de Trump », poursuit-il.

« Toutes les accusations lancées contre les Syriens, on a été obligés de les supporter. Mais qu'on vienne nous dire que Trump a des origines syriennes, ça on ne pourrait pas l'accepter », plaisante de son côté Yasser Hemeish, en référence à un article publié sur un site d'informations saoudien, qui rapporte, sans véritables fondements, une parenté avec des immigrés syriens de la famille Tibaoui. « La plupart d'entre nous suivions les nouvelles sur notre téléphone. J'étais totalement choqué à l'annonce de sa victoire. J'ai très peur de ce qu'il compte faire en Syrie, car je pense qu'il va être un Poutine numéro 2 », confie ce comptable.
Abou el-Abed est parmi ceux qui combattent l'armée du régime en tentant de briser le siège de la ville. « Je pensais que c'était bon pour Clinton, donc je ne suivais plus du tout. J'ai appris la nouvelle sur Facebook », raconte ce combattant rebelle du Front du Levant. « Trump sera pire qu'Obama. Au moins avec le dernier président américain on savait qu'il n'aidait ni le régime ni nous autres rebelles. Mais Trump sera contre les combattants, car nous sommes musulmans. Il sera sur le même tempo que la Russie et fera tout pour aider le régime à s'emparer de notre ville », conclut-il.

 

 

 

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Cette fois-ci, c'est Alep qui a regardé l'Amérique.
Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la victoire surprise de Donald Trump, dans la deuxième ville de Syrie, véritable épitomé de la guerre, la nouvelle a décontenancé certains, mais en a réjoui d'autres. C'est notamment la défaite de son opposante qui a fait réagir, tous les sondages donnant Hillary Clinton...

commentaires (3)

C'est vrai, rares sont les hommes qui prennent courageusement partie contre vents et marées et qui le disent haut et fort . On a que des politiques à la langue de bois , tire au flanc et entourés de suivistes au compas léger.

FRIK-A-FRAK

13 h 47, le 10 novembre 2016

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Commentaires (3)

  • C'est vrai, rares sont les hommes qui prennent courageusement partie contre vents et marées et qui le disent haut et fort . On a que des politiques à la langue de bois , tire au flanc et entourés de suivistes au compas léger.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 47, le 10 novembre 2016

  • LES SURPRISES AU MENU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 00, le 10 novembre 2016

  • il parait que les Alépins sont impatients de rencontrer DE VISU l'auteure de cet article et les nombreux autres qui évoquent leur quotidien dans cette ville

    Chelhot Michel

    07 h 16, le 10 novembre 2016

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