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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Retour sur les 10 grands moments d’une campagne US pas comme les autres...

Un scénario loufoque, une multitude de rebondissements, des personnages caricaturaux : la course à la Maison-Blanche a ressemblé à une pièce de théâtre confondant en permanence le comique et le tragique.

Des employés triant les bulletins de vote anticipé à Renton, Washington, hier. David Ryder/Reuters

Jamais une campagne américaine n'aura atteint de tels abysses, ébranlant le système démocratique américain et donnant une bien piètre image de la première puissance mondiale. L'impopularité historique des deux principaux candidats, Hillary Clinton et Donald Trump, les démêlés judiciaires de la première et les frasques du second, ainsi que l'absence de remise en question de la machine politico-médiatique américaine malgré le désenchantement de l'électorat ont rendu cette campagne « dégoûtante » pour la grande majorité des Américains. Ces derniers éliront tout de même aujourd'hui le successeur de Barack Obama, avec plus ou moins d'enthousiasme. L'occasion de revenir sur les 10 moments marquants de cette course imprévisible et inédite à la Maison-Blanche.

 

1. « Je suis candidate »
« Je suis candidate à la présidence », déclare Hillary Clinton le 12 avril 2015. Huit ans après avoir échoué à remporter l'investiture démocrate contre Barack Obama, l'ancienne First Lady annonce qu'elle n'a pas abandonné son rêve de conquérir la Maison-Blanche. Cela n'est pas vraiment une surprise et rien ne semble alors pouvoir contrarier l'ancienne secrétaire d'État. Elle a le soutien du président Obama qui considère qu'elle ferait une « excellente présidente », et aucun poids lourd, comme le vice-président Joe Biden ou le secrétaire d'État John Kerry, ne se lance dans la course aux primaires. La voie est dégagée avant le marathon final face au candidat républicain, estiment les analystes politiques à l'époque. Mais c'était sans compter sur les futures révélations du FBI et sur la résistance de Bernie Sanders durant la primaire. Sans compter non plus sur le fait qu'Hillary Clinton, pourtant appréciée des Américains, a vu sa popularité chuter à chaque fois qu'elle a revendiqué de grandes responsabilités politiques.

 

2. Is it a joke ?
Cela ressemble à une blague qui, il faut l'admettre, fait rire tout le monde à l'époque. Le 16 juin 2015, depuis sa Trump Tower à Manhattan, Donald Trump annonce sa candidature à l'élection présidentielle américaine. Il qualifie les politiciens « d'imbéciles », dresse le portrait d'une Amérique décadente, qui se fait battre par la « Chine et le Japon ». Une Amérique « dépotoir » de l'immigration mexicaine à qui il promet de rendre sa grandeur. Le trumpisme est né : mélange de provocations, d'outrances, d'accusations, de mensonges, d'humour potache et de simplisme, qui transforme la politique en une émission de téléréalité. « Le Donald » croit-il alors sincèrement en ses chances d'accéder à la Maison-Blanche ? Difficile de le dire, mais sa fortune lui permet de se lancer dans la campagne sans se soucier de ce qu'en pensent les grandes figures du Parti républicain. Les analystes politiques considèrent alors qu'il n'a aucune chance de remporter l'investiture républicaine et qu'il ne suscite pas vraiment d'enthousiasme au sein d'un électorat républicain très conservateur.

 

(Repère : Présidentielle US : Une radiographie des électeurs américains)

 

3. Circus politicus
Les semaines passent et le phénomène Trump prend de l'ampleur. Au point de devenir le favori des sondages même si tous les grands quotidiens américains continuent de penser que la bulle va finir par éclater. À coups de phrases chocs qui dénoncent les « élites » et fustigent « l'immigration mexicaine », « le Donald » crée une déferlante médiatique autour de sa personne. Les primaires républicaines tournent entièrement autour de lui à tel point qu'il aborde le premier débat dans la peau du favori. Le 6 août à Cleveland, le magnat de l'immobilier fait son show au milieu de l'arène. Les autres candidats ont beau s'allier contre lui, rien n'y fait : les projecteurs sont braqués sur cette bête de scène qui n'en demandait pas tant. Il peut même se permettre de tenir des propos misogynes à l'encontre de la journaliste de Fox News, Megin Kelly. Les audiences cartonnent, alors tout lui est pardonné. Le milliardaire américain surprend tout le monde en annonçant qu'il ne soutiendra pas forcément le futur vainqueur de la primaire, comme c'est pourtant l'usage. Il menace de se présenter en indépendant et prend alors tous ses rivaux en otage. En allant toujours plus loin pour créer le buzz, le « Donald » oblige ses adversaires à le combattre avec ses propres règles. Mais à ce jeu-là, il est nettement plus fort que les autres qui, du fait de leur nombre important (17), n'arrivent pas à se démarquer les uns des autres.

 

4. Bernie fait de la résistance
Mise en cause dans l'attaque contre la mission diplomatique américaine de Benghazi le 11 septembre 2012, Hillary Clinton survit à 11 heures d'interrogatoires par une commission républicaine le 23 octobre. Plus rien ne semble pouvoir l'arrêter. Au début de l'année 2016, tous les indicateurs lui sont extrêmement favorables et la candidate à la primaire démocrate n'a pas trop de mal à prendre le dessus sur ses adversaires. Mais l'euphorie ne dure qu'un temps. Et les nombreux obstacles à la conquête du pouvoir se rappellent à elle. Le premier d'entre eux est un vieux sénateur de 75 ans : Bernie Sanders. Celui qui se présente comme « un social démocrate à la scandinave » arrive à créer une émulation autour de sa campagne beaucoup plus marquée à gauche que celle de son adversaire. Les jeunes l'adorent, et se laissent aller au « Clinton-bashing » au nom de la lutte contre les élites. Mme Clinton remporte la primaire d'un cheveu dans l'Iowa le 1er février avant de perdre largement, une semaine plus tard, dans le New Hampshire. Cela donnera le ton de toute la primaire démocrate où M. Sanders ne parviendra jamais à prendre le dessus, mais fera sans cesse douter le camp Clinton jusqu'au mois de juin.

 

5. Donald écrase la concurrence
Le 1er février, le magnat de l'immobilier arrive en deuxième position dans le Caucus de l'Iowa, premier État à voter dans les primaires républicaines. C'est Ted Cruz, le virulent sénateur du Texas, qui l'emporte au grand énervement du « Donald ». La sociologie très conservatrice de l'électorat de l'Iowa ne joue pas en faveur du milliardaire américain et ne permet pas de donner un véritable aperçu du rapport de force entre les différents candidats. Une semaine plus tard, Donald Trump l'emporte dans le New Hampshire. Première victoire d'une longue série qui lui permettra de remporter l'investiture du Grand Old Party au nez et à la barbe de ses plus grandes figures comme l'ancien gouverneur de Floride Jeb Bush, ou du gouverneur du New Jersey Chris Christie. Donad Trump profite de la neutralisation entre les autres candidats et de leurs mauvais résultats pour s'imposer comme le seul recours possible. Malgré les tentatives du parti pour écarter ce personnage jugé néfaste pour ses intérêts, rien n'y fait : dopé par le soutien des électeurs, la vague Trump balaie toutes les critiques et obtient l'investiture au mois de mai. Les jeux sont faits. La course à la Maison-Blanche opposera Hillary Clinton à Donald Trump.

 

 (Lire aussi : Bienvenue à Donald’s World...)

 

6. OPA à Cleveland
C'est désormais officiel. Le 20 juillet 2016, le milliardaire américain devient le candidat du GOP. Il obtient le soutien de 1 725 délégués alors que son plus proche adversaire, Ted Cruz, termine loin derrière avec 475 voix. Le mouvement « Never Trump » meurt dans l'œuf. Même si de nombreux cadres boudent la convention, Donald Trump met en scène sa victoire aux côtés de toute sa famille. Sa femme, Mélania, est moquée pour avoir repris mot pour mot une partie du discours de la First Lady, Michelle Obama. Mais peu importe, son fils, Donald Junior, fait l'éloge de son père pour qui « rien n'est impossible » et lui offre, symboliquement l'investiture du parti. L'OPA de la famille Trump sur le GOP a réussi.

 

7. « Mon travail est de faire élire Hilary Clinton »
À la division des républicains doit répondre l'unité des démocrates. C'est le souhait d'Hillary Clinton pour la convention démocrate à Philadelphie. Mais dès le premier jour, l'opération est largement compromise par la publication par WikiLeaks de messages internes d'un haut responsable du parti qui sous-entendent que celui-ci a pris le parti de Mme Clinton tout au long de la campagne des primaires au détriment de M. Sanders. Ces révélations obligent la présidente du parti, Debbie Wasserman Schultz, à démissionner. Bernie Sanders calme le jeu en déclarant : « Mon travail, à ce jour, est de faire battre Donald Trump, et de faire élire Hillary Clinton. » L'essentiel est sauvé. Mais l'ancienne secrétaire d'État n'arrive pas à se débarrasser d'une certaine image qu'elle transmet : celle d'une femme froide, secrète, et avide de pouvoir.

 

8. Pneumonie d'État
Clinton contre Trump. La course finale est lancée au début de l'été. La candidate démocrate prend rapidement l'avantage en mettant en avant son expérience et en moquant les extravagances de son adversaire. Autre bonne nouvelle au tableau : le FBI décide le 5 juillet de ne pas retenir de charges contre elle dans l'affaire de ses emails privés. La candidate qui avait utilisé sa messagerie personnelle pour évoquer des affaires d'État au moment où elle était secrétaire d'État a commis une « faute personnelle » qui n'impose toutefois pas de poursuites selon le chef du FBI, James Comey. La route vers la Maison-Blanche semble une nouvelle fois dégagée. D'autant plus que Donald Trump commence à douter de sa stratégie : doit-il modérer son discours pour toucher un plus grand électorat quitte à perdre une partie de sa base, essentiellement constituée par des hommes blancs, de classe moyenne et non diplômés ?
Un nouveau tournant dans la campagne va lui permettre de reprendre du poil de la bête. Le 11 septembre, l'ancienne First Lady fait un malaise durant une cérémonie à la mémoire des victimes des attentats et annule tous ses rendez-vous. Son médecin lui diagnostique une pneumonie, ce qui permet à son adversaire de relancer les doutes sur son état de santé. L'écart se resserre.

 

(Lire aussi : Et si Hillary Clinton était la onzième ?)

 

9. Le « Post » renvoie Trump dans les cordes
« Quand vous êtes une star, vous pouvez les (femmes) attraper par la chatte. » Certainement la phrase la plus marquante de toute la campagne américaine. Elle est prononcée en 2005 par Donald Trump, enregistrée à son insu alors qu'il est la vedette de la série de téléréalité The Apprentice, et révélée par le Washington Post au début du mois d'octobre 2016. Elle provoque un véritable tollé à tel point que les dirigeants républicains condamnent unanimement les déclarations de ce champion dont ils n'ont jamais voulu. « C'était des plaisanteries de vestiaire, une conversation privée il y a des années. Bill Clinton m'a dit des choses bien pires sur des terrains de golf, sans comparaison », a d'abord réagi le milliardaire américain, avant de s'excuser. Les révélations, notamment sur son comportement vis-à-vis des femmes, s'accumulent et le mettent à mal. Le « Donald » semble K.-O. largement distancié dans les sondages par sa rivale.

 

10. Happy end ?
Cette fois ça y est, elle se dit que c'est gagné. Elle distance largement son adversaire dans les sondages et a dominé les deux débats : la victoire ne peut plus lui échapper. Les analystes politiques se demandent à quel point sa victoire sera éclatante et commencent à faire des estimations sur la future couleur du Congrès. Hillary Clinton est sur un nuage. Dont elle va vite redescendre. Le 28 octobre, le directeur du FBI, James Comey, annonce la possibilité de rouvrir l'enquête sur les emails privés après que de nouveaux messages, potentiellement « pertinents », aient été découverts dans l'ordinateur de sa collaboratrice, Huma Abedin. Cette annonce, assez peu conventionnelle, à quelques jours du scrutin a semé le doute : est-ce que le FBI est en train de s'immiscer dans la campagne ? Est-ce que James Comey restera dans l'histoire comme l'homme qui a fait gagner Donald Trump ?
Les déclarations du chef du FBI ont, en tous cas, relancé une campagne qui semblait déjà avoir donné son verdict. Le revirement, de dernière minute du FBI, qui a annoncé renoncer à rouvrir l'enquête est arrivé très tard, à l'avant-veille du scrutin. La cerise sur le gâteau d'une campagne complètement folle dont l'Amérique ne sortira pas totalement indemne.

 

 

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Jamais une campagne américaine n'aura atteint de tels abysses, ébranlant le système démocratique américain et donnant une bien piètre image de la première puissance mondiale. L'impopularité historique des deux principaux candidats, Hillary Clinton et Donald Trump, les démêlés judiciaires de la première et les frasques du second, ainsi que l'absence de remise en question de la machine...

commentaires (1)

On a compris dans un article passé que votre choix va à hyllarie whatsoever. .... Alors venir nous la raconter en mode suspens ça fait un peu fayot ....

FRIK-A-FRAK

14 h 12, le 08 novembre 2016

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Commentaires (1)

  • On a compris dans un article passé que votre choix va à hyllarie whatsoever. .... Alors venir nous la raconter en mode suspens ça fait un peu fayot ....

    FRIK-A-FRAK

    14 h 12, le 08 novembre 2016

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