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Liban - Réfugiés

Insan et son école redonnent espoir aux enfants

Rentrée scolaire le 6 octobre à l'établissement de Sed el-Bauchrieh pour de petits élèves syriens et irakiens.

Les plus petits travaillent leur anglais avec l’aide de leur maîtresse.


Il est 9h40. La sonnerie annonce la récréation. Retentissent alors des cris d'enfants qui se précipitent dans la cour pour jouer. Lydia Abi Rached, coordinatrice des programmes de l'école de l'association Insan, se presse pour distribuer aux élèves leur collation quotidienne. La scène se déroule dans les locaux de l'institution scolaire de l'ONG, à Sed el-Bauchrieh. Une institution qui a d'abord ouvert ses portes en 2004 pour scolariser les enfants de migrants en situation irrégulière et qui se concentre, depuis la crise syrienne, sur la scolarisation des petits réfugiés. Il faut dire que les demandes d'inscription sont en augmentation constante. Près de 400 élèves y ont déjà été scolarisés.
Cette année, la rentrée a eu lieu le 6 octobre. Pour l'occasion, les institutrices ont décoré les murs des salles de classe de bannières colorées « Welcome to Insan 2016-2017 ». Durant le mois d'août, tout le personnel de l'école a retroussé ses manches pour donner un coup de neuf au bâtiment. Devenu d'un orange éclatant, l'établissement compte plusieurs classes, de la maternelle à la huitième. Les écoliers sont mélangés selon leur niveau, les anciens avec les nouveaux, les plus jeunes et les plus vieux. Ils sont 75 écoliers au total et la majorité d'entre eux provient d'Irak.
À la fin de la récréation, chacun se dirige en rang vers sa salle de classe. La cour se vide et redevient calme soudainement. Dans l'une des classes, les élèves de huitième apprennent une chanson en anglais pour la Journée mondiale du refus de la misère qui sera célébrée le 22 octobre. Un événement auquel ils participeront en partenariat avec l'association Baytna. Ensemble, ils écoutent attentivement la mélodie. Ils lisent et relisent les paroles. Certains les murmurent, comme pour mieux les retenir. Mariam, l'institutrice, leur traduit les paroles. « Il est important de comprendre ce que l'on chante », leur explique-t-elle. Dans la salle d'à côté, seul le bruit des crayons sur les feuilles se fait entendre. Concentrés, des écoliers plus jeunes sont penchés sur un exercice de dessin. Ils relient les chiffres entre eux pour former des personnages de dessins animés. L'un des enfants semble en difficulté. Il n'arrive pas à terminer son exercice. L'institutrice s'approche de lui pour l'aider et l'encourage à continuer. Le garçon sourit avec satisfaction une fois le problème résolu.
L'emploi du temps des élèves est réparti sur la semaine, à raison de quatre heures de cours par jour. Les institutrices viennent du Liban, d'Irak, de Syrie et des États-Unis. La première partie de la matinée est consacrée aux cours de langue. L'accent est surtout mis sur l'arabe et l'anglais. « La plupart des familles ne veulent pas rester au Liban. Elles désirent partir aux États-Unis, au Canada ou en Australie. C'est pourquoi nous tentons de bien préparer les écoliers sur le plan linguistique, dans l'attente de l'obtention de leurs papiers », raconte Mme Abi Rached. La seconde partie de la matinée est réservée aux autres matières. Suivant le programme scolaire officiel, les institutrices leur enseignent les mathématiques, l'éducation civique et la géographie. Des activités plus ludiques sont au programme quelques heures par semaine, telles que le sport ou le théâtre. Les élèves bénéficient également de sessions collectives avec une psychologue.

Une « grande famille »
Au-delà de l'aspect scolaire, l'histoire des élèves est prise en compte. Le professeur de théâtre, Raffi Minas, est syrien. Installé au Liban depuis février, il organise au sein de l'école d'Insan des activités thérapeutiques à travers l'art. L'année passée, M. Minas a demandé aux enfants de recréer leurs derniers souvenirs, avant de quitter leur pays d'origine, sous forme de saynètes. Chaque élève a dirigé la scène et choisi les acteurs parmi ses camarades. « Cela leur permet de partager leurs expériences et d'exprimer leurs émotions », constate-t-il. Pour cette année, il prévoit des activités qui visent à développer l'imagination des enfants et à renforcer la confiance en soi. L'objectif est d'ouvrir des conversations de fond avec eux.
Ce jour-là, une adolescente irakienne prénommée Athra s'apprête à partir en Australie. À l'école depuis deux ans, elle est venue, lors de la pause, remercier ses professeures et dire au revoir à ses amis. « Nous sommes un peu devenus comme une grande famille », dit-elle la voix pleine d'émotions. Les embrassades et les promesses de rester en contact s'enchaînent. À ses côtés se trouve son amie irakienne, Rivadin, une blonde aux grands yeux bleus. Elle est âgée de 13 ans et fréquente l'école depuis un an. « Je n'aime pas m'absenter », affirme-t-elle. Elle souhaite partir un jour aux États-Unis ou au Canada. Cependant, l'école lui tient fortement à cœur. « Je suis très heureuse ici, l'idéal serait de pouvoir emmener l'école avec moi où que j'aille », dit-elle en riant.
La mission de l'ONG est la même depuis dix-sept ans, mais le contexte a changé. « C'est une école à passerelle, précise Charles Nasrallah, le président de l'association. Nous nous adaptons aux besoins des écoliers. » Auparavant, l'école d'Insan accueillait majoritairement des enfants soudanais. Aujourd'hui, ils sont surtout syriens et irakiens. « Nous avons mis en place un programme d'intégration scolaire, il est aujourd'hui plus simple d'inscrire les enfants de migrants grâce aux partenariats que nous avons avec les écoles publiques libanaises », ajoute-t-il. Et lorsque les familles partent à l'étranger, l'association reste en contact avec elles. Le retour est on ne peut plus positif. « Nous recevons beaucoup de remerciements et de lettres émouvantes, constate M. Nasrallah. Cela nous donne pleine satisfaction. »
Certes, les activités de l'association sont liées au financement dont elle dispose. L'école ne peut accueillir que 150 élèves et il reste encore 120 enfants sur la liste d'attente. « Nous ne pouvons pas accueillir tout le monde, déplore Mme Abi Rached. Et pourtant, nous ne voulons pas les laisser dans la rue. » D'ici au mois de novembre, de nouveaux élèves seront acceptés. Cependant, le local commence à se faire trop petit. « L'idéal serait d'ouvrir une seconde école si nous avons assez de fonds », conclut M. Nasrallah. L'objectif étant de garder cet esprit familial et d'accorder un suivi personnalisé à chaque enfant.

Il est 9h40. La sonnerie annonce la récréation. Retentissent alors des cris d'enfants qui se précipitent dans la cour pour jouer. Lydia Abi Rached, coordinatrice des programmes de l'école de l'association Insan, se presse pour distribuer aux élèves leur collation quotidienne. La scène se déroule dans les locaux de l'institution scolaire de l'ONG, à Sed el-Bauchrieh. Une institution qui a...

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