Près d’un million et demi de comprimés de Captagon saisis dans le toit d’un camion

Entre un million et un million et demi de comprimés de Captagon ont été saisis hier au port de Tripoli par le service des douanes, à bord d'un camion en partance pour le port de Aqaba en Jordanie.

Selon une source informée contactée par L'Orient-Le Jour, la marchandise était destinée au marché saoudien et devait reprendre la mer depuis le port de Aqaba jusqu'en Arabie saoudite. Elle était cachée dans le toit d'un camion frigorifique immatriculé en Syrie qui transportait des pommes de terre. Comme une soixantaine d'autres camions transportant des fruits et légumes ou d'autres marchandises, ce camion se préparait à embarquer à bord d'un ferry. « Mais il a été repéré par le scanner qui avait été réparé il y a tout juste une dizaine de jours. » Ce scanner était en panne depuis plus de trois mois. En juillet dernier, le directeur du port de Tripoli, Ahmad Tamer, avait même invité l'administration des douanes à le réparer. Il fonctionne aujourd'hui avec quelques ratés, selon nos informations.

Pour en revenir au camion, « la cache installée dans le toit était mal adaptée à l'ensemble de la carrosserie. Ce qui a attisé les soupçons des douaniers », a poursuivi la source, précisant que cette cache couvrait une surface de trois mètres carrés. Résultat, le chauffeur du camion, de nationalité libanaise, a été arrêté et la brigade des stupéfiants s'est saisie de l'enquête, en coopération avec la justice. Révélant l'affaire, le ministère des Finances a expliqué dans un communiqué que le camion avait d'abord quitté le territoire libanais en direction de la Syrie. Il avait ensuite repassé la frontière en sens inverse, pour se rendre au port de Tripoli, où il a été intercepté par les douaniers.

(Pour mémoire : Saisie de 504 kg de Captagon au port de Beyrouth)

Des saisies en baisse
Près de 7 millions de comprimés de Captagon ont été saisis en 2016 au Liban, à Beyrouth, dans la Békaa et à Tripoli, apprend-on de source informée. Un chiffre nettement inférieur aux saisies précédentes. En effet, le chef de la brigade des stupéfiants au sein des Forces de sécurité intérieure, le général Ghassan Chamseddine, avait indiqué qu'en 2014 et 2015, 66 millions de comprimés au total avaient été saisis. Sachant que les saisies ne représentent qu'une infime partie du trafic, 20 % au grand maximum.

« Cette baisse des saisies s'explique par la grande prudence des trafiquants, vu la vigilance des autorités, note la source. Ils privilégient désormais la qualité par rapport à la quantité, redoublant d'ingéniosité pour cacher la cargaison. » Et d'observer que les trafiquants ne peuvent plus cacher leur marchandise dans des caches traditionnelles, rapidement démasquées (comme les chaudières ou les extincteurs), mais rangent les comprimés de Captagon dans des sachets, à l'intérieur d'appareils électroménagers, comme des lave-linges, des sorbetières ou autres, et même dans des onduleurs (UPS). « C'est la raison pour laquelle les quantités sont moins importantes, mais bien mieux cachées », fait-elle remarquer. Les saisies n'en demeurent pas moins substantielles comme celle de ce camion transportant des patates, récemment précédée d'une saisie de 800 000 comprimés et de plusieurs petites prises.

La preuve que le pays du Cèdre est plus que jamais une plaque tournante du trafic de cette amphétamine qui alimente l'économie de guerre, communément appelée désormais « drogue de Daech ».

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