Chanel prêt-à-porter printemps-été 2017.
Dès le carton d'invitation, donc, les deux C entrelacés annonçaient la couleur, puisqu'ils étaient réalisés en fibre optique. Tout le reste sera donc à l'avenant, à commencer par le Grand Palais, lieu fétiche des défilés Chanel, entièrement revêtu de panneaux techniques imitant l'intérieur d'un ordinateur géant dans lequel les fils électriques connectés évoquent la palette et les matières de la nouvelle collection. Dans ce curieux centre de données, l'information arrive sous la forme de deux mannequins casqués à la Daft Punk et gantés de moufles rigides empruntées au gentil robot de la Cité des sciences. Les modèles présentés n'ont rien de futuriste puisqu'il s'agit de deux classiques tailleurs en tweed, l'un blanc, l'autre noir, signature de la marque. Mais, si le contraste, dans ce cas, est créé pour attirer l'attention, on garde les yeux grands ouverts pour la suite. On ne sera pas déçu : la déferlante 80's du printemps-été 2017 éclabousse déjà la collection Chanel avec des coloris et des imprimés d'« une grande force visuelle » (donc voyants) et des épaules de boxeuses (on n'y échappera pas). Accessoire privilégié de la marque depuis quelques saisons, la casquette, agrémentée de l'emblématique camélia, se porte sur le côté pour la touche hip-hop. La bande-son est d'époque, avec la voix de Donna Summer qui retentit sur I Feel Love. Autosuggestion? Une vague d'amour s'élève sous la verrière la plus célèbre de Paris. Pendant ce temps a lieu le cambriolage de l'année dont la victime n'est autre que Kim Kardashian, ce qui fait que sa sœur Kendall Jenner qui défile pour Chanel depuis quelques saisons est absente à l'habillage, et sa mère, Kris, laisse un trou inquiétant au premier rang.
Pour une citadine énergique
Mais le « Data center » Chanel n'est pas en panne pour autant. Le défilé continue, adressé à une citadine énergique, en quête de confort, mais sans concession sur le style. Aux pieds, elle porte des souliers en daim blancs à velcros, à semelle en caoutchouc. Des scratchs servent aussi à fermer sa veste de tailleur, pour ne pas perdre de temps avec les boutons. En guise de sac, elle porte une petite minaudière robot.
L'inspiration électronique se retrouve sur de longues robes légères et plissées aux imprimés de faisceaux lumineux multicolores, pour un effet psychédélique. Ou sur des vestes et des robes flottantes aux imprimés néons. Les tweeds multicolores conjuguent fils de caoutchouc et bandes vinyles.
Mais la collection se fait aussi très charnelle quand les dessous prennent le dessus, avec des tons rose et couleur chair, des déshabillés et des robes nuisette délicates en dentelles.
« C'est ce que j'appelle l'"intimate technology" », commente Karl Lagerfel en coulisses après le show.
« Une vision du monde »
Le créateur, dont les défilés se tiennent toujours dans des décors spectaculaires – aéroport, casino, jardin zen, salon de couture –, explique son choix d'un centre de traitement des données.
« Ce n'est pas une rétrospective, c'est une vision du monde actuel, nous dépendons tous de cela, imaginez votre vie sans le téléphone... Le prochain pas, c'est l'intelligence artificielle et les robots », souligne-t-il.
Les acteurs Lily-Rose Depp, Anna Mouglalis et Gaspard Ulliel, égéries de la maison, étaient parmi les célébrités présentes au défilé, de même que la chanteuse Courtney Love et sa fille Frances Bean Cobain, ainsi que le rappeur américain Usher.
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