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Liban - Hommage à René Chamussy

L’écoute fut sa langue maternelle

Je devais lui écrire en arabe pour lui dire qu'il est bien de chez nous, qu'il a vécu ce que nous avons vécu de peur, de tristesse, d'hésitations, mais aussi de tranquillité, de joie et d'affirmation.
Ce Libanais né à Lyon avait le don d'un guérisseur par l'écoute. Tous ceux qui ont débarqué chez lui un jour, c'est-à-dire tout le monde, sortaient guéris ou presque, comme si un léger voile transparent les couvrait. Lui disait quelques mots, posait quelques questions, mais son regard et son écoute faisaient le reste.
L'écoute fut peut-être sa langue maternelle, alors que toutes les autres lui étaient accessibles notamment celles du cœur.
Le mot qui lui va le mieux, je l'empreinte de l'arabe, c'est « al-rahaf », « al-murhaf » c'est-à-dire celui qui n'a jamais oublié d'être sur la pointe des pieds, à chaque heure, dans toutes les occasions. C'est par ce « rahaf » qu'il a su visiter discrètement le plus profond de tous ceux qui l'ont connu.
C'est un peu la fraîcheur de cet enfant qui trouve dans les oiseaux sur les fils électriques des notes de musique, ou bien la finesse de cette fillette au chapeau de paille qui trouve dans les belles cerises les lignes tracées à la main de son papa-peintre, ou bien le poète qui voyait dans sa maman « l'amour aux dents de dragées »...
Au début, c'étaient les mardis, puis les mardis et les jeudis, ensuite les sept jours de la semaine. Il remplissait notre monde, il le faisait.
« Al-rahaf » a-t-il le droit de se fatiguer ? De nous délaisser sans papillons, ni oiseaux, ni musique, ni rêve ? « Comment mourir quand on peut encore rêver ? » À quoi bon apprendre les langues ?

 

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