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Économie - Éclairage

L’amertume monte en Égypte avant de nouvelles réformes économiques

Alors que 27,8 % de la population égyptienne vit sous le seuil de pauvreté, le gouvernement compte poursuivre les mesures d'austérité, afin de rassurer les investisseurs.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, lors de l’inauguration d’une usine à Alexandrie en août 2016. Mohammad Samaha/AFP

Saisies de sucre dans les usines, montée en flèche des prix, raréfaction des devises étrangères : la frustration monte chez les Égyptiens et de nouvelles réformes économiques risquent encore de l'aggraver.
Avant le sucre, ce sont le riz, l'huile de cuisine, le lait infantile et les médicaments qui ont commencé à manquer dans les commerces du pays le plus peuplé du Moyen-Orient. Ces pénuries mettent à mal la patience des Égyptiens, que les autorités ont tenté d'apaiser en saisissant des milliers de tonnes de sucre dans des usines de gâteaux et de pâtisseries la semaine dernière. Avec comme objectif de le revendre à moindre prix à la population.
Cette exaspération a trouvé son porte-parole en la personne d'un chauffeur de tuk-tuk qui l'a exprimée dans une vidéo ayant fait le tour d'Internet. Elle est aussi palpable à l'extérieur d'une boulangerie dans le quartier de Maadi au Caire, où la clientèle dénonce la hausse des prix.
Le président Abdel Fattah al-Sissi « devait nous soulager mais il ne l'a pas fait », lance Oum Mahmoud, une femme de ménage. « J'ai voté pour lui. Il ordonne des projets, mais rien pour nous », ajoute-t-elle en faisant référence aux travaux récents d'extension du canal de Suez.
Dans un pays où 27,8 % de la population vit sous le seuil de pauvreté selon les chiffres officiels, et où l'inflation atteint 14 %, la possibilité de manifestations de masse est un motif d'inquiétude pour le gouvernement. Mais, dans l'actuel climat répressif, aucune opposition ne semble en mesure de mener la contestation. Et beaucoup d'Égyptiens sont las de l'instabilité qui a éloigné les touristes et les investisseurs de leur pays.

« Réformes difficiles »
Le président Sissi a récemment prévenu les Égyptiens que le temps était venu de s'atteler à des réformes économiques longtemps ajournées. « Les réformes sont difficiles, mais elles sont inévitables pour sauver la situation économique », a-t-il affirmé le 15 octobre. Elles prévoient notamment de nouvelles réductions des coûteuses subventions publiques -7,9 % des dépenses du gouvernement – allouées entre autres à l'électricité et à l'essence, afin de réduire le déficit budgétaire.
Le Parlement a également adopté en août l'instauration d'une taxe sur la valeur ajoutée, fixée à 13 % pour l'année fiscale 2016-2017, qui remplace une autre taxe sur la vente de 10 %. De telles mesures font partie des conditions liées à l'obtention d'un prêt du FMI de 12 milliards de dollars sur trois ans.
« Ce que le gouvernement essaie de faire ces derniers temps est d'obtenir le prêt du FMI et de bénéficier d'un niveau de financement décent », explique à l'AFP Mohammad Abou Bacha, un économiste de la banque d'investissement EFG Hermes. Il s'agit de « résorber la pénurie de devises étrangères et les anomalies d'évaluation des prix, et de traiter le déséquilibre budgétaire afin de restaurer la macrostabilité ».
L'Égypte a vu ses réserves de dollars fondre ces dernières années, à 19,6 milliards en septembre, soit 50 % de moins qu'en 2011, avant la révolution ayant provoqué la chute du président Hosni Moubarak. Une grande partie de ces sommes a servi à soutenir la livre égyptienne face au billet vert, avec des dévaluations occasionnelles, seul recours pour les importateurs dans un pays où même les produits de première nécessité comme le blé viennent de l'étranger.
Les investisseurs et les bailleurs internationaux réclament depuis des années des mesures d'assainissement, dont la baisse des subventions, malgré leur impact social. Pour tenter d'en atténuer l'impopularité, le gouvernement les a accompagnées d'initiatives comme la saisie de sucre la semaine dernière. Et les autorités ont fustigé les entreprises en les accusant d'entasser des provisions.
Mais cette attitude a « soulevé des inquiétudes dans la communauté des investisseurs », a souligné Menna Shams el-Din, un responsable d'Edita Food Industries. « Toute la gestion de la crise du sucre est très inquiétante pour les investisseurs », juge Ziad Bahaa el-Din, économiste et ancien vice-Premier ministre du gouvernement de transition mis en place après la destitution du président islamiste Mohammad Morsi. Le gouvernement oublie, selon lui, que la crise est aussi provoquée par la hausse du prix du sucre sur le marché mondial et de nouveaux droits de douane.
Comme d'autres économistes, M. Bahaa el-Din ne s'attend cependant pas à des manifestations de masse, malgré un appel à manifester le 11 novembre lancé anonymement sur les réseaux sociaux.

(Source : AFP)

Saisies de sucre dans les usines, montée en flèche des prix, raréfaction des devises étrangères : la frustration monte chez les Égyptiens et de nouvelles réformes économiques risquent encore de l'aggraver.Avant le sucre, ce sont le riz, l'huile de cuisine, le lait infantile et les médicaments qui ont commencé à manquer dans les commerces du pays le plus peuplé du Moyen-Orient. Ces...

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