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Culture - Photographie

De mères en filles, pour devenir femmes...

Rania Matar présente « Deux univers : filles et femmes » à la galerie Janine Rubeiz jusqu'au 18 novembre 2016. Comme un best-of de ses derniers travaux en couleurs pour accompagner la sortie de son livre, « L'enfant-femme ».

Photo de la série « Unspoken Conversation » de Rania Matar.

Nan Goldin, la photographe naturaliste superstar, a souvent expliqué que son œuvre tirait son essence de son manque de photos et donc de souvenirs de sa grande sœur suicidée. Manque qui l'avait poussée, d'abord inconsciemment, à documenter le plus possible ses nouvelles familles et leurs vies personnelles. Ce besoin d'intimité et ce lien à un être absent sont des points communs que partage Rania Matar avec Goldin. Ayant à peine connu sa maman, décédée alors que l'artiste avait 3 ans, Rania Matar a commencé par photographier ses propres enfants en l'an 2000, alors qu'elle attendait son 4e et qu'elle prenait des cours de photo à la fac aux États-Unis.

Ainsi, sa vie privée a beaucoup influencé son travail: parce qu'elle était, très jeune, orpheline de mère ; parce qu'elle a vécu sans sœur toute sa vie ; et parce qu'elle se souvient aussi très bien de son mal-être adolescent, étant elle-même garçon manqué. Dans ces trois caractéristiques, se trouve la source des travaux majeurs de Rania Matar, ceux qui lui ont permis d'obtenir la reconnaissance internationale, des prix et de nombreuses expositions.

 

Une ado et son antre
Il y a surtout A Girl and a Room qui montrait de jeunes adolescentes dans leur chambre et qui a remporté de nombreux prix internationaux. Réalisées sans trucage, sans mise en scène, sans retouches, de manière très naturaliste bien que posées, les photos montrent des jeunes filles dans leur élément personnel, mais quand même mal à l'aise, parce qu'elles sont à un moment de leur vie où tout bascule, où tout change et où elles se sentent seules, incomprises. Et en feuilletant les nombreux clichés qu'elle prend pour la réalisation de l'exposition, la photographe se rend compte que cet état de suprême intimité est un état universel. Qu'avec une jeune bourgeoise de Boston, on peut obtenir la même photographie qu'avec une jeune Libanaise ou une jeune Palestinienne. Leurs environnements ont beau être radicalement différents, leurs états personnels se rejoignent, et les photos de l'artiste le montrent, avec beaucoup de force, d'humanité, de tendresse, mais aussi de distance

 

Premier déchirement maternel
Alors que sa fille aînée quittait la maison pour aller rejoindre les bancs de l'université, la photographe a ressenti le besoin d'immortaliser ce moment de la séparation, ce moment où sa fille grandissait et où elle-même vieillissait, moment qu'elle n'a pas vécu avec sa propre mère et qui est souvent le premier déchirement maternel. Elle en a donc fait une série, Unspoken Conversations, avec des photographies très fortes de mères et de filles montrant les ressemblances, la distance, la jalousie, la fierté, les regards, la proximité et toujours cette intimité renforcée d'universalité.

 

Les mêmes, mais uniques
Les travaux les plus récents de Rania Matar, rassemblés dans un ouvrage intitulé L'enfant-femme, sont des clichés de jeunes adolescentes prises dans la rue, ou dans la nature, mises en scène de manière à montrer les similitudes par-delà les océans et les classes sociales. Contrairement à Larry Clark qui avait une vision bien spéciale d'une certaine jeunesse et qui travaillait à en montrer ses différences et ses spécificités, Rania Matar vise, elle, à rassembler les jeunes filles, à montrer qu'elles sont toutes les mêmes, mais qu'elles sont toutes uniques.

 

*L'exposition à la galerie Janine Rubeiz rassemble des photographies de tous les travaux en couleurs de Rania Matar et dure jusqu'au 18 novembre.

 

Pour mémoire

Rania Matar ne fait pas antichambre

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