L’Égypte lance un appel d’offres record pour l’achat de gaz liquéfié

L'Égypte a lancé dimanche un important appel d'offres pour l'achat de gaz naturel liquéfié (GNL), alors que se réunissaient au Caire les responsables des grandes entreprises énergétiques mondiales. Des compagnies qui ne semblent pas découragées par de nouvelles règles allongeant les délais de paiement.
Après des mois de spéculation et d'attente, la compagnie étatique Egas a dévoilé dimanche les détails de cet appel d'offres, qui concerne 96 cargaisons de GNL en 2017 et 2018, selon les propos confiés par des participants à Reuters. Quelque 12 cargos supplémentaires sont inclus dans l'appel d'offres, mais Egas pourrait décider de ne pas les attribuer, selon eux.
C'est l'appel d'offres sur le GNL le plus important jamais émis au monde, d'après des sources commerciales.
L'Égypte a enregistré la plus forte croissance de demande en GNL l'année dernière, ce qui a permis de soutenir les marchés mondiaux du gaz.
Autrefois exportateur de GNL, le pays est devenu un importateur net de gaz lorsque les prix sur les marchés spot ont chuté. La production de gaz de l'Égypte s'élève actuellement à 120 millions de mètres cubes par jour, alors que la consommation est à 150 millions de m3 par jour, a indiqué dimanche le ministre égyptien du Pétrole Tarek el-Molla, lors d'un sommet sur l'investissement au Moyen-Orient organisé par Reuters.
L'Égypte continue d'acheter du gaz tant que le nouveau gisement offshore de Zohr n'est pas exploité. Plusieurs entreprises de courtage en matières premières se sont ainsi fait concurrence pour répondre à la demande de l'Égypte en gaz.

Difficultés de paiement
Mais la dégradation financière de l'Égypte a entamé l'enthousiasme initial des fournisseurs qui s'inquiètent des difficultés de paiement du pays, dans un contexte de pénurie de dollars.
Selon les dernières conditions de l'offre, les fournisseurs de GNL peuvent attendre jusqu'à 6 mois après la livraison pour être payé, selon deux sources proches du dossier.
Lors d'une réunion avec les fournisseurs ce mois-ci, l'Égypte a discuté de l'extension du délai de paiement à une période de 120 à 180 jours après livraison, afin de donner au pays une plus grande marge de manœuvre. « Je sais qu'un arrangement sur un paiement sous 180 jours après livraison a été conclu au Caire il y a deux semaines, et ce pour tous les produits. Ceci est un indicateur de la situation actuelle de l'Égypte », a dit une source commerciale. Les transporteurs de GNL avaient précédemment été payés 90 jours après livraison.
Dans ce contexte, les firmes pourraient y penser à deux fois avant de s'engager à approvisionner l'Égypte, qui les exposerait à un risque de défaut de paiement. Cependant, l'appel d'offres pourrait attirer une forte participation étant donné la faible demande actuelle pour le GNL.

Autosuffisance
Selon des chiffres fournis par M. Molla, la facture d'importation des GNL cette année est à 3 milliards de dollars. Cette facture a fortement augmenté en octobre après que la compagnie saoudienne Saudi Aramco ait interrompu les livraisons de pétrole. L'Arabie saoudite avait passé un accord en avril avec l'Égypte pour la fourniture, sur cinq ans, de 700 000 tonnes de produits pétroliers par mois, pour une valeur de plus de 20 milliards de dollars. Les raisons de l'interruption des livraisons saoudiennes sont encore inconnues.
Pour inverser cette tendance, Le Caire compte accélérer le développement de l'exploration gazière, dans le but d'atteindre la suffisance énergétique d'ici à 2020-2021.
L'exploitation du Zohr, découvert par la compagnie italienne Eni en août 2015, devrait commencer l'année prochaine. Zohr est le gisement de gaz le plus important de la Méditerranée, avec un potentiel estimé à 850 milliards de mètres cubes. Le gisement de BP au nord d'Alexandrie devrait également commencer la production l'année prochaine, ce qui va stimuler davantage la demande en gaz.
« Eni va commencer par produire 28 millions de m3 par jour à partir de Zohr à la fin de 2017 et la production de BP sera d'environ 13 millions de m3 par jour », a précisé M. Molla.
« Nous avons toujours pour objectif d'atteindre une production de gaz de plus de 215 millions de mètres cubes en 2020-2021, ce qui nous permettrait d'atteindre l'autosuffisance. »
Zohr devrait produire de 70 à 85 millions de mètres cubes par jour quand il atteindra son pic de production en 2019.
« L'OLJ » avec Reuters