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Liban - présidentielle

Faut-il s’attendre à des « miracles » après l’élection de Aoun ?

L'élection du président de la République, prévue lundi prochain, aura sans conteste un impact positif sur la situation générale dans le pays, notamment au niveau de la réactivation des principales institutions étatiques et constitutionnelles. Il reste que des observateurs estiment qu'il ne faudrait pas s'attendre à des « miracles » rapides en raison des prérogatives réduites du chef de l'État.

Hady Rached, auteur d’une recherche sur « la sauvegarde de la République ».

Les Libanais ne se font plus d'illusions, du moins une grande majorité d'entre eux qui n'espèrent pas grand-chose après l'élection du président de la République qui aura très probablement lieu lundi prochain.
Selon une étude rendue publique par la société Stat-Ipsos qui vient d'effectuer un sondage d'opinion sur l'ensemble du territoire libanais, 50 % des personnes interrogées estiment que « rien ne changera » après l'élection du 31 octobre. Citée par la LBCI, l'étude montre que 26 % des citoyens ont été jusqu'à dire que « la situation va même empirer ».

Qu'en est-il réellement ? L'arrivée escomptée du chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, à la tête de la première magistrature pourra-t-elle revivifier le paysage politique qui n'a cessé de ternir et de décevoir jour après jour ? Les prérogatives accordées par la Constitution au président de la République et le contexte de son élection l'habilitent-il à aller au-delà du texte et à faire rêver les citoyens qui aspirent à des changements profonds dans la gestion du pays ?

Attendue depuis près de deux ans et demi déjà après une vacance éhontée qui a été dénoncée à cor et à cri aux quatre coins du pays, l'élection présidentielle va assurément mettre un terme au mal du vide qui s'était confortablement installé dans la culture et la praxis politiques. Elle permettra en outre de relancer des mécanismes importants au niveau de la vie publique, notamment la réactivation du Conseil supérieur de défense que préside le chef de l'État, la nomination des ambassadeurs, les nominations administratives et sécuritaires, etc. et, surtout, la formation d'un gouvernement.

Même s'il ne faut pas s'attendre à des « miracles », l'élection du président aura pour le moins épargné au pays des risques encore plus importants, estime un ancien commis de l'État. Interrogé par L'OLJ, ce dernier se dit toutefois « pessimiste » quant à un espoir de changement quelconque au niveau des rouages des institutions encore moins de la gestion de la vie publique, non pas tant à cause des prérogatives relativement réduites du chef de l'État mais à cause des « équilibres » politiques et communautaires en place depuis Taëf.

 

(Lire aussi : Les derniers éléments de la scénographie parlementaire du 31 octobre se mettent en place)

 

Professeur de droit et auteur d'une recherche constitutionnelle intitulée Pour un sauvetage de la République, Hady Rached pense au contraire que l'avènement d'un Michel Aoun, premier président depuis Taëf à être soutenu par un bloc parlementaire aussi important, « constituera le moteur qui va déclencher le mécanisme institutionnel, à commencer par la formation d'un gouvernement ».

« C'est une première depuis les accords de Taëf, à savoir l'élection d'un président qui est soutenu par un bloc parlementaire substantiel qui va activement participer aux consultations parlementaires pour la désignation d'un président du Conseil, mais aussi à la nomination des ministres, estime le juriste. Il s'agit d'une nouveauté au niveau du régime puisque le nouveau chef de l'État pourra désormais s'appuyer sur une base populaire et sur un bloc au Parlement qui va lui insuffler une dose certaine de pouvoir afin de préparer les législatives à venir. »

À la question de savoir que peut faire le nouveau président sachant que le pouvoir exécutif est détenu principalement par le Conseil ministres réuni et le chef du gouvernement, M. Rached répond : « Celui qui gouverne effectivement est celui qui détient un bloc parlementaire important. C'est ce qui avait manqué à tous les autres présidents. »
Tout en partageant l'idée que la « force » du président sera assurément renflouée cette fois-ci par la présence d'assises populaires importantes qui sont en sa faveur, le haut fonctionnaire de l'État considère toutefois qu'« il ne faudra pas s'attendre à des changements majeurs ».

 

(Lire aussi : Satisfaction et soulagement à Paris, et conseils des « amis du Liban »)

 

« Le président de la République est aujourd'hui démuni », dit-il, en expliquant que la situation n'est en rien comparable à celle qui avait prévalu du temps de l'ancien chef d'État Émile Lahoud, par exemple, qui durant son mandat a réussi à s'imposer un tant soit peu sur la scène politique.
« S'il a eu son mot à dire à l'époque, c'est bien parce que M. Lahoud tirait sa force du soutien externe dont il bénéficiait et non de son statut », poursuit la source, en allusion à la présence des forces syriennes au Liban qui soutenaient, de facto, le président qu'ils avaient eux-mêmes parachuté au palais de Baabda.

Quand bien même Michel Aoun l'aurait voulu, il « ne pourra pas accroître ses prérogatives et son pouvoir. Il ne pourra pas non plus débloquer le fonctionnement du système dans son ensemble », dit la source en substance. « Nous sommes en présence d'équilibres délicats. Les parties attachées à Taëf ne le laisseront pas faire. Jaloux des prérogatives acquises notamment par le Premier ministre, ils ne voudront en aucun cas rétablir l'équilibre entre les trois pouvoirs communautaires ( sunnite, chiite, chrétien) en concédant au chef de l'État un renforcement quelconque de ses prérogatives ou même d'un pouvoir de facto additionnel. »
La source a estimé que durant les consultations parlementaires en vue de la désignation du président du Conseil, le chef de l'État sert « uniquement de boîte à lettres, ni plus ni moins. Sa compétence est liée », dit-il.

Pour Hady Rached, la compétence d'un chef d'État fort d'un bloc parlementaire de 22 députés, n'est pas aussi liée qu'on le croit puisqu'« avec ses 22 députés, le chef de l'État aura certainement son mot à dire et pourra faire pencher la balance ».
Le président aura-t-il, comme certains l'espèrent, une certaine ascendance sur le Hezbollah, notamment au sujet de son implication en Syrie, sachant que l'entente conclue entre Michel Aoun et Saad Hariri s'est faite sur la base d'un engagement en faveur de la distanciation du Liban par rapport aux crises régionales ?
À cela le juriste répond : « Celui qui gouverne au Liban est celui qui a le contrôle du terrain et non celui qui est assis dans son fauteuil présidentiel. Cette théorie s'est avérée vérifiée depuis 2008, le terrain étant depuis aux mains du Hezbollah, une force politique qui contrôle la situation depuis le retrait des Syriens du Liban. »

 

 

 

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Les Libanais ne se font plus d'illusions, du moins une grande majorité d'entre eux qui n'espèrent pas grand-chose après l'élection du président de la République qui aura très probablement lieu lundi prochain.Selon une étude rendue publique par la société Stat-Ipsos qui vient d'effectuer un sondage d'opinion sur l'ensemble du territoire libanais, 50 % des personnes interrogées estiment...

commentaires (4)

Par ce néant politique prodigué donc si "libéraleMent!" par les (h)Amerz-Orangés, leur conduite leur fait même perdre le peu de dons qu’ils avaient pu recevoir ; maybe(h) ; de mère-nature. C’est surtout ça qui est le plus pathétique ! Mais mieux vaut en rire qu’en pleurer….

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

18 h 29, le 29 octobre 2016

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Commentaires (4)

  • Par ce néant politique prodigué donc si "libéraleMent!" par les (h)Amerz-Orangés, leur conduite leur fait même perdre le peu de dons qu’ils avaient pu recevoir ; maybe(h) ; de mère-nature. C’est surtout ça qui est le plus pathétique ! Mais mieux vaut en rire qu’en pleurer….

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    18 h 29, le 29 octobre 2016

  • généralement l'histoire ,nous apprends ...que les miracles... c'est toujours avant ...et les réalités de la vie toujours après.......! ;-)

    M.V.

    12 h 54, le 29 octobre 2016

  • L,INCERTITUDE S,INSTALLERA... NON A CAUSE DU GENERALISSIME MAIS DE SES EX FAUX ALLIES ET DE LEURS SALLET EL TINE... NE POUVANT PLUS JOUER LA CARTE CHRETIENNE ET DIRE QUE AOUN BOYCOTTAIT TOUT... COMME MENTIONNE DANS L,ARTICLE DE MADAME HADDAD... ILS VONT S,ACHARNER A Y TROUVER UN PARAVENT SUNNITE... AVEC CETTE IMPOSSIBILITE, LES BOYCOTTAGES ET LES ULTIMATUMS EXCLUSIVEMENT CHIITES CETTE FOIS-CI REPRENDRONT DE PLUS BELLE... QUITTE A METTRE TOUT EN DANGER...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 27, le 29 octobre 2016

  • depuis 2005, michel aoun et ses ministres ont ete aux commandes a travers different ministeres. Et ce n'est pas d'echecs et de deceptions qu'on peut parler mais de mensonges. pour faire marcher un pays ou une entreprise, on met en place ceux qui ont reussi, et meme cela n'est pas un gage de reussite. Alors comment peut-on s'attendre a ce que les choses s'amliorent quand on met une equipe qui a echoue sur toute la ligne, depuis 2005 au moins.

    George Khoury

    09 h 57, le 29 octobre 2016

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