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Moyen Orient et Monde - France

Ravagée par les flammes, la « Jungle » désertée par les migrants

Selon les autorités françaises, 6 600 personnes ont été prises en charge.

« C’est vraiment aujourd’hui la fin de la Jungle », a déclaré hier la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio. Des zones entières de la « Jungle » de Calais, dans le nord de la France, ont été dévastées par des incendies hier, au troisième jour des opérations d’évacuation, ce qui était le plus grand bidonville de France désormais presque totalement vidé de ses migrants. Philippe Huguen/AFP

C'était le plus grand bidonville de France, où s'entassaient depuis des années des milliers de migrants, face aux côtes anglaises qu'ils rêvaient d'atteindre : de violents incendies ont fini de vider la « Jungle » de Calais de ses habitants hier, au troisième jour des évacuations menées par les autorités. Ces incendies, selon des témoins, ont été allumés par des migrants alors que les derniers cars emmenaient les volontaires au départ vers des centres d'accueil.
« C'est vraiment aujourd'hui la fin de la "Jungle", (...) notre mission est remplie (et) une page se tourne » pour ces migrants qui « vont pouvoir commencer une nouvelle vie » en France, a affirmé la représentante de l'État Fabienne Buccio au cours d'une conférence de presse.
Arrivés au péril de leur vie de différents pays – principalement d'Érythrée, du Soudan et d'Afghanistan –, entre 6 400 et 8 100 migrants vivaient encore en fin de semaine dernière dans les allées boueuses de la « Jungle », dans des conditions d'extrême précarité. Selon Mme Buccio, « au moins 6 600 » personnes auraient été prises en charge dans le cadre de cette opération.
Selon les autorités, « il n'y a plus personne » dans le camp, qui a été investi par les forces de l'ordre. Des reporters de l'AFP ont pu constater que la « Jungle » était pratiquement déserte, beaucoup ayant fui les incendies dans la précipitation.
Il restait néanmoins une centaine de personnes en fin d'après-midi. Dans le nord du campement, Ahmad et Nihas regagnent leur tente, qui n'a pas brûlé. « Cette nuit, on dort ici, assurent ces deux Pakistanais. On veut passer en Grande-Bretagne. C'est là qu'on trouvera du travail. »
Du fait des incendies, les forces de l'ordre ont bloqué les accès les plus faciles à contrôler, interdisant l'entrée à tous ceux (migrants, bénévoles, journalistes) qui voulaient y pénétrer.
Les premières pelleteuses ont commencé à déblayer mardi et le gouvernement veut faire place nette rapidement. « Des moyens plus importants » vont être déployés avec l'objectif de « détruire les habitats à l'abandon », a dit Mme Buccio.
Sur le terrain, les bénévoles s'efforçaient de convaincre les récalcitrants. « On leur dit que c'est le dernier jour, que s'ils ne partent pas la police va les arrêter et les renvoyer dans leur pays », explique Enrika, une bénévole lituanienne de Care for Calais.

Cendres et débris calcinés
Les adultes ont été embarqués dans des autocars à destination de différents centres d'accueil répartis aux quatre coins de la France. Les mineurs, eux, ont été relogés dans un centre d'accueil provisoire après un tri qui a suscité des critiques virulentes de différentes associations. Il manquait des places dans les conteneurs aménagés en dortoirs et certains redoutaient de devoir passer la nuit dehors.
En fin de journée, le campement n'était plus que cendres et débris calcinés : le feu s'est propagé un peu partout, notamment dans l'allée centrale du camp, encore récemment bordée de commerces informels.
Ces incendies sont une « tradition, notamment pour certaines communautés qui mettent le feu à leur habitation au moment de la quitter », a affirmé Mme Buccio. Le même phénomène avait été constaté en mars lors du démantèlement de la zone sud.
« Ils ont organisé le feu en le laissant se propager », accuse toutefois un jeune Soudanais, en écho à des soupçons formulés çà et là sur le terrain.
Il semble que plusieurs feux aient été allumés par des migrants afghans. Quatre d'entre eux ont été interpellés hier. Ces Afghans « sont en colère parce que la "Jungle" est finie et qu'ils n'ont pas réussi à aller en Angleterre », commentait Yones, un Érythréen de 17 ans.
Quelques dizaines de femmes, originaires de la corne de l'Afrique selon une membre des services de l'immigration, accompagnées d'enfants et d'adolescents, ont défilé hier matin dans le camp en criant en anglais « Où sont les droits de l'homme ? » et en brandissant des feuilles de papier où était écrit « We want UK » (« Nous voulons le Royaume-Uni »).

(Source : AFP)

C'était le plus grand bidonville de France, où s'entassaient depuis des années des milliers de migrants, face aux côtes anglaises qu'ils rêvaient d'atteindre : de violents incendies ont fini de vider la « Jungle » de Calais de ses habitants hier, au troisième jour des évacuations menées par les autorités. Ces incendies, selon des témoins, ont été allumés par des migrants alors...

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