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Liban

Aoun : Éloigner le Liban des conflits extérieurs

Voici le texte intégral du discours d'investiture prononcé par le président de la République, Michel Aoun, après avoir prêté le serment constitutionnel :
« Je m'étais promis de me contenter de ma prestation de serment en cas d'élection à la présidence de la République, d'autant que le serment de loyauté à la nation, dont la Constitution énonce le texte littéral, représente un engagement impératif exclusif au président de la République parmi les chefs des pouvoirs constitutionnels au sein de l'État et comprend tous les sens, toutes les significations, tous les engagements.
« Cependant, le déséquilibre politique persistant et la longue vacance à la présidence m'ont poussé à m'adresser à vous, et plus directement au peuple libanais grandiose, qui a toujours été au rendez-vous et qui représente le bouclier invincible auquel j'ai recours lors des grands engagements et des décisions cruciales. Celui qui s'adresse à vous aujourd'hui est le président de la République que vous avez investi, tant au niveau du Parlement que du peuple, de votre confiance pour assumer ses responsabilités au premier poste de l'État ; il vient d'un long parcours de luttes où les responsabilités nationales n'ont jamais manqué, aussi bien au sein de l'institution militaire, dans laquelle il a grandi et dont il a assuré le commandement, que dans la pratique du pouvoir public sur base de mandat constitutionnel, ou dans la chose publique sur base d'un mandat populaire. Un président qui arrive à un moment difficile, sur lequel beaucoup d'espoirs sont fondés pour surmonter les difficultés – et non pas se contenter de s'y adapter – et pour assurer une stabilité à laquelle les Libanais aspirent, afin que l'émigration ne reste pas leur rêve le plus fou.
« Le premier pas vers la stabilité voulue se situe au niveau de la stabilité politique, qui ne peut être assurée qu'à travers le respect du pacte, de la Constitution et des lois, par le biais du partenariat national qui est aujourd'hui l'essence de notre système et le caractère unique de notre entité. Dans ce cadre s'inscrit la nécessité de mettre en application le document d'entente nationale de manière intégrale, non pas de manière sélective et discrétionnaire, et de le développer conformément au besoin à travers une entente nationale. Et pour cause : il représente en partie la Constitution, et en partie des engagements nationaux contraignants. Il ne saurait, partant, être appliqué partiellement, de manière à ne générer que tristesse et faiblesse, sans fonder un régime ou un pouvoir, et sans générer de légitimité à une autorité quelconque. »

Parité effective
Et d'ajouter : « L'unicité du Liban est dans sa société plurielle et équilibrée. Cette unicité veut que nous vivions l'esprit de la Constitution à travers la parité effective, dont la première condition est l'adoption d'une loi électorale garantissant la saine représentation, et ce avant les prochaines élections.
« Concernant la stabilité sécuritaire, sa première condition est l'unité nationale. Nous sommes tous conscients des défis pressants auxquels nous sommes confrontés et de la nécessité d'y faire face d'une manière implacable, par le biais de notre unité, de notre ouverture les uns sur les autres et de notre acceptation par chacun de l'opinion et des croyances de l'autre. C'est ainsi que nous préservons les affluents de notre force et que nous colmatons les brèches dont pourrait suinter le poison de la discorde, de la dispersion, de la tension et du chaos.
« Le Liban, qui marche entre les mines, est toujours à l'abri du brasier qui brûle autour de lui dans la région. Empêcher que la moindre étincelle ne l'atteigne reste la priorité ; d'où la nécessité de l'éloigner des conflits extérieurs, dans le respect du pacte de la Ligue des États arabes, surtout l'article 8 de ce dernier, avec l'adoption d'une politique étrangère indépendante, fondée sur l'intérêt supérieur du Liban et le respect du droit international, afin que la patrie demeure un espace de paix, de stabilité et de rencontre.
« Concernant le conflit avec Israël, nous n'épargnerons aucun effort ni aucune résistance afin de libérer ce qui reste comme territoires libanais occupés et de protéger notre patrie d'un ennemi qui continue de convoiter notre territoire, notre eau et nos richesses naturelles.
« Nous traiterons avec le terrorisme d'une manière préventive, dissuasive et agressive jusqu'à son éradication, tout comme il nous faut régler la question des déplacés syriens en assurant leur retour rapide et en œuvrant pour que les camps et les rassemblements de déplacés ne se transforment pas en îlots sécuritaires. Le tout en coordination avec les États et les autorités concernées, et en coopération responsable avec l'Onu, dont le Liban a contribué à la fondation et dont il s'est engagé à respecter les pactes dans le préambule de sa Constitution. Nous assurons qu'aucune solution en Syrie ne peut être établie sans garantir et sans commencer par le retour des déplacés. Quant aux Palestiniens, nous luttons toujours pour consolider et mettre en application leur droit au retour.
« La stabilité sécuritaire n'est possible qu'en coordination totale avec les institutions sécuritaires et la justice. La sécurité et la justice sont liées par des missions complémentaires. Le devoir du pouvoir est de les libérer du suivisme politique et de contrôler leurs excès, pour que le citoyen soit rassuré quant à la ligne de conduite et que l'État recouvre sa magnificence et son prestige. »

Obsession et priorité
« Quant au projet de consolidation de l'armée et de développement de ses capacités, cela sera mon obsession et ma priorité, pour que l'armée devienne capable de dissuader tout genre d'agressions contre notre patrie, et pour qu'elle soit le gardien de son territoire, protégeant son indépendance et préservant sa souveraineté », a poursuivi le président Aoun.
« Reste la stabilité économique et sociale. Les situations économique, sociale, financière, sanitaire, environnementale et éducative traversent des crises successives, sinon permanentes, pour de multiples raisons extérieures et intérieures. Si nous n'avons aucun pouvoir sur les raisons extérieures et que nous ne pouvons qu'en limiter les effets, les raisons intérieures nous imposent d'adopter un style de changement pour y trouver des solutions. Cela passe par une réforme économique fondée sur la planification et la coordination entre les ministères, et la réduction dans les différentes administrations de l'État. Il n'est pas possible de continuer sans plan économique global basé sur des plans sectoriels. L'État sans planification ne saurait être édifié correctement, et l'État sans société civile ne peut être construit.
« L'investissement des ressources naturelles dans des projets productifs permet d'agrandir le volume de l'économie libre, fondé sur l'initiative individuelle et l'association du secteur privé au secteur public, dans le cadre d'une vision financière réfléchie et développée.
« De plus, l'investissement dans les ressources humaines, et tout particulièrement dans le secteur de l'éducation, de l'enseignement et de la connaissance, permet de construire des générations sur lesquelles il est possible de compter pour garantir l'avenir du Liban auquel nous aspirons tous. La richesse fondamentale du Liban est dans ses hommes, répartis aux quatre coins du monde, ses hommes auquels nous devons d'assurer la continuité du message du Liban et de sa diffusion ; elle est également dans ses hommes qui résident au pays et qui ont le droit de vivre dans un environnement politique sain et dans un environnement naturel propre. »

Partenariat national réel
« Quant à la décentralisation administrative, avec ce qu'elle recèle comme souplesse et dynamisme dans le fait d'assurer les besoins et les services des gens, et dans sa préservation de la spécificité au sein de la formule de la convivialité ; elle doit être un axe fondamental, non seulement par souci d'application du document d'entente nationale ou en harmonie avec la nature du Liban, mais aussi de concert avec le développement des régimes dans le monde, a noté le président Aoun.
« Cette réforme socio-économique ne peut réussir qu'en jetant les bases d'un régime de transparence, à travers l'adoption du corpus légal permettant de protéger de la corruption, la nomination d'une instance pour lutter contre cette dernière et la dynamisation et la capacitation des organismes de contrôle.
« Le plus important reste, pour les Libanais, le fait de se rassurer les uns les autres et d'être rassurés vis-à-vis de leur État en tant que gardien pour eux et en tant que garant de leurs droits et de leurs besoins. Le président de la République doit être, dans ce cadre, le garant de la sûreté et de la tranquillité.
« Telles sont les grandes lignes de mon mandat présidentiel. J'espère sincèrement que ce sera un mandat au cours duquel un saut qualitatif sera réalisé pour ce qui est de jeter les bases d'un partenariat national réel à différents niveaux de l'État et des pouvoirs constitutionnels, d'initier un redressement économique qui mette fin à la régression, de veiller à la sûreté de la justice et du pouvoir judiciaire, ce qui permettra d'ouvrir la voie à l'édification de l'État-citoyen, une fois que chaque composante aura été rassurée quant à son présent, son avenir et son destin au Liban.
« Certains diront peut-être que nous avons tardé dans la réalisation de ce dont nous avons rêvé et pour lequel nous nous sommes battus, ce pour quoi des êtres qui nous sont chers ont été dispersés aux quatre coins du globe ou sont tombés, martyrs, blessés, prisonniers ou disparus. Cependant, je suis pleinement confiant que tous les Libanais, quoique conscients que la route est dure et longue, ont la fierté, la volonté et le courage de réaliser ensemble ce à quoi nous avons dédié toute notre vie : le Liban fort et uni pour tous ses fils, le Liban de la liberté et de la dignité, de la souveraineté et de l'indépendance, de la stabilité et de la prospérité, du pacte et du message. »

Voici le texte intégral du discours d'investiture prononcé par le président de la République, Michel Aoun, après avoir prêté le serment constitutionnel :« Je m'étais promis de me contenter de ma prestation de serment en cas d'élection à la présidence de la République, d'autant que le serment de loyauté à la nation, dont la Constitution énonce le texte littéral, représente un...

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