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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

Les psychoses, la schizophrénie

« Un homme s'adresse à Dieu, on dit il prie ;
Dieu s'adresse à un homme, on dit il est schizophrène. »

Nous allons aborder la schizophrénie, non pas par la psychiatrie et la psychanalyse mais par beaucoup d'autres approches qui lui ont été consacrées, approches non exhaustives mais qui donnent toute son importance à l'Autre du schizophrène, le destinataire de son délire. Nous verrons dans un second temps la clinique de la schizophrénie
Cet aphorisme de Thomas Szasz (1920-2012), psychiatre et psychanalyste américain, auteur d'une grande œuvre qui démystifie la psychiatrie, indique bien qu'on ne peut aborder la schizophrénie comme n'importe quelle maladie, organique ou psychique. On y voit bien que la schizophrénie dépend du milieu qui l'entoure, familial ou social.
Le schizophrène ressemble à un voyageur qui débarque dans un pays étranger dont il ne connaît pas la langue, sans passeport ni carte d'identité. Il cherche à établir un contact avec l'autre, mais cet autre ne le comprend pas. Or, de la réaction de cet autre dépend en partie l'évolution du schizophrène.

Le terme schizophrénie (du grec slehizein : fendre, et phrên : l'esprit), signifie l'esprit fendu, ou l'esprit dédoublé. Le terme a été introduit par le psychiatre Eugen Bleuler (1857- 1939) en 1911. Bleuler était le médecin-chef du Burghölzli, une clinique renommée à Zurich qui accueillait beaucoup de psychotiques, et où Carl Gustav Jung fut son assistant.
Médicalement, le terme désigne une série de délires chroniques rangés auparavant dans la catégorie de la « démence précoce ». Ce nom était justifié aux yeux des psychiatres, car le schizophrène évoluait vers une détérioration dont l'allure était « démentielle ». Mais cette démence ne doit pas être confondue avec la démence au sens neurologique du terme. Le concept introduit par Bleuler a été largement accepté par les psychiatres et les psychanalystes parce qu'il désigne un clivage, une dissociation du psychisme qui frappe d'emblée l'observateur. Comme pour la paranoïa, Freud n'a pas fait d'analyse majeure d'un cas de schizophrénie. Aussi les psychanalystes après lui ont-ils essayé de comprendre ce qui constitue le fond de cette psychose et de l'aborder avec le support de la théorie analytique.

Beaucoup de « pionniers » de cette terre inconnue se sont aventurés dans des cures que les antipsychiatres anglais Ronald Laing (1927-1989) et David Cooper (1931-1986), deux psychiatres anglais analysés par Winnicott, n'ont pas hésité à comparer à un voyage. En Grande-Bretagne, dans les années soixante, R. Laing et D. Cooper ont créé un lieu de vie pour les psychotiques. Cette initiative a inauguré le mouvement antipsychiatrique, dont le but est de rendre leur liberté aux fous internés dans les asiles. Non pas seulement dans un souci humanitaire, mais surtout pour les accompagner, s'ils le veulent, dans ce voyage Intérieur qu'est la folie.
Malgré leur opposition à l'asile et à la médicalisation de la schizophrénie, Laing et Cooper n'ont pas hésité à employer les médicaments psychotropes dans des cas graves de psychose. Ainsi, lorsqu'un patient s'opposait aux médicaments, prenant à défaut Cooper lui-même, ce dernier lui disait : « Prenez ce médicament pour que l'on continue de parler ensemble. » Il indiquait par là que le médicament n'était pas le but, mais le moyen pour maintenir le dialogue entre le patient et les autres.

À la suite de Freud, qui a renversé complètement la perspective psychiatrique en considérant le délire non pas comme le processus « morbide » lui-même mais plutôt comme un retour vers le monde extérieur, une tentative de renouer avec les autres, Winnicott a beaucoup insisté sur les chances d'une guérison spontanée chez le schizophrène, ce qu'il estime pratiquement impossible dans les névroses.
Bruno Bettelheim (1903-1990) dirigea en 1944, aux États-Unis, L'école orthogénique de Chicago. Il fut déporté à Dachau puis à Buchenwald, où il remarqua que beaucoup de stéréotypies, considérées comme symptômes de la schizophrénie, étaient dues au « concentrationnisme ». Il en déduit que la détérioration des enfants psychotiques était surtout liée aux conditions de leur hospitalisation dans les asiles, les stéréotypies propres à l'enfant autiste pouvant disparaître dans d'autres conditions d'accueil.
Nous continuerons la prochaine fois à présenter les différentes approches de la schizophrénie.


 

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