C'est déjà demain. Demain que les États-Unis vont décider de leur destin politique et de celui, quelque part, du reste du monde. Hillary Clinton aborde la dernière ligne droite en favorite. Mais l'annonce, par le directeur du FBI James Comey, de la reprise de l'enquête sur ses e-mails, il y a une semaine, a complètement relancé la campagne. À 24heures du scrutin, le constat est particulièrement inquiétant : Donald Trump peut (encore) gagner l'élection présidentielle américaine. L'homme qui aura fait, depuis maintenant plus d'un an, la campagne de la vulgarité, du mensonge, de la provocation, de l'incompétence, du racisme et de la misogynie pourrait devenir le président de la première puissance mondiale. Cela semble délirant, mais c'est bel et bien réel.
Le « Donald » a ébranlé la démocratie américaine en se jouant de ses propres excès. En enfilant, non sans malice, le costume du Frankenstein qui se retourne contre ses créateurs : le système politico-médiatique américain, le Parti républicain et la mondialisation. Il a accumulé les succès en déchaînant les passions de l'Américain blanc, moyen, mâle et viril, et souvent non diplômé, qui constitue la base de son électorat, et en expliquant à ces « perdants de la mondialisation » que leurs ennemis ce sont les élites qui cherchent à profiter d'eux, cette « autre Amérique » qui veut prendre leur place et enfin le reste du monde qui complote pour les affaiblir.
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L'arrivée au pouvoir du milliardaire américain serait un cataclysme, sans précédent depuis des décennies, pour les États-Unis. Il laisse présager du pire, dans un climat où les tensions raciales sont à la hausse et où la fracture entre les deux visages de l'Amérique apparaît de plus en plus béante.
Mais ce serait aussi, et peut-être même surtout, une catastrophe pour le reste du monde. Autant de pouvoirs dans les mains d'un homme aussi imprévisible a de quoi donner des vertiges. D'autant plus que cela surviendrait à une époque marquée par la remise en question, un peu partout, des valeurs démocratiques et des règles du droit international.
Comment l'Extrême-Orient, notamment le Japon, dont la sécurité et la stabilité dépendent essentiellement de la politique américaine, réagirait-il à l'élection d'un homme qui a remis en question certaines obligations entre alliés? Comment imaginer que ce bonimenteur, star de la téléréalité, soit amené à arrondir les angles pour régler de futures crises mondiales aux côtés de personnages comme Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan, Xi Jinping, Narendra Modi ou encore Benjamim Netanyahu?
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Anti-Obama
Ce n'est pas seulement le leadership américain qui est en jeu, mais le maintien d'une certaine « paix globale » basée sur la coopération entre les États. Celui qui promet de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique pourrait arriver à la Maison-Blanche à une période où le monde vit sa plus grande crise de réfugiés depuis 1945. Celui qui alimente le climato-scepticisme pourrait remettre en question les avancées, elles-mêmes insuffisantes, des accords de Paris. Celui qui considère que l'État islamique est une création de Barack Obama, dont il se veut l'antithèse, aura peut-être à gérer l'après-EI, avec tout ce que cela implique en termes de complexité politique, en Irak et en Syrie.
Car c'est bien au Moyen-Orient, encore plus qu'ailleurs, que la victoire du « Donald » ressemblerait le plus à un cauchemar. Dans une région qui a, plus que jamais, besoin d'une politique américaine claire, modérée et stabilisatrice, les excès du milliardaire risqueraient d'ajouter du feu aux poudres... Et pourraient même réussir l'exploit de faire regretter les aventures belliqueuses, dont la région continue de payer le prix, de son prédécesseur républicain, George W. Bush. Au plus grand plaisir des quelques pyromanes dont la survie politique dépend principalement du maintien du chaos...
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commentaires (6)
EN POLITIQUE IL N,Y A PAS DE - I WILL GRAB THEM BY THE PUSSY - POUR FAIRE CE QUE BON LUI SEMBLE... HE WILL HAVE TO GRAB THEM BY THE -ASS- AVEC TOUS LES RISQUES DE SE VOIR ARROSE DE METHANE EN PLEIN SUR LE FACIES...
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 53, le 07 novembre 2016