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Les Etats-Unis prêts à prendre le virage historique d'une femme présidente

"Ce serait merveilleux, mais je ne sais pas comment une partie du pays réagira".

Hillary Clinton, le 4 novembre 2016 à Cleveland, dans l'Ohio, aux Etats-Unis. Photo AFP

A 98 ans, Estelle n'aurait jamais pensé voter pour une femme à la Maison Blanche. Mais elle l'a fait, et comme elle, les Américains pourraient prendre mardi un virage historique en élisant leur première présidente. Hillary Clinton, 69 ans, espère briser l'ultime plafond de verre, après être devenue en juillet la première femme candidate d'un grand parti à l'élection présidentielle américaine.

Quand Estelle Liebow Schultz est née en juin 1918, les Américaines n'avaient pas même le droit de vote, qu'elles obtiendront en 1920. "Voir un tel accomplissement dans ma vie est très important" a déclaré cette ancienne enseignante de Rockville, en banlieue de Washington.
Elle a fièrement voté pour Hillary Clinton grâce au scrutin anticipé, et espère désormais vivre en janvier l'investiture de la première femme présidente, après une succession de 44 présidents depuis George Washington en 1789.

La route a été longue, depuis la première candidate à la présidentielle Victoria Woodhull, qui en 1872 s'était présentée à 34 ans - légalement trop jeune - comme candidate du parti de l'Egalité des droits. L'Histoire n'a même pas gardé le décompte de ses votes...

Des femmes dirigent l'Allemagne et la Grande-Bretagne, la Croatie, la Norvège, le Chili et la Corée du Sud. Elles ont déjà occupé les fonctions suprêmes en Israël, au Brésil, en Argentine et au Pakistan.
Aux Etats-Unis, "nous sommes très en retard comparé à d'autres pays", reconnaît Jeanne Zaino, experte politique du Iona College.

Deux femmes seulement ont figuré sur le ticket d'un grand parti pour la vice-présidence: la républicaine Sarah Palin en 2008, colistière de John McCain, et la démocrate Geraldine Ferraro en 1984, derrière Walter Mondale. Les deux avaient perdu. Des dizaines d'autres n'ont pas dépassé les élections primaires, broyées par la machine politique, ou ont été les candidates vite oubliées de petits partis sans perspectives.

"Quand vous ne soutenez pas les femmes d'une façon structurelle, vous avez peu de femmes qui peuvent atteindre le sommet, en politique comme ailleurs", explique Mme Zaino. Les systèmes parlementaires ou multipartites leur sont plus favorables, car ils poussent les partis à établir des listes diversifiées, ce qui aide les femmes à grimper à l'intérieur des partis, explique aussi Robert Shapiro, expert de l'université Columbia à New York.

Durant sa campagne, Mme Clinton, s'est parfois présentée comme une mère et une grand-mère, mais a utilisé la carte femme avec prudence, soucieuse d'être jugée sur ses compétences.

 

 

Traitée différemment
Son adversaire Donald Trump n'en a pas moins exploité les clichés souvent associés aux femmes, affirmant que l'ancienne First Lady, ancienne sénatrice et ancienne secrétaire d'Etat était faible et manquait d'énergie. Misogynie, haine ou mélange des deux, les soutiens du républicain hurlent quotidiennement "Enfermez-la !", quand il la décrit comme corrompue.

"Hillary Clinton est constamment traitée différemment que n'importe quel autre candidat", a dénoncé cette semaine le président Barack Obama en campagne pour elle dans l'Ohio. Et s'adressant spécifiquement aux hommes, il leur a demandé de "regarder à l'intérieur" d'eux-mêmes, et de se "poser la question" du sexisme. "Est-ce que c'est parce que nous n'en avons juste pas l'habitude ?", a interrogé le premier président noir de l'histoire américaine.

"Je suis fière d'être une femme candidate à la présidence", confiait récemment Mme Clinton à une radio new-yorkaise. "Je serais incroyablement honorée d'être la première femme présidente (...). Mais j'ai beaucoup de travail à faire, et j'espère que les gens diront 'elle le fait'". L'idée d'avoir une première femme présidente a suscité moins d'enthousiasme que celle il y a huit ans du premier président noir.

La moitié des Américains auraient préféré, selon un récent sondage, que ce ne soit pas Hillary Clinton, très impopulaire. Mais si elle est élue, "beaucoup de gens pleureront", prédit M. Shapiro.
"Avant de mourir, oui mon Dieu, je veux avoir une femme présidente, c'est très important", confie à l'AFP Moira Hahn, une avocate de 64 ans. "Ce serait merveilleux, mais je ne sais pas comment une partie du pays réagira", s'inquiète Nancy Murphy, enseignante de 58 ans.

Hillary Clinton espère elle fêter sa victoire dans un bâtiment tout en verre, au bord de l'Hudson à New York. Clin d’œil à l'ultime fameux plafond de verre qu'elle entend briser.

 

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A 98 ans, Estelle n'aurait jamais pensé voter pour une femme à la Maison Blanche. Mais elle l'a fait, et comme elle, les Américains pourraient prendre mardi un virage historique en élisant leur première présidente. Hillary Clinton, 69 ans, espère briser l'ultime plafond de verre, après être devenue en juillet la première femme candidate d'un grand parti à l'élection présidentielle...

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