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Moyen Orient et Monde - Présidentielle US

Et si Hillary Clinton était la onzième ?

Demain, le monde connaîtra le nom du successeur de Barack Obama à la Maison-Blanche. Si c'est le républicain Donald Trump, l'Amérique prendra, dès janvier 2017, un tout autre virage, un tout autre visage... Et si c'est la démocrate Hillary Clinton, la transition se fera en douceur. Surtout, le 45e président des États-Unis s'installera au cœur d'une galaxie unique : celle des femmes politiques les plus puissantes de tous les temps – du moins selon le choix de L'Orient-Le Jour. Elle sera la onzième de ce club hyperfermé, la plus surveillée, la plus critiquée et la plus médiatisée, certes, mais surtout, la plus puissante...

Cléopâtre, la femme mythique
La dernière reine d'Égypte, aussi égyptienne que Monica Bellucci, car descendante de la dynastie grecque des Ptolémée, a cependant aimé sa patrie et son peuple comme personne. Son surnom de « Philopator », signifiant « qui aime sa patrie », rappelle son profond attachement à l'Égypte. La littérature et le cinéma l'érigent en mythe, femme d'une beauté à couper le souffle, ne se laissant dompter que quand elle le désire. Les historiens de l'Antiquité évoquent davantage son bagou et son intelligence, Plutarque note que son esprit, est « sans le moindre doute » incomparable à sa beauté. Mariée à son frère, Ptolémée XII, elle s'amourachera de Jules César, avec qui elle aura un fils prénommé Ptolémée XV, parfois surnommé par les Romains « Césarion ». Sa liaison avec l'empereur sera son premier coup de génie politique, car cela évitera à l'Égypte d'être annexée à l'Empire romain. Tout, plutôt qu'être ennemi de Rome. Comme tout pharaon, elle était de fait une déesse, mais n'avait pas coupé les liens avec les prêtres pour autant. Elle pacifiera l'Égypte qu'elle fera prospérer, à la tête de toute l'administration, tant religieuse que séculière, ainsi que du commerce de l'Égypte. Quand elle rencontre Marc-Antoine, son grand amour, elle est enfin seule souveraine d'Égypte. Elle se suicide en apprenant la mort de son amant.

Catherine de Médicis, la plus italienne des reines de France
La vie de cette orpheline florentine, issue de l'une des plus grandes familles roturières de la Renaissance italienne, a alimenté les intrigues les plus rocambolesques et façonné, à tort, sa légende noire. La faute en incombe aux romanciers et aux cinéastes qui ont souvent portraituré la reine mère en une femme avide de pouvoir, machiavélique jusqu'à la fraise, voire en une despote éclairée. Mariée à 15 ans au duc d'Orléans, futur Henri II, la riche héritière n'a que peu de charme, mais sait se faire apprécier de la cour par son intelligence. À la mort de François Ier en 1547, c'est son cadet qui accédera au trône, propulsant Catherine reine de France à tout juste 28 ans. Nommée régente quelques années plus tard, elle s'efforcera de gouverner en main de maître, louvoyante parfois, mais habile surtout, sachant se montrer sensible à l'injustice et ouverte d'esprit. Diplomate hors pair, elle jouera la carte politique de conciliation, mais ne parviendra toutefois pas à contenir les déferlements de violence entre les catholiques et les protestants. Balzac verra en elle « les plus rares qualités, les plus précieux dons de l'homme d'État », dans son introduction à Sur Catherine de Médicis.

Elizabeth I, mariée à l'Angleterre
« Elle n'est qu'une femme, maîtresse de seulement la moitié d'une île et elle est pourtant crainte par l'Espagne, la France, par le Saint-Empire, par tous. » En décrivant ainsi la reine Élisabeth, le pape Sixte V ne s'était pas trompé sur cette femme, fille du roi Henri VIII d'Angleterre et d'Anne Boleyn, qui a fait durant ses 50 années de règne du petit royaume une puissance mondiale. Elle comprendra mieux que quiconque que rien ne sert de régner sans l'approbation de son peuple. Nationaliste avant l'heure, elle fera front de toutes parts, pragmatique, protestante dans l'âme, sans délaisser certaines pratiques et symboles catholiques. Préférant le célibat au mariage, elle enverra paître tous ses prétendants, arguant sur le fait qu'elle est était « mariée à son royaume et à ses sujets, sous la protection de Dieu ». « La grande vestale assise sur le trône d'Occident » dont parle Shakespeare a mené une politique extérieure flamboyante, faisant presque oublier à ses sujets sa cahotante politique intérieure de domination. Face à l'Invincible Armada espagnole, elle haranguera ses troupes de la sorte : « Je sais que mon corps est celui d'une faible femme, mais j'ai le cœur et l'estomac d'un roi, et d'un roi d'Angleterre », et mènera la flotte anglaise à la victoire.

Catherine II de Russie, la grande impératrice
C'est en fréquentant les plus hautes cours d'Allemagne que le charisme de Sophie Frédérique Augusta d'Anhalt-Zerbst va se répandre et lui permettre d'assouvir son ambition sans bornes. Prétendante idéale au titre d'épouse du futur Pierre III de Russie, du fait de son jeune âge et de son ignorance de la politique, Élisabeth I ne voit en elle aucune menace pour le trône de Russie. Pourtant, celle qui sera connue comme la « Grande Catherine » n'hésitera pas à se débarrasser, quelques années plus tard, de son époux, en le faisant détrôner puis assassiner, avec la complicité de son amant. Convertie à la religion orthodoxe, et parlant couramment le russe, elle n'aura que peu de difficultés à faire oublier à son peuple son ascension au pouvoir des moins... orthodoxes. Sa force aura été d'avoir su dépoussiérer la Russie impériale en lui imposant ses élans de modernisation au niveau politique, économique et culturel. Profondément ancrée dans la pensée des Lumières, Catherine II a habilement su gérer l'image de « monarque éclairé », que Voltaire voyait en elle. Avant sa mort et après 30 ans de règne, l'impératrice pouvait s'enorgueillir d'avoir construit de nombreuses écoles en faisant de l'éducation l'un de ses principaux chevaux de bataille.


Victoria, la « grand-mère de l'Europe »
Celle qu'on nommera plus tard la « grand-mère de l'Europe », suite à ses liens avec les familles royales d'Europe, est montée sur le trône à l'âge de 18 ans, à l'époque où le Royaume-Uni était déjà une monarchie constitutionnelle établie. La souveraine aurait pu se contenter du peu de pouvoir politique que son statut lui octroyait, mais c'était sans compter sur sa détermination à vouloir laisser derrière elle un empire florissant. En 1840, elle épouse son cousin, le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, dont elle était follement éprise. Ils auront ensemble neuf enfants et 42 petits-enfants. De son éducation austère, elle s'imposera comme une femme de principes, allant même jusqu'à ordonner à ses gardes écossais, qui ne portaient rien sous leur kilt, de mettre une culotte ! Monarque traditionnelle, assez austère, elle réussira pourtant à se faire aimer de son peuple, qui verra en elle une matriarche bienveillante sachant jongler entre la pax britanica et l'hubris britanica. Après un règne de 63 ans, cette diplomate à poigne laissera derrière elle un empire colonial important, sans compter son pays, première puissance économique du monde. Reine de toute une époque, elle donnera son nom à une ère de grandes découvertes et de grandes inventions.

Indira Gandhi, brûleuse de poupées
Deuxième femme au monde à avoir été élue démocratiquement, après la Première ministre sri-lankaise Sirimavo Bandaranaike, Indira Gandhi (après avoir épousé Feroze Gandhi sans lien avec le Mahatma) a été Première ministre de la République d'Inde de 1966 à 1977 puis de 1980 à sa mort en 1984. Fille de Nehru, elle sera témoin des épisodes sanglants ayant mené à l'indépendance de son pays, pour laquelle son père luttait aux côtés du Mahatma Gandhi. Lorsque Nehru devient chef de gouvernement, c'est tout naturellement que sa fille va progressivement endosser des responsabilités d'État. Destin tout tracé pour celle qui, dès son plus jeune âge, a été bercée par la politique, la justice sociale et des élans révolutionnaires, jusqu'à brûler sa poupée préférée à l'âge de 5 ans, car...Made in England. Bien des années plus tard, Richard Nixon dira à Henry Kissinger que la Première ministre de l'Inde, qu'il recevait à la Maison-Blanche, était une « vieille sorcière ». Les États-Unis soutenaient alors le gouvernement pakistanais, alors que l'Inde avait offert son aide aux indépendantistes, ce qui a abouti à l'indépendance du Bangladesh. Ayant rejoint le cercle très fermé des femmes de poigne dans le monde, une seule et unique personne pouvait la comprendre, une Anglaise, ironiquement : Margaret Thatcher, dont elle sera très proche. Le 30 octobre 1984, elle déclare dans un discours : « Si je dois mourir au service de la nation, je le ferai avec fierté » ; elle sera assassinée le lendemain par deux gardes du corps sikhs.

Golda Meir, « le meilleur homme
Sous ses dehors de « grand-mère d'Israël » compréhensive, comme la qualifiait la presse populaire, cette femme politicienne qui a participé à la création d'Israël a été la première à gagner le surnom de « Dame de fer », avant qu'il ne désigne uniquement la Première ministre britannique, Margaret Thatcher. « Meilleur homme du gouvernement » pour David Ben Gourion – avec qui elle fonde le parti Mapaï –, Golda Meir naît à Kiev, grandit aux États-Unis, puis finit par émigrer en Palestine britannique au début des années 20. Ministre du Travail, puis des Affaires étrangères, elle devient Première ministre en 1969, puis démissionne 4 ans plus tard, à l'issue de la guerre de Kippour. « Il n'y a jamais rien eu de tel, puisque les Palestiniens n'ont jamais existé », dira-t-elle le 15 juin 1969, niant l'existence d'un peuple palestinien. À l'époque où elle était Première ministre, elle fit pression sur le secrétaire d'État américain de l'époque, Henry Kissinger, afin qu'il fasse d'Israël une priorité majeure de la politique américaine. Il lui répondit dans une lettre, profondément agacé : « Je dois vous informer que je suis d'abord citoyen américain, puis secrétaire d'État, enfin, juif. » Elle lui rétorqua non sans un certain culot : « En Israël, nous lisons de droite à gauche. » Lorsque Joe Biden, alors jeune sénateur, rencontre Golda Meir, elle lui confie : « Nous avons une arme secrète dans notre lutte contre les Arabes (...) Nous avons une arme secrète. Nous n'avons nulle part où aller. »

Margaret Thatcher, et « ses yeux de Caligula »
L'ancien président français Jacques Chirac avait dit de la « Dame de fer », un jour de négociations européennes, qu'elle voulait « ses couilles sur un plateau ». Mitterrand, lui, lui accordait une « bouche à la Marilyn » et les « yeux de Caligula ». Dans le microcosme très fermé des hommes politiques d'une certaine trempe, Margaret Thatcher a su s'imposer comme une figure incontournable et ferme, faisant fi des critiques. Jamais femme de pouvoir fut aussi haïe qu'admirée. Miss Maggie, comme l'appellera le chanteur Renaud dans son disque coup de gueule, va être la première femme dirigeante d'Europe. Très attachée à la souveraineté de son pays et eurosceptique, elle opte pour une politique de rigueur qui permet de redresser l'économie du Royaume-Uni. S'adressant aux ouvriers de la même façon qu'aux puissants dirigeants, Margaret Thatcher, têtue, l'air revêche, cette fille d'épicier, elle-même ancienne chimiste, puis avocate, dirigera le Royaume-Uni durant 11 ans. Elle affectionnait particulièrement l'ancien président américain Ronald Reagan, le qualifiant de « deuxième homme le plus important de sa vie ». Lui, la surnommait « the best man in England ».

Aung San Suu Kyi, « The Lady »
Ce poids plume d'une élégance sans faille, prix Nobel de la paix en 1991, est nommée ministre des Affaires étrangères, conseillère spéciale de l'État et porte-parole de la présidence birmane en avril dernier. De son parcours semé d'embûches, on retiendra la ténacité de ce petit bout de femme, qui refusa que son pays se laisse mener par le bout du nez par la junte militaire qui prit le pouvoir en 1988. Sous influence de Gandhi et de sa philosophie de non-violence, Aung San Suu Kyi crée son parti et espère mener son pays vers une démocratisation. Un an plus tard, elle est arrêtée par le gouvernement militaire, refuse de quitter le pays pour leur laisser la part belle et est mise alors en résidence surveillée. Des pressions diplomatiques, notamment provenant des États-Unis, seront exercées jusqu'à sa libération. Libérée en 2010, elle sera élue députée en 2012, sans toutefois pouvoir se présenter à l'élection présidentielle car, bien qu'étant birmane, elle est mariée à un Britannique. Figure de l'opposition non violente, celle pour qui « la seule prison est la peur, et la seule liberté est d'être libéré de la peur », jouit d'une popularité mondiale, malgré quelques récentes ombres au tableau, comme son silence sur le massacre des musulmans Rohingyas, qui lui valent parfois le titre de la plus grande imposteure.

Angela Merkel, Mama Merkel
Fille de pasteur, cette Allemande docteure en physique de l'ancienne RDA aurait pu se contenter d'une vie paisible, auprès de son époux, le physicien Ulrich Merkel. Obnubilée par les patineuses artistiques, elle rêvait de porter un jour leur tenue. Mais c'est le costume de chancelière qu'elle endossera, et ce trois fois de suite. Depuis 2005, elle est à la tête de la plus grande puissance économique d'Europe, et a été classée 10 fois « femme la plus puissante du monde » par le magazine Forbes. La Stasi avait repéré cette femme intelligente, mais elle avait réussi à décliner l'offre en se faisant passer pour une bavarde, incompatible avec le job. Un peu plus tard, ce sera son mentor qui la repérera, le « chancelier de la réunification » Helmut Kohl. « La gamine », comme il l'appelait, va gravir toutes les marches du pouvoir et se faire respecter de tous. Après son Allemagne natale, c'est l'Amérique qui fait chavirer son cœur. En 2009, devant le Congrès américain elle dira : « Qu'est-ce qui m'a passionné ? Le rêve américain m'a passionnée – la possibilité qui est donnée à chacun d'avoir du succès, de faire son chemin grâce à ses propres efforts. » Intransigeante sur la question des réfugiés, dont plus de 1 million seront accueillis en 2015 en Europe, elle est surnommée « Mama Merkel ».

 

Pour mémoire

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commentaires (1)

Probablement quelque chose de généreux et protecteur dans leurs genes

Chammas frederico

20 h 01, le 08 novembre 2016

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Commentaires (1)

  • Probablement quelque chose de généreux et protecteur dans leurs genes

    Chammas frederico

    20 h 01, le 08 novembre 2016

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